On appelle monomur ou mur à isolation répartie un mur extérieur qui joue simultanément le rôle de structure – il assure la stabilité de la construction – et d’’isolant – il protège du froid grâce à sa forte épaisseur et à son inertie. Si le terme « monomur » s’’applique généralement aux briques de terre cuite alvéolées, ce type d’’élément existe également dans d’’autres matériaux : béton cellulaire et pierre ponce essentiellement, et l’’on parle alors plutôt de blocs. Quel que soit l’’ingrédient utilisé, le principal atout de ces monomurs réside dans le fait que l’’on peut, dans la plupart des cas, se passer d’’un isolant complémentaire tout en répondant aux exigences de la réglementation thermique ; les murs et l’’isolation du bâtiment sont donc réalisés en une seule opération. La finition se limite à un crépi extérieur et à un enduit intérieur de parement. De plus, le traitement des ponts thermiques est naturellement assuré par le matériau sans y adjoindre de rupteurs de ponts thermiques. L’’été, l’’inertie lourde de la structure assure l’’écrêtage des pics de chaleur. Parmi les autres avantages, citons l’’absence de dégagement de COV (composés organiques volatils) et l’’étanchéité à l’’air de la construction, notamment du fait de la finition réalisée avec un enduit au plâtre. Sans être complexe, la technique du monomur induit cependant un mode de pose particulier et reste toutefois plus coûteuse qu’une structure traditionnelle doublée d’’un isolant. Monomur de terre cuite : le plus courant Solidité, durabilité, régulation de l’’hygrométrie, résistance à l’’eau, au feu, au gel et aux rongeurs… la terre cuite présente de nombreuses qualités et ce n’’est pas un hasard si on l’’utilise dans la construction depuis des millénaires. C’’est à la fin des années 1970 que le Centre technique des tuiles et briques met au point, en s’’inspirant de ce qui se fait depuis peu en Allemagne et en Autriche, des briques auto-isolantes qu’on appelle alors briques G (en référence au coefficient G de mesure des déperditions thermiques d’’un mur). Ces briques ont une épaisseur inhabituelle et présentent un très grand nombre d’’alvéoles. Grâce à l’’air qu’’elles contiennent, l’’adjonction d’’un isolant devient inutile, ce qui permet de compenser en partie le surcoût de ce matériau. Leur importante inertie et un déphasage de température d’’une douzaine d’’heures permettent d’’assurer un bon confort d’’été. Depuis, les fabricants ont amélioré les performances du monomur terre cuite par plusieurs procédés. Ils ont augmenté le nombre des alvéoles et réduit l’’épaisseur des parois entre alvéoles. L’’intégration de sciures de bois ou de billes de polystyrène recyclé à l’’intérieur de la pâte a par ailleurs permis de renforcer la porosité des briques et donc leur perméabilité à la vapeur d’’eau. La mise au point d’’un système de maçonnerie à joint mince à base de ciment-colle qui supprime les ponts thermiques des joints épais en mortier constitue un autre progrès. Le temps de montage est également réduit. Enfin, les fabricants proposent désormais toute une gamme de produits complémentaires (briques d’’angle, linteaux, blocs à ébrasement pour fenêtres…) qui permet de monter le mur sans créer de ponts thermiques et d’’en faire un système constructif cohérent et complet. Un potentiel à développer Les blocs de terre cuite utilisés en technique de construction monomur présentent une épaisseur de 30 ou 37,5cm. Certains fabricants ont même lancé des briques de 50 cm pour répondre aux exigences de la RT 2010 ! En France, seulement 6% des maisons individuelles sont actuellement réalisées en blocs de terre cuite selon ce principe. Un chiffre plutôt modeste qui s’’explique par la difficulté à faire changer les habitudes : « Construire en se passant d’’un isolant rapporté constitue une révolution culturelle pour des acteurs du bâtiment à qui on a répété pendant des décennies qu’’il fallait d’’importantes épaisseurs d’’isolation pour garantir le confort thermique, explique Hervé Pétard, responsable développement Briques à la FFTB (Fédération française des tuiles et briques). On a également tendance à considérer que le chantier est plus complexe, ce qui constitue un autre frein, alors qu’’il n’’en est rien, surtout avec la pose à joints minces. » Un impératif cependant : bien réussir la réalisation du premier rang, un point délicat qui conditionne la performance de l’’ensemble. Valorisant et finalement plus rapide, ce type de mise en oeœuvre conquiert progressivement les maçons. Si le monomur terre cuite est doté de nombreuses qualités, le matériau a malgré tout un talon d’’Achille : l’’énergie grise utilisée pour sa fabrication. La cuisson à 1000 degrés pendant plusieurs heures entame sérieusement son bilan écologique. Les fabricants font cependant des efforts depuis quelques années : « La consommation d’’énergie a été réduite de 24 % depuis 2003 et les émissions de CO2 de 54 % ! », précise Hervé Pétard. Côté transports, le maillage des usines de fabrication s’’est resserré et l’’ensemble du territoire est désormais couvert. Monomur de béton cellulaire : léger et facile à poser Outre la terre cuite, on trouve aujourd’’hui plusieurs blocs monomurs à base de bétons allégés. Parmi eux, le béton cellulaire, un matériau très couramment utilisé chez nos voisins allemands. Il est composé de sable siliceux, de ciment, de chaux et de poudre d’’aluminium. Cette dernière provoque avec la chaux une réaction chimique qui génère d’’innombrables bulles d’’air et lui fait augmenter de cinq fois son volume. Cette masse semi-solide est ensuite découpée à la forme voulue puis durcie en autoclave à environ 100 °C. Les blocs ainsi découpés permettent de construire des murs porteurs, mais aussi des cloisons, planchers d’étage, etc. Le principal atout du béton cellulaire réside dans sa grande légèreté, ce qui facilite la mise en œoeuvre et donne la possibilité d’’utiliser de grands formats. Les blocs peuvent être sciés aux dimensions voulues et assemblés par un ciment-colle très fin, ce qui réduit le risque de ponts thermiques. Le matériau est un bon isolant ; les derniers produits sortis présentent un lambda de 0,09 W/m.k. Ainsi, on obtient un U de 0,34 W/m2.K avec un bloc de 25cm et de 0,18 W/m2.K en 50cm d’’épaisseur, et ceci, sans aucune isolation supplémentaire. Si le béton cellulaire est un bon isolant, son inertie thermique est à améliorer. Le matériau est réputé moins résistant aux chocs et à l’’eau. Fortement hygroscopique, il nécessite d’’être recouvert d’’enduits hydrofuges synthétiques. Avec une part de marché de 3% dans la construction en 2008, le béton cellulaire demeure marginal dans notre pays. Cependant, le marché a connu une croissance importante ces dernières années (+ 50% en quatre ans), ce qui laisse présager d’’un bel avenir. Monomur en blocs allégés : encore confidentiel Fabriqués à partir de granulats légers (billes d’’argile expansée, granules de pierre ponce) et de liant à base de ciment, ces blocs moulés sont de bons isolants thermiques (de 0,12 à 0,16) et de bons isolants phoniques. Leur volant thermique est satisfaisant, mais leurs capacités hygroscopiques sont variables en fonction de la nature des granulats et de la proportion de ciment utilisée pour les lier. Avantage de ces produits : leur mise en œoeuvre peut se faire de manière traditionnelle, tel un bloc de béton ordinaire, ou par la technique du joint mince pour les blocs de pierre ponce. Produits naturels et sains, ces blocs présentent cependant l’’inconvénient d’’être issus d’’une ressource limitée et lointaine (pour la pierre ponce) ou de nécessiter beaucoup d’’énergie grise (pour les blocs d’’argile expansée). Leurs prix encore relativement élevés font que leur distribution reste encore confidentielle. Encore plus marginaux, mais présentant néanmoins un intérêt certain, d’’autres types de monomurs émergent aujourd’’hui : le bloc de béton de chanvre avec son excellent pouvoir isolant, le panneau de bois-ciment ou le bloc creux rempli de copeaux de bois et de polystyrène… Les procédés sont variés, mais tous n’’ont pas atteint la maturité industrielle nécessaire à une diffusion de masse. Il faut compter aussi avec la concurrence d’’autres procédés d’’isolation comme l’’ITE qui, selon les cas, peuvent s’’avérer, très compétitifs.