Seule l'application régulière de produits de protection peut éviter de façon durable le vieillissement naturel de l'aspect du bois.  Photo : Plastor   Particulièrement exposées aux intempéries et aux UV du fait de leur positionnement horizontal, les terrasses en bois sont également sollicitées par des passages plus ou moins fréquents des utilisateurs, ce qui les expose également à l’abrasion. Pour ces deux raisons, assurer la durabilité de ce type d’ouvrage est une affaire délicate, beaucoup plus complexe que dans le cas des bois extérieurs posés à la verticale. Si les traitements de préservation et les produits de protection sont souvent les mêmes pour les deux configurations, la terrasse en bois exigera un entretien plus fréquent que la façade en bois.     Les saturateurs protègent le bois des rayons UV et le rendent imperméable.  Photo : Plastor

Préservation : du métal au végétal ?

Depuis quelques années, les traitements de préservation appliqués en autoclave – les plus fréquents sur le marché – ont vu leurs formulations évoluer. La directive Biocides, en vigueur depuis 2006, interdit en effet l’utilisation de l’arséniate de cuivre chromé dans les traitements du bois. Les solutions qui l’ont remplacé sont à base de cuivre ou de bore et ne contiennent ni chrome, ni arsenic. L’utilisation du cuivre modifie l’aspect du bois en lui donnant une teinte verte, mais il existe aussi sur le marché des produits pour autoclave permettant d’obtenir d’autres couleurs (Wolmanit ProColor de Wolman) ou de garder la couleur naturelle du bois (Sarpeco 8 de Sarpap). Cette année, Sarpap a lancé une solution de préservation à base de cuivre classe 4 : Impralit KDS. « Il s’agit d’une extension de gamme, explique ­Nathalie ­Tramond, responsable marketing de l’entreprise. Maintenant, nous sommes en mesure de couvrir l’ensemble des possibilités de traitement sur les classes d’emploi 1 à 4. Notre produit en classe 3b est certifié CTP+, ce qui fait que l’industriel peut offrir des garanties d’utilisation décennales minimales en sachant qu’on arrive aujourd’hui à des performances beaucoup plus importantes. » Peut-on envisager des traitements en autoclave plus écologiques ? Le groupe Berkem, auquel appartient la société Sarpap & Cecil Industriel, s’intéresse de près aux propriétés des végétaux pour les exploiter également dans le domaine de la préservation du bois. « Malheureusement, on n’arrive toujours pas à conférer une durabilité avec des molécules issues du végétal, mais les recherches évoluent dans cette direction, dit ­Nathalie ­Tramond. Notre groupe est engagé sur des projets de ce genre au niveau européen, mais cela prend du temps. » S'ils se passent de traitements de préservation, les bois exotiques ont en revanche besoin de traitements de protection.  Photo : Siplast

Sur mesure ou universelle ?

Les essences dites naturellement durables (ipé, maçaranduba…) n’ont pas besoin d’un traitement de préservation ; en revanche, tous les bois nécessitent une protection appliquée soit sur chantier soit industriellement. « Il y a beaucoup d’amalgames qui sont faits entre la préservation et la protection », dit ­Jacques ­Peronnet, directeur commercial du groupe Durieu, fabricant et concepteur dès 1978 de produits de protection (saturateurs…), d’entretien et de rénovation des bois (dégriseurs, déshuileurs…). « Les traitements de préservation ­­– comme ceux qui sont appliqués en autoclave – évitent les attaques biologiques (champignons, insectes). Les traitements de protection sont destinés à protéger le bois des agressions climatiques (rayons UV, pluie…), afin d’éviter le grisaillement, les fendillements et déformations. » Pour une prescription « sur mesure », le professionnel a l’habitude de poser quelques questions à ses clients. La première, sur l’essence du bois, permet de préciser si le support a besoin ou non d’un traitement de préservation avant la protection. Son environnement (intérieur ou extérieur) et sa situation (positionnement vertical ou horizontal) sont également très importants. Un autre facteur déterminant concerne son état : neuf, gris… « Un bois qui a déjà été exposé aux intempéries est beaucoup plus absorbant, explique ­ Jacques ­Peronnet. Sur du bois neuf, on aura besoin de produits plus “mouillants”, capables de pénétrer dans les pores pour assurer une protection optimale dans le temps. Une préparation soignée du support est toujours indispensable. » Enfin, le type de finition recherché : incolore ou teintée, aspect gris naturel… « Nous offrons différentes solutions, mais il ne faut pas oublier qu’une finition teintée résistera plus longtemps aux UV », rappelle le directeur commercial de Durieu. Spécialiste de produits pour parquet, Plastor a lancé cette année une gamme Terrasse, constituée de quatre produits (nettoyant, dégriseur, huile et saturateur). « Cette diversification était prévue de longue date dans nos projets stratégiques, explique ­Laurence ­Benoit, responsable produits de l’entreprise. La marque Plastor a été relancée par le groupe V33 en 2007 sur son segment principal, le parquet, puis, en 2009, nous avons travaillé sur les colles. C’est donc une suite logique. Dans les prochains mois, nous allons développer l’aspect décoratif de la nouvelle gamme. » Le fabricant a choisi de proposer des produits qui conviennent à tous les types de bois, et non pas des solutions spécifiques aux bois tropicaux ou aux bois européens. « Nous vendons nos produits directement à l’artisan qui est habitué à travailler avec une certaine technologie. Quelle que soit l’essence, il aime bien conserver la même référence. Nous proposons des produits qui adhèrent très bien sur tous les bois, donc cela ne constituait pas de barrière technologique. »

Les grandes eaux à l’affiche deux fois par an

Le DTU 51.4 recommande un nettoyage méticuleux de la terrasse en bois deux fois par an. « Ce nettoyage est impératif car il permet d’éradiquer tout développement de moisissures, toute fixation de pollutions diverses, sources principales de glissance, précise le document. Un platelage non entretenu peut devenir dangereux en cas de stagnation d’eau. Ce nettoyage doit être effectué avec un balai à brosse rigide et à l’eau. Il faut veiller à bien dégager les fonds de rainures, si le platelage en possède. Un nettoyage à haute pression avec une puissance adaptée et une orientation à 90° est admis pour les bois de densité C et D (selon NF B 54 040). »

Vers des solutions hybrides ?

Les industriels proposent des solutions solvantées ou aqueuses pour s’adapter aux souhaits du marché. Les fabricants ne cachent pas que ces nouvelles formulations à l’eau leur ont posé des difficultés de mise au point pour arriver à des protections très performantes. « En termes d’image, il est clair que les produits solvantés ont fait leurs preuves depuis de longues années, mais les phases aqueuses sont en train de trouver leur place, affirme ­Jacques ­Peronnet. Certains professionnels sont encore prudents vis-­à‑vis des produits en phase aqueuse et n’utilisent pas forcément les bons outils. Nous constatons que les habitudes changent avec les nouvelles générations. C’est un phénomène qui avance plus ou moins vite. Potentiellement, tous les produits solvantés ont un équivalent en phase aqueuse, et des avantages existent dans les deux systèmes. La R&D Durieu a “couplé” ces différents avantages et mis au point des solutions hybrides à base d’eau. Tout comme dans l’automobile, l’industrie du revêtement bois évolue. Chez Durieu, nous privilégions une politique d’amélioration continue et de responsabilité sociétale (RSE). »  

Bois composite : exit les idées reçues

Les lames en bois composite ont été pendant longtemps présentées par leurs fabricants comme ne nécessitant pas d’entretien et stables dans le temps aussi bien au niveau de la structure que de l’aspect. Au bout de quelques années d’exploitation de cette famille de produits, l’affirmation s’est révélée fausse. « Les terrasses en bois composite nécessitent un nettoyage régulier avec de l’eau, dit ­Nicolas Tant, gérant de la société Fiberdeck, spécialiste des aménagements extérieurs en bois composite. Les gens pensent que le composite est un produit qui ne change pas de couleur, mais, en réalité, avec le temps, la couleur se délave, perd de son intensité à cause de l’action des UV, et, au bout de quatre ou cinq ans, on peut même s’attendre à voir apparaître des champignons ou points noirs si l’on ne met pas en place un entretien minimal. En Europe, contrairement à ce que l’on peut observer aux États-­Unis, on n’a pas encore de recul par rapport au vieillissement du composite. Bien sûr, ce phénomène n’est pas comparable au vieillissement de lames en bois naturel et varie en fonction de la qualité. Les produits premier prix, en provenance de Chine, avec leurs formulations hasardeuses et des agents anti-UV inexistants présentent rapidement de grosses dépigmentations. Ce n’est pas le cas des produits européens qui sont mieux conçus, mais, même là, on peut avoir de mauvaises surprises. » Depuis peu, certains fabricants de terrasses en bois composite ont changé de tactique et proposent d’emblée des produits d’entretien pour leurs produits. Ce segment de marché se développe également chez les spécialistes de produits de protection pour le bois.