Les musées de France perdent avec elle l’un de leurs grands conservateurs, et une personnalité particulièrement attachante, dynamique et passionnée par son métier. Roseline Bacou, élève agréée de l’Ecole du Louvre en 1949, entra en 1950 comme conservateur au Cabinet des dessins, devenu Département des Arts Graphiques du musée du Louvre. Elle en devint rapidement une grande figure et Michel Laclotte, Président du Louvre, la nomma à la tête de ce Département prestigieux en 1988. Elle consacra sa carrière entière à ses collections, contribuant à leur rayonnement et à leur installation dans le Pavillon de Flore. De très nombreuses publications témoignent aujourd’hui de son éminente qualité de spécialiste des dessins français et italiens, de la Renaissance au 19ème siècle, et de sa connaissance profonde de toutes les écoles européennes. Avec ses collègues des grands Cabinets du monde entier, elle sût bâtir une véritable déontologie de la conservation et de la présentation des dessins. Retirée en 1991 à Villeneuve-les-Avignon, elle se consacra entièrement à la mise en valeur et à l’ouverture au public de l’Abbaye Saint-André que son grand-père Gustave Fayet, déjà propriétaire de l’Abbaye de Fontfroide, peintre et collectionneur, avait acquise en 1916 et offerte à la poétesse Elsa Koeberlé. Héritière de sa passion pour l’art d’Odilon Redon, elle consacra au grand peintre du Symbolisme, d’importants et nombreux ouvrages. Sa thèse publiée en 1956 ainsi que l’exposition qu’elle lui consacra la même année au musée de l’Orangerie restent des références essentielles pour l’artiste. L’exposition organisée au Grand Palais à Paris en 2011 par Rodolphe Rapetti constituait aussi un hommage à Roseline Bacou qui, en qualité d’exécutrice testamentaire d’Arï et Suzanne Redon, avait fait entrer dans les collections nationales la prestigieuse donation que l’on peut admirer au musée d’Orsay. Roseline Bacou était Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Ordre national du Mérite et Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Le ministère de Culture et de la Communication et l’ensemble des musées de France présentent leurs vives condoléances à sa famille et s’associent à l’émotion de la communauté des conservateurs et des historiens d’art qui lui doit tant.