La GTB, ou gestion technique du bâtiment, est née en France il y a une trentaine d’années, à l’occasion de la construction des tours du quartier de la Défense. À l’époque, il n’était pas question d’économiser l’énergie, mais de superviser ces bâtiments démesurés. Température, débit, pression les centaines de paramètres à contrôler nécessitaient un personnel trop important, courant d’un étage à l’autre pour vérifier que tout allait bien. Avec la GTB, l’information est centralisée, permet à l’équipe d’exploitation de tout contrôler en un seul point et d’être avertie en cas de problèmes.C’est un peu sous la pression d’EDF que les premières applications liées aux économies d’énergie sont apparues, il y a une quinzaine d’années. L’électricité était alors une énergie moins compétitive que d’autres comme le gaz ou le fioul, mais elle était également plus souple à gérer. Les constructeurs se sont donc employés à trouver des solutions pour consommer moins, mais surtout pour consommer « utile ». « Pourtant, cela fait seulement quatre ou cinq ans que la réduction des consommations est devenue l’une des fonctions principales », nous explique Gérard Badard, directeur commercial pour Meta Productique, intégrateur GTB basé à Saint-Étienne (42).Électricité, eau, gaz, fioul, températures ambiantes ou températures des fluides, une GTB bien conçue peut, à partir de l’ensemble de ces données, recueillies par des capteurs et compteurs, détecter où se trouvent les problèmes. Une température trop élevée par rapport aux normes ou une consommation inutile, lors de périodes de vacances par exemple : c’est alors que la GTB entre en action. Il peut s’agir d’une programmation horaire, annuelle ou hebdomadaire qui éteint les équipements ou baisse leurs niveaux de consigne lors des périodes d’inoccupation. Il peut sagir aussi de la fonction délestage qui coupe certains équipements ou abaisse les niveaux de consigne en fonction des tarifications EDF. « La programmation horaire est là pour limiter les consommations. Le délestage va également les réduire, mais son véritable rôle est de diminuer la facture du client », nuance Gérard Badard.Ce qu’il faut, là où il fautLe premier poste d’intervention est le CVC : chauffage, ventilation, climatisation. La régulation est une tâche primordiale des GTB qui surveillent en permanence que la chaleur ou le froid produits correspondent aux besoins de confort dans le bâtiment. On s’est aperçu que l’éclairage était également un gros consommateur d’électricité. Aujourd’hui, si la lumière du jour est suffisante, les lampes inutiles s’éteignent automatiquement ou diminuent d’intensité. Pour aller plus loin, des détecteurs de présence ajustent encore les besoins au strict minimum.Enfin, pour les bâtiments recherchant l’économie maximale, la GTB est capable de piloter tous les équipements de protection solaire. Cette fonction met en adéquation la position des stores ou des brise-soleil avec l’intensité du rayonnement solaire, et ceci afin d’éviter la surchauffe des bâtiments l’été. « C’est une fonctionnalité encore très rare pour l’instant, prévient Gérard Badard. La gestion des stores assure en priorité le confort des occupants plutôt que la limitation de la climatisation. »« Un bâtiment géré par une GTB offre au minimum 20% d’économie par rapport à un état antérieur », estime Christophe Venot, directeur commercial de la société Trilogie qui conçoit, développe et met en oeuvre des systèmes de GTB. Et ce résultat peut encore être amélioré. L’intégrateur évalue ainsi qu’une programmation correcte des plages horaires allège jusquà 10% la facture énergétique annuelle du poste éclairage. « Si on ajoute l’installation d’un détecteur de présence, le gain s’élève à 20% et quand on fait de la gradation en fonction de la luminosité, on gagne 30%. » Une bonne gestion du chauffage (régulation et gestion de l’intermittence) offre une économie moyenne de 20% sur ce poste.Immeubles de bureaux, bâtiments touristiques, surfaces commerciales, établissements d’enseignement ou de santé , la GTB est devenue un réflexe dans de nombreux secteurs et principalement dans les édifices de grande taille. Pourtant, cet équipement a parfois mauvaise presse, car pendant longtemps, certains produits mis en place n’étaient pas bien adaptés au fonctionnement du bâtiment, la GTB nécessitant en effet un personnel formé. Or, une tour du quartier de la Défense, dotée d’une équipe de maintenance, pouvait avoir le même système qu’un petit bâtiment tel un collège, où le personnel change régulièrement. Ce turn-over, allié à la complexité du système, n’incitait pas ces établissements à investir dans de nouvelles formations de personnels et bien souvent, la GTB était mise au placard.La GTB se dématérialiseAfin de pallier ce problème, les professionnels développent des plateformes de services, souvent sous forme de portails internet, offrant la possibilité de diriger les GTB à distance. Selon le contrat de services mis en place, le client peut disposer d’une assistance téléphonique en cas de problème, obtenir un suivi énergétique complet ou même demander à ce que son bâtiment soit entièrement « télégéré ». « Pour les utilisateurs, une telle option est plus sécurisante qu’une formation », explique Christophe Venot.Cette dématérialisation est aussi l’occasion de sortir d’une approche technique, exclusivement réservée au personnel averti. Les idées fleurissent et la GTB se veut aujourd’hui attrayante et ludique. Certains proposent ainsi de valoriser les performances énergétiques ou le bilan carbone de leur parc immobilier. « Pour nous, l’économie d’énergie passe non seulement par l’optimisation du réglage, mais aussi par le changement du comportement des utilisateurs du bâtiment. Un réglage parfait ne sert à rien si les gens ouvrent les fenêtres en hiver », explique Fabrice Haiat, directeur de Vizelia, une entreprise éditrice de logiciels de pilotage immobilier.La sensibilisation peut s’effectuer de plusieurs manières. On peut installer des écrans à l’entrée du bâtiment ou proposer des portails intranet qui affichent en temps réel le volume de consommation énergétique et les anomalies constatées. « Nous donnons une forme un peu ludique à cette démarche, poursuit Fabrice Haiat, en transformant les unités de consommation en mesures qui sont compréhensibles par tous : l’équivalent de la consommation énergétique en nombre de kilomètres parcourus en voiture, le nombre d’arbres qu’il faut planter pour effacer les émissions de CO2 du bâtiment ou le nombre de piscines olympiques que le bâtiment a consommées en matière d’eau Nous misons aussi sur l’esprit de compétition en offrant la possibilité de comparer les performances des étages entre eux. »Dernière évolution en date, une application sur l’iPhone permettant d’accéder facilement à ses données de consommation énergétique. Très tendance finalement, la GTB.