93 % des ménages accordent de l’importance à la consommation d’énergie de leur logement. C’est ce qui ressort de l’enquête réalisée par le groupe de travail du Plan Bâtiment Grenelle sur « la sensibilisation des ménages et des entreprises ». Une prise de conscience collective, à laquelle s’ajoute un certain nombre de freins lors du passage à l’acte. Pilotée par Eric Comparat, vice-président de l’Union nationale des associations familiales (UNAF), l’étude du Plan Bâtiment a permis de mieux connaître la perception qu’ont les Français des enjeux de réduction de la consommation d’énergie. 358 ménages ont répondu à cette enquête entre avril et juin 2011. Les résultats ont ensuite été enrichis par les analyses des acteurs du Plan Bâtiment : bailleurs, professionnels de l’immobilier et du bâtiment, fournisseurs de services, habitants… Les femmes plus impliquées que les hommes Si les propriétaires restent les plus concernés par l’amélioration des économies d’énergie (du fait de leur intérêt direct et entier sur le sujet), c’est la totalité des Français qui ressent l’importance de ces enjeux environnementaux. L’étude montre que la plupart des ménages ont d’ores et déjà changé leur attitude vis à vis de la consommation d’énergie : lumière éteinte dans les pièces inoccupées, préférence de la douche au bain… Dans le même ordre, 66 % des ménages disent connaître les montants de leur dépense d’énergie liée au logement. Autre constat : les femmes sont plus sensibilisées aux questions environnementales, au développement durable et aux économies d’énergie. Et les auteurs de l’enquête avancent une explication : « On retrouve, sans aucun doute, la fonction protectrice de la mère, soucieuse du bien-être de ses enfants, de leurs conditions de vie, mais aussi de l’environnement dans lequel ils vivront. »  Enfin, ce sont les ménages des classes moyennes et supérieures qui semblent le plus sensibles à cette problématique, ce qui peut apparaître paradoxal dans la mesure où ce ne sont pas eux qui souffrent en premier de la précarité énergétique. « Les associations, les pouvoirs publics, les travailleurs sociaux ont sans aucun doute un énorme travail à conduire en matière de sensibilisation des ménages, en particulier pour ceux qui sont en situation de précarité énergétique, » conclue le rapport de l’étude. Les freins pour entreprendre des travaux  L’enquête montre par ailleurs que si les ménages ont perçu les intérêts écologiques mais aussi économiques de la réduction de la consommation d’énergie, le passage à l’acte ne s’est pas encore généralisé pour tous les ménages. Les difficultés de financement et le manque de garanties (notamment par rapport aux retours sur investissement) constituent des freins majeurs. Dans un contexte économique difficile, où le moral des ménages est en baisse et où les craintes pour l’avenir sont réelles, la question des charges liées aux dépenses d’énergie des logements est une préoccupation importante des familles, des plus fragiles aux classes moyennes. Près d’un foyer sur deux pense que cela peut les mettre en situation de fragilité à l’avenir. Ils sont près de 62 % chez les locataires, et 40 % chez les propriétaires. Enfin, la valorisation du bien immobilier ou « valeur verte » commence à émerger, mais n’apparaît pas encore aujourd’hui comme un élément déclencheur de l’action de rénovation. Les ménages interrogés rejettent par ailleurs totalement l’idée de dispositifs fondés sur la contrainte et plus d’un ménage sur deux se dit favorable à une politique mêlant contraintes et incitations. Il est intéressant de voir la nette différence entre propriétaires et locataires. Les locataires, qui ne sont pas décideurs, préfèrent à une très large majorité l’introduction de contraintes dans les dispositifs, des contraintes qui seraient opposables aux bailleurs. Les propriétaires, qui sont les seuls décideurs, sont plutôt pour des dispositifs incitatifs à faibles contraintes, tout en étant conscients qu’un peu de contrainte n’est pas forcément négatif pour enclencher le mécanisme décisionnel.