Dans un concerto à quatre mains, les architectes Pierre Deru et François Dewez ont insufflé une seconde vie à cette ancienne maison ouvrière datant des années 30. Avec Bruxelles à ses pieds, et un jardin tout en longueur, cette demeure associe contours minimalistes et beauté des matériaux à une remarquable exploitation des lieux. Un havre de paix à quelques encablures du tumulte de la ville. Pour le tandem de compétences complémentaires, la simplicité des formes requérait le plus grand soin au niveau du détail. L’emploi des matériaux écologiques, les méthodes de récupération d’énergie, d’eau, et l’utilisation des techniques artisanales, comme la charpente en nid-d’abeilles, demeuraient par excellence le premier instrument de mise en scène de la lumière et de l’espace. La clarté naturelle, exploitée de manière ingénieuse au cœur de l’architecture, a guidé le crayon et le concept artistique des deux architectes, et cela de la cave au toit. Une ligne de conduite qui a d’emblée séduit les propriétaires, Pascale et Nicolas.
Comme une coque de bateau 
Le point fort de cette réalisation réside dans l’utilisation d’une technique artisanale développée vers le milieu du 17e siècle par Philibert de l’Orme, architecte bâtisseur de Henri II, roi de France. Il s’agit d’une alternative aux structures classiques de charpente qui permet d’occuper tout l’espace sous toiture habituellement relégué en greniers et autres débarras. Aussi beau qu’ingénieux, ce procédé de charpentes en résille lamellaire losangique rappelle étrangement la coque d’un bateau. À la fois légère et résistante, car les poussées s’exercent uniquement dans le sens de la longueur des planches, cette technique allège la toiture en diminuant la quantité de bois utilisée. Grâce à la disparition des traverses et autres
pièces de charpente, grâce aussi au profil semi-circulaire présenté par ce type de toit, le gain de place atteint 60 %. En outre, cette réalisation a l’avantage de réaffecter des combles sans avoir à surélever des murs porteurs ni à modifier les proportions de façade.
Un toit aux belles performances 
Les combles constituent souvent une surface importante qui demeure inexploitée dans une maison, alors qu’ils présentent un charme indéniable, avec leurs fenêtres ouvrant sur le ciel. Les obstacles à leur aménagement sont en effet nombreux : faible hauteur sous faîtage, angles particuliers, murs parcourus d’installations et de conduits en tout genre… Fermacell a bien compris ce dilemme et a récemment mis au point des plaques dédiées à la transformation de ces espaces en bureau, chambre ou salle de jeu. Constituées de matériaux 100 % naturels (gypse, fibres de cellulose et eau), elles sont complétées par un isolant, offrant des qualités d’isolation phonique et thermique exceptionnelles. Ces plaques permettent en effet de maintenir une température idéale en toutes circonstances : que ce soit pendant les rigueurs de l’hiver ou la canicule estivale. La possibilité de pouvoir
travailler ou se reposer au calme pendant que l’activité de la maison bat son plein à l’étage du dessous est aussi un atout majeur.
Un florilège de matériaux sains 
Soucieux de conserver une constance dans sa démarche écologique, Pierre Deru, en accord avec les propriétaires, a privilégié les matières renouvelables, comme le bois, le liège, le roseau, le lin, l’argile ou la terre crue et d’autres fibres végétales. Généreusement présents, ces matériaux «passeurs d’énergie» ont chacun trouvé une place de choix dans cette écorénovation. Pour l’isolation des murs, des matelas de roseaux d’une épaisseur de 5 cm ont été utilisés, alors que le sol et la toiture en ogive ont été isolés avec du liège; la laine de lin a été employée pour la toiture de l’extension.
Cette maison «bio» use et abuse donc des matériaux qui ne provoquent pas d’allergies, qui ne dégagent pas de solvants nocifs, qui régulent bien l’humidité… En effet, ces éléments naturels gardent leurs propriétés isolantes en présence d’humidité grâce à leur grande capacité hygroscopique (possibilité de stockage et de restitution de l’humidité ambiante). En outre, Pascale et Nicolas ont cultivé leur fibre «écolo» jusque dans le moindre détail en utilisant des enduits intérieurs à l’argile (terre crue) avec une couche de finition naturellement colorée. La peinture à l’argile est d’ailleurs une peinture qui régule l’hygrométrie dans une maison; elle est antistatique et se travaille quasiment sans gouttes ni projections. Dernière touche finale au niveau de la déco, les planchers en châtaignier dont la couleur chaleureuse et douce crée une atmosphère unique.
100 % bioclimatique 
La maison est chauffée par le sol via un système de pompe à chaleur. Comme tout chauffage au sol, ce procédé est légèrement plus onéreux à l’installation qu’un système de chauffage classique. Avec le temps, il s’avère, en revanche, nettement plus intéressant et beaucoup plus écologique. De surcroît, la façade arrière étant exposée plein sud, les propriétaires peuvent profiter gratuitement de la chaleur naturelle grâce à une grande baie vitrée verticale. Cette vaste fenêtre apporte une belle luminosité à la pièce tout en donnant une impression de communion avec l’extérieur.
Des panneaux solaires thermiques installés en toiture permettent également aux propriétaires de couvrir 60 à 70 % de leur consommation annuelle d’eau chaude. La maison est par ailleurs quasiment autonome en eau. Les précipitations sont récoltées dans une citerne existante dont la capacité s’élève à 15000 litres. Une pompe avec filtre redistribue l’eau dans toute la maison, et un filtre en céramique contre les bactéries a été placé dans la cuisine pour la rendre potable. En extrapolant à partir des tarifs en vigueur (qui ne vont évoluer qu’à
la hausse), cet investissement d’environ 2500 € sera récupéré dans cinq ans et, dans vingt ans, il aura permis une économie de 7500 €. En complément, des systèmes d’économie d’eau qui ne réduisent pas le confort ont été installés un peu partout dans la maison : chasse double débit, robinets thermostatiques, pomme de douche avec position économique…
Perspectives de sérénité 
La conception écologique de la maison n’a pas été réalisée au détriment de l’esthétique. Tant au rez-de-chaussée qu’à l’étage, tout dans ce projet tourne autour d’un concept: celui d’un «cocon» chaleureux ouvert sur l’extérieur. Un compromis entre intimité et ouverture qui confirme la maxime Pour vivre heureux, vivons cachés. En été, dès l’aurore, au son des premiers chants du coq, salon, salle à manger et cuisine sont ainsi inondés par la générosité des rayons du soleil levant. À l’étage, le visiteur profite pleinement de la beauté de l’espace. Vaste, distillé, il est cadencé par une abondance de lignes arrondies, épurées et colorées. Perspectives et couleurs, se prêtant merveilleusement à l’objectif du photographe, se faufilent dans tous les sens, dans une dynamique harmonieuse.
Le soin apporté par Pascale et Nicolas à l’aménagement est saisissant! Confortable, contemporain et fonctionnel, le mobilier semble pourtant s’effacer comme s’il voulait ne pas obstruer les lignes maîtresses de cette conception exceptionnelle. De même, la salle de bains reprend cette continuité. Ainsi, la baignoire aux formes arrondies, en okoumé ou multiplex marin, conçue par un artisan belge, est encastrée dans un volume aux lignes fluides.