Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’éclairage engendre chaque année dans le monde 1900 millions de tonnes de CO2 , soit près de quatre fois les émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France, et absorbe 19% de la production d’électricité de la planète. Le remplacement des ampoules à incandescence par des lampes «basse consommation» permettrait à la France d’économiser 8 térawatts-heure de consommation d’électricité (soit l’équivalent de deux fois la consommation annuelle d’électricité des habitants de Paris). L’éclairage constituant en partie un usage de pointe de l’électricité, faisant plus fréquemment appel à des moyens thermiques de production (gaz, charbon, fuel…), tous générateurs d’émissions de gaz à effet de serre, un tel remplacement permettrait en outre de réduire les émissions de CO2 de près d’un million de tonnes chaque année. Pourquoi supprimer les lampes à incandescence ? Dans certains secteurs d’activité, comme le secteur tertiaire, l’éclairage représente près de 35% de la facture énergétique. Et dans le secteur résidentiel, la part de l’éclairage est de 9% en France. Parmi les ampoules les plus répandues, on trouve les ampoules à incandescence. Or, l’utilisation de ces ampoules doit être reconsidérée, pour des raisons à la fois énergétiques, écologiques et économiques. En effet, avec une ampoule à incandescence, seuls 5% de l’énergie sont transformés en lumière, le reste étant transformé en chaleur. Ces ampoules ont par ailleurs une durée de vie limitée (environ 1000 heures). Elles ont un coût à l’achat faible, mais elles consomment quatre à cinq fois plus d’énergie qu’une lampe dite « basse consommation », et ont une durée de vie de six à dix fois plus courte (voire quinze fois pour une ampoule « professionnelle »). Au total, le coût d’une ampoule à incandescence est trois à quatre fois plus élevé que celui d’une lampe «basse consommation» ; l’acquisition d’une lampe à économie d’énergie par un ménage lui procure un gain net qui peut aller jusqu’à plusieurs dizaines d’euros sur la durée de vie de l’ampoule ! D’ici 2012, l’ensemble des lampes à incandescence aura totalement disparu de la vente. Depuis le 1er septembre dernier, elles commencent à être retirées du marché et donc de nos linéaires, selon un calendrier très précis imposé par le règlement européen 244/2009, lequel vise à réduire la consommation électrique de chaque foyer de 10 à 15% par an (soit 39TWh : l’équivalent de la consommation annuelle de la Roumanie). Depuis 1982, de nouvelles technologies, plus économes en énergie et plus efficaces, ont vu le jour. Avec leur apparition, les grilles de lecture ont changé et la puissance en watts n’est plus le bon critère d’achat. Par suite, le consommateur est perdu et a toutes les chances de se tromper dans son choix. En sélectionnant une technologie inadaptée à son besoin réel, il risque d’être déçu d’avoir acheté une lampe parfois chère et qui n’offre pas les caractéristiques attendues. Faire les bons choix La première question à se poser est : quel type de lumière souhaite-t-on obtenir ? Côté luminosité, il faut oublier les watts et raisonner en lumens, l’unité de valeur qui indique la quantité de lumière émise par une lampe ; on choisira celle qui se rapproche le plus de la lampe à remplacer. Côté ambiance, on a le choix entre une lumière chaude ou une lumière froide (blanche) ; quelle que soit celle retenue, on évitera de les mixer dans une même pièce, car le rendu risque d’être décevant. Enfin, l’indice de rendu des couleurs (IRC) est un élément essentiel à prendre en compte. L’halogène possède le meilleur, avec 100 (comme la lumière du jour, dont le spectre complet restitue fidèlement à l’œil humain les couleurs). Les fluocompactes et lampes à LED ont des IRC proches de, ou supérieurs à 80 en général, ce qui est très bon. Autre critère à considérer : le lieu à éclairer. Ainsi, dans un couloir ou un escalier, où les allumages et les extinctions sont très fréquents (plus de dix fois par jour), on choisira plutôt un halogène ou une LED, en veillant à ce que l’ampoule fournisse la bonne quantité de lumière (selon le volume de l’endroit à éclairer et les besoins). La fluorescente compacte est quant à elle moins adaptée aux allumages fréquents et instantanés. Dans les pièces de vie, l’halogène haute efficacité amènera la même lumière que l’incandescence traditionnelle. La fluocompacte sera plus utilisée en éclairage général, mais attention au choix de la teinte (ambiance chaude ou froide) ! La lampe à LED est, pour l’instant, plus indiquée pour un éclairage d’ambiance, compte tenu de sa luminosité actuelle (équivalente au plus, aujourd’hui, à une lampe à incandescence de 40W). Pour la cuisine et la salle à manger, on recommande un indice de rendu des couleurs élevé. Dans la chambre et le bureau, en éclairage général (plafonnier ou suspension), l’halogène ou la fluocompacte sont à privilégier pour la quantité de lumière et la luminosité la plus élevée. La lampe à LED s’utilisera davantage pour une lumière d’ambiance, plus tamisée, en complément. Enfin, pour le coin bureau ou la lampe de chevet, les trois technologies conviennent parfaitement. Dans les bâtiments de bureaux, lieux de travail et autres locaux tertiaires, la distinction principale se fait entre les halls et circulations, souvent éclairés en permanence (cas des bâtiments de bureaux par exemple), et les lieux où l’éclairage peut varier en fonction de l’occupation (couloirs d’hôtels). Dans les premiers, l’usage des lampes basse consommation est bien sûr préconisé, et l’on remplacera par ailleurs les ballasts magnétiques par des ballasts électroniques partout où cela est possible. Dans les halls et circulations (y compris les sous-sols) où l’occupation est intermittente, les lampes basse consommation ne sont pas adaptées ; en revanche, il faut installer des minuteurs ou des détecteurs de présence, comme dans les sanitaires d’ailleurs. Quid des LED ? Alors que les lampes fluocompactes se substituent peu à peu aux ampoules classiques, une troisième génération de lampes apparaît, encore plus performante, celle des LED ou diodes électroluminescentes. Petites, robustes et d’une grande efficacité énergétique, les LED représentent un excellent choix environnemental par leur grande faculté à réduire les consommations d’énergie, et donc les émissions de CO2. Elles introduisent une nouvelle forme d’éclairage : des sources miniatures compétitives, alliant design, dynamique des couleurs, efficacité et longévité. Si les LED laissent présager d’un avenir remarquable dans beaucoup d’applications de l’éclairage domestique – elles devraient occuper un tiers du marché à l’horizon 2015 – leurs performances actuelles ne permettent pas leur usage partout. En éclairage public fonctionnel, par exemple, la technologie des LED est aujourd’hui moins satisfaisante, tant sur le plan énergétique qu’économique, que les meilleures installations à lampes classiques. Enfin, quelle que soit la lampe de substitution retenue, il faut avoir le réflexe «recyclage». Les lampes halogènes et à incandescence ne sont pas recyclables et doivent être jetées dans la poubelle des ordures ménagères. Les lampes fluocompactes et les lampes à LED doivent au contraire être recyclées et apportées en déchetterie ou au magasin, où elles sont reprises gratuitement. Frédérique Imbs