Tests de comportement parasismique d'une charpente bois à FCBA Bordeaux.  Photo : FCBA Depuis le 24 octobre 2010, la France dispose d’une nouvelle réglementation parasismique, entérinée par la parution au Journal Officiel de deux décrets sur le nouveau zonage sismique national et d’un arrêté fixant les règles de construction parasismique à utiliser sur le territoire. À compter du 1er mai 2011, ces textes permettent l’application des nouvelles règles Eurocode 8 « Calcul des structures pour leur résistance aux séismes ». La journée technique « Risque sismique et construction bois » a réuni un large panel d’experts qui ont présenté le nouveau cadre normatif ainsi que l’avancement des travaux de recherche dans le domaine de la sismicité. Cadre normatif Décret n° 2010-1254 du 22 octobre 2010 relatif à la prévention du risque sismique Décret n° 2010-1255 du 22 octobre 2010 portant sur la délimitation des zones de sismicité du territoire français Arrêté du 22 octobre 2010 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux bâtiments de la classe dite « à risque normal » zonage sismique en France

Extension des zones sismiques réglementées

Le territoire national est divisé en zones de sismicité graduées de 1 (zone de très faible aléa) à 5 (zone d’aléa fort). La réglementation s’applique dans les zones de sismicité 2, 3, 4 et 5. À la différence de l’ancienne réglementation, le zonage est fondé sur un découpage communal et non plus cantonal. De « nouvelles » régions sismiques apparaissent sur la carte : le Nord et le Grand-Ouest. Plus de 21 000 communes se retrouvent désormais en zone sismique réglementée, ce qui correspond à 60 % des communes françaises, contre 14 % dans l’ancien zonage. « Ce nouveau découpage ne signifie pas un accroissement de la sismicité en France, mais une meilleure connaissance de l’aléa », a précisé Hiromi Kobayashi, chargée de mission « Risque sismique » au ministère de l’Écologie.

« Mieux vaut prévenir que guérir »

Selon Victor Davidovici, expert internationalement reconnu dans le domaine de la construction parasismique qui a présidé la journée technique, il est possible de limiter les conséquences des phéno-mènes sismiques en appliquant certaines règles à la construction : capacité à absorber l’énergie du séisme, ancrage au sol et traitement des assemblages sont autant d’outils efficaces. Ainsi, par exemple, dans le cas des bâtiments à ossatures métalliques ou bois, au niveau des fondations, il est essentiel de solidariser les points d’appui entre eux. En passant en revue de nombreux exemples de séismes à travers le monde, Victor Davidovici a rappelé que le calcul doit être global, c’est-à-dire fait par rapport à tout le bâtiment et non pas séparément, à ses différentes parties, comme, par exemple, les murs maçonnés et la charpente bois.

Recherches en cours En ce qui concerne la recherche dans le domaine du comportement parasismique des constructions bois, deux études sont menées actuellement par FCBA en partenariat avec le CSTB : Sisbat et Sismob, respectivement sur la charpente en bois et le mur à ossature bois. Leur but ? Améliorer la connaissance et la fiabilité des ouvrages à un moindre coût. En attendant leurs résultats définitifs, les professionnels ont déjà à disposition les règles CPMI (Construction Parasismique Maison Individuelle) pour la conception et la réalisation de bâtiments courants érigés en zones sismiques, a rappelé Ménad Chenaf, chef de la division Ingénierie de la sécurité et technologies associées au CSTB. La phase amont prend son temps Quelles seront les conséquences de cette nouvelle réglementation sur la façon de travailler des entreprises ? « Cela dépendra des entreprises, du type de structure – mixte ou non – et même du type de bâtiment puisque les exigences différeront selon les constructions, dit Jean-Michel Guellier, responsable au bureau d’études de l’entreprise CMBP (28). Quoi qu’il en soit, le risque sismique doit être considéré en amont, au stade de l’avant-projet. De fait, de nouveaux calculs vont être nécessaires et augmenter les délais d’étude. Les maîtres d’œuvre doivent prendre conscience de l’importance de ce travail en amont et de la nécessité d’un travail global sur la structure. En outre, cette prise en compte du risque sismique qui correspond à l’Eurocode 8 va nous inciter à passer enfin aux calculs Eurocode pour nos dimensionnements courants. » Selon Jean-Michel Guellier, la structure bois est une solution efficace face au risque sismique et peut parfaitement répondre aux exigences de la nouvelle réglementation : « Nos structures sont assez bien contreventées – voile travaillant ou structures triangulées par exemple – et tout à fait aptes à encaisser des efforts sismiques. Ceci est dû notamment aux assemblages du bois qui sont plus ductiles que dans d’autres structures. Ces assemblages sont également de bons dissipateurs d’énergie grâce à leur caractéristique élasto-plastique. » En savoir plus Textes réglementaires et Questions/Réponses disponibles sur le site du Plan Séisme : www.planseisme.fr  Plaquette d’information de la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN) du ministère de l’Écologie : « La nouvelle réglementation applicable aux bâtiments » Portail de la prévention des risques majeurs : www.prim.net Bases de données de sismicité historique : www.sisfrance.net  Brochures « Renforcer le bâti existant en zone sismique » et « Prendre en compte le risque sismique pour les bâtiments neufs dès la conception », éditées par l’Agence Qualité Construction, à télécharger sur le site www.qualiteconstruction.com Guide Eurocode du Plan Europe, « Effets du séisme sur les murs de maisons à ossature bois », éd. CSTB