La basilique Notre-Dame de Fourvière, que l’on doit à l’architecte ­Pierre ­Bossan et dont la première pierre fut posée en 1872 – le chantier fut achevé en 1896 –, mélange le style mauresque avec le néobyzantin, le néogothique et le néoroman. L’édifice est inscrit à l’Inventaire des MH et se situe dans le périmètre classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Une première tranche de travaux a déjà permis de restaurer la belle tour lanterne de la chapelle Sainte-­Marie (voir Atrium Construction no 36). À présent, c’est à la toiture de la basilique elle-­même que les spécialistes apportent leur secours.

Des problèmes structurels sérieux
Les ardoises d’origine avaient un recouvrement qui avait été sous-­estimé, et des infiltrations d’eau se sont produites. En atteignant la charpente métallique, de type riveté-­boulonné, elles l’ont oxydée. Les pieds de fermes ont également été oxydés. Les dilatations thermiques de la charpente se sont reportées directement sur les parois : le mur nord avait été repoussé de dix centimètres sur toute sa longueur, et le mur sud sur une vingtaine de centimètres. Les chevrons menaçaient carrément de tomber ! Évidemment, de tels mouvements structurels avaient entraîné une désolidarisation des différents éléments de la toiture, créant même des fissures, même si celles-ci – heureusement ! – sont encore modestes, sur les pignons, les voûtes et les murs de refend.

Le choix de restauration
Afin de faire cesser de tels désordres et de restaurer cette partie de l’édifice dans les règles de l’art, le chantier consiste à refaire complètement la couverture pour lui assurer enfin une étanchéité efficace, et à améliorer la charpente en la repeignant et la consolidant, notamment en reconstituant des platines de glissement. La ventilation sera également améliorée, pour limiter les variations thermiques, ou en tout cas pour éviter les spectaculaires amplitudes que l’on observait auparavant. Les ardoises d’origine sont d’une taille inhabituelle de 105cm × 105cm. À présent, on les remplace par des ardoises (d’origine espagnole) de 115cm × 115cm en conservant le même pureau. Le poids de chaque ardoise avoisine les 40 kg… et il y en a 1200 à placer ! Maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre ont fait appel à ­Comabi pour imaginer et mettre en place un échafaudage capable de répondre à des contraintes particulièrement originales.

Répartition des points d’ancrage de l’échafaudage
La particularité de cette intervention, au niveau de la conception de l’échafaudage, tient aux zones de pression : en effet, il a été nécessaire de choisir avec grand soin les points où il était possible de faire porter les charges. Par exemple, il est impossible de prendre appui sur les dômes, car ils sont réalisés en béton extrêmement mince. Il a donc fallu concevoir des portées plus importantes, entièrement réalisées à l’aide d’échafaudages de type Multidirectionnel, capables de résister à des poids importants. Les ingénieurs de ­Comabi ont ainsi prévu des systèmes de circulation particulièrement pertinents : tout d’abord, une plateforme extérieure, accessible grâce à un monte-­charge, qui permet l’alimentation du chantier en matériaux. Ensuite, un très vaste platelage intérieur, couvrant près de 1400m², formant un plancher permettant aux restaurateurs de travailler sur la charpente. Enfin, au-dessous, un réseau de longues coursives basses au niveau des pieds de fermes. Le tout repose sur les murs, en longueur. Près de 50 tonnes de matériels ont été posés pour cette opération.

Pour une bonne sécurisation du chantier
Il ne fut pas aisé, au début, de déterminer le mode opératoire : comment réaliser efficacement et sans danger un chantier aussi exposé et très sollicité par le vent et les averses ? La première idée, qui consistait à mettre en place un grand parapluie, fut vite abandonnée à cause des conditions atmosphériques et de l’éventuel risque d’arrachement. Il fut alors décidé de construire ce platelage sous la charpente, dont l’avantage est de sécuriser entièrement les lieux et de pouvoir travailler en tranchée ouverte sur les toitures. Au final, on obtient une ingénieuse technique de remplacement des ardoises avec des protections pour les ouvriers, un système qui avance au fur et à mesure du déroulement de la restauration. Du beau travail, qui démontre une fois encore combien l’examen attentif préalable du site, le diagnostic architectural et la pertinence des ingénieurs doivent se compléter pour apporter une solution qualitativement irréprochable aux problèmes, toujours différents, posés par les chantiers patrimoniaux.

S. V.

Les acteurs du chantier
 Maîtrise d’ouvrage : Fondation Fourvière (Lyon)
 Maîtrise d’œuvre : Philippe Allart, architecte du Patrimoine (Lyon)
 Maçonnerie/taille de pierre : Éts Comte (Champdieu)
 Échafaudages : Comabi (groupe Zarges Tubesca)
 Budget global toiture et tours : 3,5 millions d’euros