énergies renouvelables, perspectives et développement industriel, » c’est sur ce thème que le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a tenu conférence de presse le 26 avril dernier. L’occasion d’interpeller les pouvoirs publics sur l’insuffisance des moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs fixés par la France, et de mettre l’accent sur les grandes priorités du secteur. L’actualité marquée par la crise autour des réacteurs nucléaires de Fukushima et par l’augmentation du prix des combustibles fossiles met en évidence les bénéfices des énergies renouvelables : sources d’énergie locales, inépuisables, sûres et dont le prix est indépendant de celui du baril de pétrole. Pour assurer leur développement, qui doit représenter au moins 23 % du mix énergétique français en 2020, la France doit confirmer les engagements du Grenelle de l’environnement grâce à des dispositions législatives et réglementaires plus volontaires, plus simples et plus stables que celles que nous connaissons aujourd’hui. C’est en tout cas le point de vue du SER.

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables

Six propositions immédiates Augmenter l’objectif du parc photovoltaïque installé en 2020 jusqu’à une puissance de l’ordre de 15 000 MW, tout en permettant de maintenir l’impact sur la facture d’électricité du consommateur à un niveau de l’ordre de 5 % d’ici 2020. Des mesures d’ordre règlementaire pourraient contribuer également au développement du marché photovoltaïque. Renforcer le Fonds Chaleur qui, à la lumière des résultats des deux premières années, devrait disposer d’un budget annuel de 600 M€ correspondant à une contribution supplémentaire de la chaleur renouvelable de 8 Mtep en 2020 pour un coût très faible. Simplifier le cadre administratif de l’éolien avec ses strates Schémas régionaux, ZDE, permis de construire et autorisation ICPE et supprimer l’obligation des 5 mâts minimum. Préparer dès maintenant le 2ème appel d’offres éolien maritime, si l’on veut réellement atteindre les 6 000 MW en 2020. Construire une politique de l’offre dans toutes les filières renouvelables. Se donner impérativement les moyens d’atteindre les objectifs fixés par les lois Grenelle en matière de performance énergétique et de promotion des ENR dans le secteur de l’habitat et du tertiaire.

Des atouts évidents Les énergies renouvelables permettent non seulement de lutter contre le réchauffement climatique mais également de renforcer l’indépendance énergétique. En outre, contrairement à une idée reçue, certaines filières, à l’image de l’hydraulique, de l’éolien terrestre et de la biomasse sont dès aujourd’hui peu coûteuses. L’hydraulique qui a fait l’objet d’investissements importants au siècle dernier est aujourd’hui la source de production d’électricité la plus compétitive. Il en sera de même avec l’éolien dans quelques années lorsque les investissements auront été amortis. Quant à la biomasse, elle permet aujourd’hui une substitution au gaz et au fioul à un coût très faible. D’autres filières, telles que le solaire, ont aujourd’hui des coûts plus élevés mais connaissent de très forts gains de productivité et devraient atteindre la compétitivité dans la décennie. Des obstacles qui freinent les résultats La loi Grenelle a fixé un objectif minimal de 23 % d’énergies renouvelables en 2020. Cette cible, ambitieuse mais réaliste, ne pourra être atteinte que grâce à une politique affirmée de soutien sur plusieurs années. Or, le développement des énergies renouvelables est sans cesse confronté à de nouveaux obstacles. « Les sources de production sont là, les savoir-faire aussi. Il faut aujourd’hui lever les freins, nombreux, qui entravent encore le développement des énergies renouvelables, en particulier les nombreuses et complexes procédures qui s’appliquent à ralentir leur croissance, » a déclaré Jean-Louis Bal, président du Syndicat. Dans le domaine de l’éolien, l’année 2010 a été marquée par une multiplication des contraintes administratives (schémas régionaux spécifiques à l’éolien, procédure ICPE, multiplication par deux de l’imposition liée à l’évolution de la taxe professionnelle, instauration d’un seuil minimum d’éoliennes….) qui ont conduit à l’abandon de nombreux projets. Dans le photovoltaïque, la filière a vécu depuis janvier 2010 plusieurs changements brutaux des tarifs d’achat. Le dernier arrêté tarifaire, pris à la suite d’un moratoire de trois mois, a conduit à la suppression de plusieurs milliers d’emplois dans une filière industrielle qui était en plein essor et alors même que le solaire photovoltaïque est appelé à devenir une source de production d’électricité majeure dans le monde. Enfin, dans la biomasse comme dans les autres filières représentant la chaleur renouvelable (géothermie, solaire thermique…), la mise en place en 2008 d’un fonds dédié, piloté par l’ADEME, a permis de lancer plus de 1 000 projets d’installations de chaleur renouvelable. Il est important, dans un contexte de restrictions budgétaires qui bloque plusieurs projets depuis début 2011, de maintenir un niveau d’aide ambitieux et conforme aux engagements du Grenelle de l’Environnement. Quatre grands chantiers Les professionnels, regroupés au sein du Syndicat des énergies renouvelables, sont prêts à relever le défi que représente la montée en puissance de ces filières industrielles. Le SER s’est ainsi fixé deux grandes priorités : donner les moyens à la France d’atteindre l’objectif de 20 Mtep en 2020. « Si le rythme de croissance des ENR ne s’accélère pas, il manquera 7 Mtep », estiment les industriels, ajoutant même que l’objectif de 23 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique français doit être considéré comme un minimum qu’il faudra dépasser. Pour se donner les moyens de ses ambitions, le Syndicat a listé quatre grands chantiers à ouvrir d’urgence : le photovoltaïque, en reconstruisant durablement la filière ; l’éolien, en libérant le potentiel ; la biomasse, en « transformant » le premier essai ; le secteur des énergies renouvelables appliquées au Bâtiment, en investissant massivement dans la rénovation. « Outre toutes leurs qualités, ces filières constituent de puissants relais de croissance et nous nous engageons, au sein du Syndicat des énergies Renouvelables et en lien avec les collectivités locales, à accompagner leur structuration industrielle, » précise Jean-Louis Bal. A noter que, hors secteur informel de la récolte du bois en forêt, le nombre d’emplois était de 54 800 en 2006 et s’élève fin 2010 à 94 500, augmentation engendrée par la mise en œuvre du Grenelle. En coordonnant soutien des marchés et de l’offre, la France pourrait, selon le SER, viser un niveau d’emplois dans les énergies renouvelables en 2020 du même ordre que celui de l’Allemagne en 2010, soit environ 350 000. www.enr.fr