Si les défaillances d’entreprises dans la construction continueront de baisser d’ici la fin de l’année, la capacité d’achat des ménages commencerait à se réduire de 9 m2 dans le neuf en 2017. Coface anticipe une baisse des capacités d’achat de 18 m2 entre 2016 et 2018. Elles seraient alors revenues au niveau de 2012 en seulement deux ans. La reprise actuelle pourrait n’être qu’éphémère en cas d’incertitudes suite à la présidentielle et aux législatives.

En 2017, la construction devrait connaître une nouvelle baisse des défaillances, de -7,7%. Le modèle de prévision de Coface (se basant sur un décalage d’un trimestre entre le mouvement des défaillances et celui de la confiance d’un côté, et un décalage de 4 mois entre les défaillances et la dynamique des taux d’intérêt de l’autre) s’appuie sur la confiance des entreprises du secteur, qui devrait continuer à se restaurer, et sur une remontée graduelle du taux moyen d’emprunt jusqu’à 2% en fin d’année. Un risque à ne pas négliger : ce taux pourrait repartir brutalement à la hausse en cas d’incertitudes accrues.

En 2018, la perte de capacité d’achat de logement pourrait atteindre 18 m²

Si la croissance du secteur semble avérée pour 2017, la remontée des taux pourrait contraindre les perspectives d’achat des ménages en 2018. Dans son scénario principal, Coface table sur une perte de capacité d’achat de 18m² par rapport à 2016, soit une réduction de la surface achetable à 61,1m² qui correspondrait alors au niveau de 2012. Cela résulte de plusieurs phénomènes combinés pour 2018 : une stabilité de la durée des prêts à 17,5 ans, une hausse du revenu réel moyen des ménages de 1,5%, une hausse des prix dans le neuf de 3% et un taux d’intérêt moyen de 3%.

Selon le scénario alternatif, la surface achetable pourrait diminuer davantage à 53,8m², soit le niveau de 2010, suite à une précipitation des acheteurs à profiter des taux encore bas. Dans ce cas, la hausse des prix de 5,5% dans le neuf et un taux moyen de 3,6% affecteraient la croissance de la demande de biens de la part des particuliers, ce qui relancerait une dynamique haussière des défaillances dans le secteur.

Les principales propositions des deux finalistes des présidentielles

Emmanuel MACRON : 
– Choc d’offre pour faire baisser les prix, notamment dans les zones tendues, où le statut d’Opération d’Intérêt National permettra de transférer des communes à l’État la compétence en matière de politique d’urbanisme, notamment l’attribution des permis de construire
– Favoriser la mobilité, notamment pour les jeunes, avec la création d’un bail mobilité professionnelle et la création de 80 000 logements pour les jeunes et étudiants
– Éxonération du paiement de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers qui y sont soumis
– Stabilité des normes : pas de nouvelle norme dans la construction sur l’ensemble du quinquennat.

Marine LE PEN : 
– Renforcement des dispositifs de prêts aidés
– Revalorisation des allocations pour le logement à destination (APL) des jeunes
– Baisse de la taxe d’habitation
– Politique active de vente des logements HLM à leurs locataires avec la fixation d’un objectif de vente de 1 % du parc HLM chaque année (objectif déjà fixé durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy : en 2012, vente de 8 000 logements HLM et construction de 25 000 nouveaux logements HLM). Cet objectif est cependant limité par le périmètre restreint du « parc vendable » et par les difficultés d’accès au crédit des foyers concernés.