L‘Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) publie les premiers résultats de son Baromètre santé consacré aux consommations de substances psychoactives en milieu professionnel. Aucun secteur n’échappe au phénomène, mais certains secteurs sont plus touchés que d’autres (transports, BTP, hôtellerie, restauration, métiers de la mer, journalistes, militaires, personnels dirigeants, secteur financier, représentants commerciaux…). Les usagers quotidiens d’alcool et de cannabis représentent plus de 10 % des travailleurs de la construction  Les consommations d’alcool, qu’il s’agisse de l’usage quotidien ou des consommations ponctuelles importantes, sont particulièrement fréquentes dans le secteur de la construction (13,4 % d’usage quotidien). Il est également particulièrement touché par les consommations ponctuelles importantes mensuelles (32,7 % dans le secteur de la construction contre 19,2 % parmi l’ensemble des actifs). La consommation actuelle de cannabis s’avère également fréquente dans la construction (13 % de consommateurs dans l’année contre 6,9 % parmi l’ensemble des actifs). Pour ce qui est de l’expérimentation d’autres drogues illicites (cocaïne, ecstasy, poppers, champignons hallucinogènes), le milieu de la construction apparaît plus souvent expérimentateur de cocaïne et de champignons hallucinogènes, tandis que les milieux de la restauration, de l’information/communication, et des arts et spectacles sont particulièrement consommateurs de toutes ces autres drogues (cocaïne, ecstasy, poppers, champignons hallucinogènes). Parmi les produits illicites, le cannabis est la drogue la plus consommée : près de 30 % l’ont déjà expérimenté dans leur vie. Le fait d’avoir consommé du cannabis le matin avant d’aller à son travail concernerait 12 % des usagers actuels, soit environ 1 % des actifs. La prévention collective est l’outil idéal pour réduire les consommations La démarche de prévention collective a pour objectif de réunir l’ensemble des salariés de l’entreprise pour réduire, voire supprimer, les consommations de produits illicites. Elle agit avant le stade d’une éventuelle dépendance, dans un esprit d’accompagnement et de soutien, son effet est durable dans le temps. La question des conduites addictives en entreprise pourra être abordée à l’occasion de l’évaluation des risques professionnels. S’il s’avère que des actions doivent être menées, elles peuvent être incluses dans la prévention globale des risques professionnels ou du moins dans une démarche collective de prévention des conduites addictives. Cette dernière concerne l’entreprise dans son ensemble. Pour atteindre son objectif, cette démarche de prévention collective doit :

  • être portée par la direction ;
  • ne pas être circonscrite à un département, un secteur, ou un service ;
  • ne pas stigmatiser une personne ou une catégorie de personnels ;
  • concerner l’ensemble des salariés de l’entreprise et pas seulement ceux qui sont en difficulté ;
  • mobiliser tous les relais internes de l’entreprise ;
  • faire appel à un intervenant extérieur dont le rôle sera de fédérer les différents acteurs internes pour mener à bien la stratégie et les actions ;
  • requérir de l’endurance dans son élaboration, rendant ainsi ses effets durables. Un tel projet peut nécessiter plusieurs années avant d’être mis en place ;
  • lutter contre le déni collectif et les idées fausses partagées par tous ;
  • obtenir de tous un engagement à respecter la confidentialité des informations partagées au sein des groupes de travail, au- delà du secret médical des médecins du travail.

Le ministère du travail met à la disposition des entreprises un guide complet et pratique de prévention.

Le travail aide cependant à sortir des comportements addictifs Ces chiffres ne doivent pas occulter le fait que l’exercice d’une activité professionnelle reste globalement un facteur de protection des conduites addictives, comparée à la situation de recherche d’emploi. Il apparaît que parmi les 26-54 ans, les chômeurs, sont surconsommateurs de tous les produits comparativement aux actifs occupés et ils accusent, par ailleurs, une dégradation générale de tous les indicateurs de santé (idées suicidaires, épisodes dépressifs…). Au même titre que l’installation en couple ou la naissance du premier enfant, l’entrée dans le monde du travail semble être l’occasion d’un abandon des consommations de substances psychoactives pour une majorité des personnes consommatrices au cours de leur jeunesse.

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