Greenpeace a publié le résultat de deux années d’enquête dans le secteur forestier amazonien, au Brésil. Il y est montré comment les acteurs du secteur, exploitants forestiers ou scieries, détournent le système de contrôle brésilien pour blanchir du bois coupé illégalement et lui procurer des papiers attestant de sa pseudo-légalité. La France est le second marché à l’exportation pour ce bois, derrière les ûtats-Unis. L’exploitation forestière illégale est généralisée en Amazonie brésilienne. Après des années de baisse, la déforestation y est repartie à la hausse : + 28 % sur un an. L’exploitation illégale du bois en est la première étape. En France, ces produits sont vendus sous forme de parquet, terrasse, caillebotis, etc. « Les importateurs ont l’obligation de vérifier la légalité du bois acheté. Dans un pays à risque comme le Brésil, on ne peut pas se contenter des documents officiels. Nos investigations démontrent que le bois d’Amazonie brésilienne vendu en France est à très haut risque d’illégalité, explique Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêt pour Greenpeace France. Les importateurs doivent maîtriser leur chaîne d’approvisionnement et exclure les fournisseurs douteux ou impliqués par la justice brésilienne. S’ils ne le font pas, la justice française doit les sanctionner. » Depuis le 3 mars 2013, une règlementation est censée être appliquée dans tous les pays de l’Union européenne pour stopper les importations de bois illégal. Pourtant, en France, l’importation de bois illégal et l’absence de procédure dite de « diligence raisonnée » (de vérification de la légalité du bois) ne sont toujours pas sanctionnées. Greenpeace demande que la loi d’application française en cours de discussion au parlement permette à la justice française de statuer en établissant un régime de sanctions dissuasives pour les contrevenants. Un système de fraude très élaboré pour blanchir le bois illégal L’enquête de Greenpeace s’est concentrée sur l’Etat du Para, principal producteur et exportateur de bois amazonien. Selon l’institut de recherche Imazon, près de 78 % des surfaces forestières exploitées le sont illégalement. Dans cinq études de cas détaillés, Greenpeace a analysé tout le processus de blanchiment depuis la concession d’origine, de l’arbre coupé jusqu’au bois scié et exporté. Les exploitants surestiment les volumes de bois commercialisables sur leurs concessions, obtenant ainsi des quotas de coupe légaux mais fictifs, qui sont ensuite revendus sur le marché noir du blanchiment de bois illégal. Ces quotas offrent ainsi une légalité de façade à du bois extrait de zones protégées, terres indigènes, ou d’autres zones non autorisées. Le procureur fédéral de l’Etat du Para vient de lancer des investigations mettant en cause nombre d’acteurs du secteur et confirmant les recherches de Greenpeace. « Ces fraudes systématiques montrent que le système de contrôle en place au Brésil est totalement défaillant. Si l’administration brésilienne et les importateurs continuent cyniquement de fermer les yeux sur ces fraudes, les enquêtes ponctuelles de la justice brésilienne seront impuissantes à réformer le système. » explique Jérôme Frignet.