On ne l’écrira jamais assez, l’ITE est la solution phare du moment pour la rénovation de bâtiments énergivores et ce n’est pas ­Rémy ­Pardieu, directeur commercial chez Vinylit qui nous dira le contraire. « Le bardage sur ITE, c’est chez nous de la rénovation à 100%, car dans le neuf, l’isolation est plutôt intégrée dans le système constructif comme une maçonnerie isolante. » Et la rénovation se révèle même un formidable levier de croissance pour le fabricant allemand qui, malgré la crise ambiante, progresse par rapport à des sociétés qui étaient plus axées sur le secteur du neuf. « On assiste à un repositionnement de plusieurs industriels et même des artisans traditionnels qui avaient un peu laissé de côté la rénovation. » Mais faut-il aller jusqu’à souhaiter aux entreprises du secteur que la crise continue ? « Non, quand même pas. Mais il y a un tel retard dans ce domaine qu’il est un peu difficile de vraiment évaluer le marché. » Si le gros démarrage de l’activité de Vinylit et de beaucoup d’autres industriels du bardage a eu lieu vers le deuxième choc pétrolier (1979), donc au début des années 1980, les règles du jeu ne sont plus tout à fait les mêmes. « Aujourd’hui, il y a un choix incomparablement plus vaste au niveau des finitions de parement. Chez Vinylit, nous pouvons reproduire tout ce qui existe comme type de façades (NDLR : enduit, crépis, brique, pierre de taille, moellon bois). » D’ailleurs, chez Vinylit, entre tertiaire et maison individuelle la tendance s’est inversée. « Si, avant, il s’agissait d’une solution de tertiaire, aujourd’hui, notre plus gros marché est la maison individuelle, car l’esthétique du bardage d’imitation y est plus adaptée. » Mais cela n’empêche pas l’entreprise allemande de voir ses produits mis en œuvre sur d’importantes réhabilitations de logements collectifs de type HLM, comme celle effectuée entre 2002 et 2004 au Quartier de La Noue à Montreuil (93) sur plus de 13000m2 (cf. photos ci-dessus). « La façade initiale en éléments de béton préfabriqués et non plans créait des ponts thermiques énormes et une mauvaise évacuation de l’eau. Résultat, des problèmes aux joints provoquaient des infiltrations. » La lame d’air, un plus ? Dans le cas du bardage ventilé, une lame d’air est intercalée entre le parement et l’isolant et pour Rémy Pardieu, il s’agit là d’un avantage thermique non négligeable. « Culturellement, les Allemands préfèrent systématiquement avoir une lame d’air ventilée derrière le parement. En cas de ventilation, le risque de condensation est éliminé, car le surplus d’humidité peut être évacué. D’ailleurs, les thermiciens outre-­Rhin chiffrent le gain thermique à 20%, mais les thermiciens français, eux, ne veulent pas reconnaître la lame d’air ventilée comme un plus thermique. Aussi, en France, certaines constructions la prévoient-­elles et d’autres non, il n’y a pas d’obligation. » À en croire ­Amiri ­Youssef, ingénieur thermicien de la société Enetech, la présence ou non de lame d’air est une question de type d’isolant. « Il est vrai que nous préconisons la lame d’air dans le cas d’isolants naturels de types ouate de cellulose ou fibres de bois. » De son côté, ­Nicolas ­Molle, docteur ingénieur en thermique et créateur de la société Étamine, envisage plus la lame d’air comme une garantie de durabilité de l’ouvrage que comme un gain thermique à proprement parler. « Dans le cas d’une ITE, la thermique du bâtiment est surtout liée au mode de fixation de l’isolant sur le mur. Or, c’est la technique de l’isolation collée qui est la plus performante et non celle avec ossature et, dans ce cas, c’est souvent le système enduit qui est en finition et non un parement. Mais tout ceci est pris en compte dans les calculs thermiques ; il suffit dans le cas d’une ossature rapportée de mettre un peu plus d’isolant. » Gagner du temps à la pose Côté esthétique, le marché est sans arrêt enrichi de nouveaux aspects et les belles années à venir de l’ITE ne feront pas exception. Mais cette vague d’ITE sous-­entend également de faciliter la pose des produits avec « des solutions plus rapides et plus accessibles, confirme ­Rémy ­Pardieu. Les solutions collées sur isolant demandent un vrai savoir-­faire de maçon ou de peintre ravaleur pour bien mettre en œuvre l’enduit. En ce qui concerne le bardage, qui est une solution mécanique moins contraignante, ce sont des couvreurs, des menuisiers, mais également des charpentiers qui mettent en œuvre nos produits. Mais la réalisation est plus longue, ce qui induit un facteur main-­d’œuvre plus important. » Et gagner du temps, c’est justement à cela qu’a voulu répondre Vinylit avec sa dernière innovation : Iso-Element Neolit, un panneau isolant à base de PSE graphité type Neopor (licence BASF) intégrant un lattage pouvant recevoir un bardage. Résultat : « En une opération, l’applicateur installe l’isolant et l’ossature porteuse de bardage. Les ponts thermiques engendrés par une pose classique entre chevrons ou sur patte équerre n’existent donc plus. » Problème thermique réglé. Julie Niel-Villemin Lexique Vêture Une vêture est constituée d’un isolant associé à un parement, assurant la protection de l’isolant et l’esthétique du parement ainsi constitué. La mise en œuvre des éléments s’opère par pose directe sur la structure porteuse verticale (sans lame d’air). Les panneaux sont posés par emboîtement au niveau de l’isolant et par fixation mécanique. Le même panneau peut être posé horizontalement ou verticalement. Les fixations sont invisibles. Vetisol est l’inventeur, en 1983, de cette technique. Bardage Un bardage est constitué d’un isolant, d’une structure porteuse faisant lame d’air et d’un parement assurant la protection de l’isolant et l’esthétique de l’ouvrage. La mise en œuvre des éléments s’opère par pose de l’isolant, puis de la structure porteuse et enfin par des plaques de parement avec un système de fixation propre à chaque parement. Les fixations peuvent être visibles ou invisibles selon le choix architectural. Vêtage Les systèmes posés en bardage (avec lame d’air) peuvent également être appliqués en vêtage (sans lame d’air). Cette technique est particulièrement adaptée dans les travaux de réfection. Les systèmes posés en vêture sont considérés comme vêtage dès lors que la fonction isolante n’est plus requise (Clin 30mm par exemple). Source : Vetisol Nouvelle vie pour des habitants de Rosny-sous-Bois Ce projet de réhabilitation de la résidence « Les Maillards » à Rosny-sous-Bois (93), portait sur 11 bâtiments construits en 1975 et devait s’inscrire dans une démarche environnementale afin d’obtenir la certification du Patrimoine Habitat et Environnement et bénéficier de subventions de l’État, de la Région Île-de-France et du Conseil général de Seine-Saint-Denis. Outre l’amélioration du confort des logements et du cadre de vie des habitants, les travaux devaient permettre de renforcer l’isolation. En effet, ces bâtiments ne bénéficiaient d’aucune isolation intérieure ou extérieure d’où une très forte consommation énergétique due aux importantes déperditions. Le parti pris a été d’isoler l’ensemble des bâtiments par l’extérieur, afin d’éviter tout pont thermique. Sur les façades principales, un isolant en polystyrène ou en laine de verre, d’une épaisseur minimale de 10cm, a été mis en œuvre, puis des panneaux Eternit de 8mm d’épaisseur ont été rapportés sur une ossature en aluminium. Comme une deuxième peau, le bardage extérieur réduit les déperditions d’énergie par les parties courantes, notamment au niveau des planchers où le pont thermique est supprimé. Par ailleurs, l’utilisation du fibres-­ciment présente également de nombreux avantages face aux contraintes incendie. Classés Euroclasse A2,s1-d0 (anciennement M0), les matériaux Eternit, par leur faible masse combustible, répondent aux contraintes des réglementations incendies relatives au C+D. Pour ­Pascale ­Guilbert, de l’agence Architecture Lanctuit, « le choix des techniques et des matériaux mis en œuvre a été conditionné par la volonté d’offrir d’une part un véritable confort aux locataires, mais également une nouvelle élégance aux bâtiments. La sélection s’est naturellement orientée vers les panneaux en ciment renforcé Eternit, tant pour leurs performances techniques que pour leurs qualités esthétiques. En effet, l’aspect brut et naturel correspondait parfaitement à la recherche de modernité qui a conduit ce projet ; par sa matière et sa profondeur, il a permis de redonner vie à ces bâtiments et contribué de façon majeure à leur intégration dans l’environnement. De plus, sa pérennité et sa coloration dans la masse, sa résistance et son traitement hydrofuge en font un matériau particulièrement adapté à ce type de réhabilitation ».