Le bardage bois en pleine expansion

bardage boisUne construction bois appelle naturellement un bardage en bois. Le développement de l’architecture bois dans les années 2000 a donc été un formidable levier pour ce marché sur lequel on trouve aujourd’hui des produits très variés. Massifs, en lamellé–collé, thermotraités ou thermohuilés, naturels, lasurés ou peints… les bardages bois sont aujourd’hui très répandus et la maîtrise d’ouvrage y fait appel même lorsque le bâtiment n’a pas de squelette bois. En effet, cette peau naturelle donnée au bâtiment à structure béton ou métal est devenue très tendance, surtout dans les projets qui se veulent « environnementaux ». Entre 2003 et 2007, les ventes de bardages en bois et dérivés sont passées en France de 2,5 millions de mètres carrés à plus de 4 millions (étude MSI, 2008). Sur un marché global de bardage estimé à environ 23 millions de mètres carrés, cela ne représente que 18 %, mais c’est le bois qui, en quatre ans, a enregistré la progression la plus spectaculaire, bien devant le béton et la terre cuite. Si la crise a certainement ralenti cette ascension, le bois est dans une situation meilleure que bien d’autres matériaux utilisés en façade, comme l’acier ou le cuivre, qui depuis quelques années perdent des parts de marché. Zoom sur un type de bardage bois : le bardage économique.

Le bardage en mode économique

bardage bois

Lancé avec ­l’Alto en 2009, le ­Tremolo est un bardage dit « économique » qui existe en trois essences : pin, douglas et épicéa. Pour son fabricant, les gens ont enfin la possibilité d’avoir un produit bon marché qui sort du traditionnel profil à élégie biaise que tout le monde utilise. (Architecte : Ouali) Photo : Piveteau Bois

«Acheter des bardages économiques c’est acheter des problèmes ! » Pour ­André ­Bunzli, gérant de la société ­Ageka, le verdict est sévère. À l’entendre, le bardage économique équivaut à un bardage bas de gamme en épaisseur, en qualité de bois et en finition. « Chez ­Ageka, nous avons décidé de jouer le jeu de la qualité et de la durabilité et nous ne proposons que du moyenne gamme et du haut de gamme. » Loin de penser comme lui, des fabricants comme ­Piveteau Bois, ­Silverwood ou encore FP Bois ont récemment lancé des produits entrée de gamme. « La qualité des bois est la même pour tous nos bardages, aussi bien nos bardages finis à 40 €/m² HT* que nos bardages classiques ou économiques entre 13 € et 18 €/m² HT, à savoir un choix AB. Nous ne trions pas ! insiste Manel ­Cheour, responsable marketing ­Silverwood. Selon nos critères, un bardage économique est une solution qui ne bénéficie pas de finition et dispose seulement d’une garantie de traitement. » C’est donc là que se joue la différence de prix. Et à ce jeu-là, les bardages traités en autoclave ont toujours représenté la solution la moins chère du marché, indépendamment de toute crise. Pour le premier importateur français de bois du Nord, l’idée de lancer le ­Silverwood Classic traité marron a donc été soufflée par le terrain. « D’autant que ce produit a été lancé sur le marché en septembre 2008, à une période où l’on parlait juste d’un ralentissement de l’activité et pas encore de crise. » Ainsi, notant un engouement important pour les essences exotiques et leur couleur, ­Silverwood a voulu apporter une solution de bois traité en autoclave, mais avec une pigmentation marron pour trancher du traditionnel autoclave vert. Résultat : une solution économique et esthétique déclinée en deux essences (sapin du Nord et pin rouge du Nord) traitées classe 3 ou 4 autoclave marron par pigmentation.

Un matériau accessible à tous

bardage bois

Pour changer des bardages autoclaves verts, ­Silverwood a lancé en septembre 2008 une nouvelle gamme de bardages ­Classic traités marron par pigmentation dans le but d’imiter la couleur chaleureuse du bois exotique. Le très bon rapport qualité/prix est de mise grâce à un choix d’essences européennes telles que le sapin et le pin rouge du Nord.
Photo : Silverwood

De son côté, ­Piveteau Bois a lancé deux nouveaux produits « économiques » en 2009, une période où la crise était déjà bien installée. « Mais s’il est évident, dit Matthieu Foulonneau, responsable d’activité Solutions de structures et de revêtements, que ces produits s’adaptent aussi plus facilement à un pouvoir d’achat des ménages plutôt en berne actuellement, ce n’est pas une raison suffisante sur le long terme pour lancer un produit. » En effet, trois raisons indépendantes du marché actuel ont guidé la création de ces deux produits. Il s’agit de l’utilisation de bois de faible largeur, que la forêt génère de toute façon, mais qui sont moins demandés donc moins chers ; de la volonté d’innover en proposant des motifs nouveaux et plus modernes, notamment pour les architectes ; et enfin de la conviction qu’il faut que le bois devienne un matériau accessible à tous, notamment aux maîtres d’ouvrages publics à faible budget et qu’il peut l’être. La preuve : moins de 25 e TTC/m² pour les profils ­Alto (pin classe 4) et ­Tremolo (pin classe 4, douglas ou épicéa). Chez FP Bois, la démarche d’un bardage économique ne fait pas non plus écho à la situation de crise. Son activité bardage étant relativement jeune, le lancement du ­Lapua en décembre dernier à 21 €/m²** est la suite logique d’un besoin de cohérence de gamme. Après avoir démarré son activité bardage avec le produit très haut de gamme ­Victoria au printemps 2009 puis avec ­l’Ottawa, environ 30 % moins cher que le ­Victoria, FP Bois se devait d’étoffer son offre avec un produit en bois massif encore plus accessible. « Soyons humbles, nous arrivons sur un marché mûr où des produits du niveau tarifaire du ­Lapua existent déjà. Ce produit nous était donc indispensable », reconnaît ­Frédéric ­Doucet, directeur commercial et marketing FP Bois. Mais le prix n’est pas l’unique élément qui a déterminé la création du ­Lapua. Certes, il faut un éventail de prix des plus bas aux plus élevés, mais également des produits techniquement différents. « Le ­Victoria, c’est le pin des Landes ; ­l’Ottawa, c’est de l’eucalyptus en fibres reconstitué ; le ­Lapua, c’est du sapin et nous avons un quatrième produit en Red Cedar. Dans tous les cas, il s’agit de produits qui ont des finitions acryliques microporeuses, mais nous jouons sur les grammages. »

La pyramide des ventes

bardage pin des landes

Avant ses bardages « économiques », FP Bois a d’abord lancé le ­Victoria, un bardage en pin des Landes couleur, sans nœud. Il est en bois massif abouté, ce qui lui confère des caractéristiques haut de gamme.

Au vu de tous ces nouveaux produits économiques, la réaction du marché ne s’est pas fait attendre. Si on craignait, chez ­Silverwood, que l’autoclave à pigmentation marron ne soit qu’une alternative aux produits existants en autoclave vert, la réalité a été toute autre. « Au final, il n’a pas été un produit de substitution, mais a créé son propre marché, se réjouit ­Manel ­Cheour. Ces bardages dits basiques, classiques ou encore économiques représentent vraiment une part de marché extrêmement importante par rapport aux produits finis, car le bois à l’état originel répond à une vraie demande. » Du côté de FP Bois, le constat sera semble-­t-il le même une fois que le ­Lapua aura été testé sur le marché. « Il faut vraiment prendre nos volumes de ventes comme une pyramide. À ce titre, je pense que le ­Lapua remplira la partie basse de celle-ci et devrait donc représenter 40 % de la totalité de notre offre, à savoir le ­Victoria, ­l’Ottawa et le Red Cedar. » La formule fait également recette chez ­Piveteau Bois où les nouveaux profilés économiques ­Tremolo et ­Alto lancés en 2009 rencontrent un franc succès, même s’il faut habituellement un à deux ans pour qu’un bardage commence à se vendre régulièrement, le temps que les projets sortent de terre. « Mais pour ces produits, cela va plus vite que d’habitude, remarque ­Matthieu ­Foulonneau. Nous sentons qu’ils correspondent vraiment à une attente. »