En lançant un projet, la maîtrise d’’ouvrage doit avoir un objectif clair en matière d’’étanchéité à l’’air afin de pouvoir l’’exprimer dès la phase APS (avant-­projet sommaire) car les enjeux entre une réalisation THPE (très haute performance énergétique), BBC (bâtiment basse consommation) ou passive sont très différents. La connaissance de cet objectif permet de déterminer idéalement les produits à mettre en œoeuvre sur le chantier et leur impact au niveau du coût. Le CCTP (cahier des clauses techniques particulières) inclut alors les bonnes préconisations permettant aux entreprises d’’adapter leur réponse.
L’’étanchéité est d’’abord une question de bon sens et l’’architecte doit vérifier des principes simples comme la continuité du système d’’étanchéité à l’’air autour du volume chauffé. Il faut précisément définir le volume chauffé et pouvoir tirer un trait continu autour sur toutes les coupes du bâtiment. Un exemple courant : le tableau électrique, souvent placé dans un garage ou un cellier en dehors du volume chauffé. Tous les passages électriques constitueront ainsi des risques de passages d’’air. Il faudra alors multiplier les précautions à la mise en œoeuvre. Une conception intelligente plaçant le tableau dans le volume chauffé facilite la mise en œoeuvre et réduit les risques de malfaçon ainsi que les surcoûts.
Réaliser une bonne étanchéité à l’’air sur un bâtiment à ossature bois impose à la fois un choix adapté de produits, une mise en oeœuvre rigoureuse et avant tout une conception incluant ces principes de base. Malheureusement, les architectes, les bureaux d’’études et les entreprises ne sont pas encore tous formés à ces problématiques. La connaissance en est encore parcellaire mais elle se développe. Si l’’équipe idéale composée d’’une maîtrise d’œ’oeuvre et d’entreprises complètement au fait de ces techniques n’’est pas chose courante, les rencontres autour des chantiers avec des acteurs mieux informés que d’’autres suscitent souvent des réunions d’’information et la mise en place de formations indispensables à l’’atteinte de ces exigences nouvelles de construction. D’’ici deux à trois ans, ces méthodes seront mieux connues.
Les industriels élargissent leur « offre produits »
Des gammes entières développées par des industriels des pays germaniques, très en avance sur ces techniques, sont proposées sur le marché français, et, par ailleurs, d’’autres industriels complètent leurs gammes de membranes avec des adhésifs. Le Document technique unifié (DTU) préconisant l’’utilisation du pare-­vapeur, la présence de cette membrane sert de base pour réaliser l’’étanchéité à l’air. Elle a donc deux fonctions : réguler la vapeur d’eau et réaliser l’’étanchéité à l’air. La membrane doit donc être associée à tout le reste du bâti afin d’assurer la continuité du système. Ainsi, une dalle en béton étanche à l’’air sera jointoyée à la membrane, un dormant de menuiserie y sera raccordé, deux membranes seront raccordées entre elles, etc.
Au niveau des parois planes, les pare-­vapeur sont déroulés en respectant un recouvrement réglementaire et assemblés au moyen de bandes adhésives rigides. Afin de limiter les liaisons, les membranes utilisées doivent avoir une grande largeur. Il existe aujourd’’hui des rouleaux couvrant une hauteur d’’étage. Même si les traversées ont été minimisées à la conception, certains conduits de fluides vont être amenés à perforer le plan d’’étanchéité à l’’air. Les bandes adhésives souples, déformables, seront indiquées pour jointoyer autour de passages de formes rondes. Mieux, les gaines traversantes pourront être enfilées au travers de manchons spécifiques en EPDM (éthylène-propylène-diène monomère) qui seront raccordés aisément à la membrane au moyen d’une bande adhésive.
Tous les métiers sont concernés
Chaque entreprise choisira sa formule en arbitrant entre gain de temps à la mise en oeœuvre, coût des matières et multiplication des références sur le chantier (différents diamètres de manchons). Même lorsque l’’étude a permis de placer idéalement le tableau électrique à l’’intérieur du volume chauffé, il faut étancher l’’arrivée principale. Des bouchons de fourreaux électriques comportant des réserves pour câbles sont aujourd’’hui disponibles et permettent à l’’électricien de calfeutrer l’’arrivée électrique dans le tableau.
En cas de raccord de la membrane au béton, maçonnerie minérale ou fibre de bois, l’’application d’’un primaire d’’accroche passé au pinceau s’avérera alors indispensable afin de rendre le support compatible avec la bande adhésive. Il existe également sur le marché des adhésifs dits multibandes, intermédiaires entre adhésifs rigides et adhésifs souples. Produits « passe-­partout » permettant avec une seule référence de résoudre de nombreuses situations, ils constituent souvent un premier pas de l’’entreprise vers la mise en œuvre de solutions plus spécifiques.
La pose de menuiseries performantes ne dispense pas d’’assurer, là encore, la continuité de l’’étanchéité à l’’air. Les solutions existent : pour la pose en applique, la bande adhésive souple ou un pare-­vapeur autoadhésif et, pour la pose en tunnel, un joint de mousse précomprimée imprégnée de résine synthétique sur la largeur du dormant, étanche à l’’eau à l’’extérieur, isolante au milieu et étanche à l’’air à l’’intérieur. L’’offre de produits spécifiques destinés à l’’étanchéité à l’’air se développe, rendant plus aisée sa réalisation par les entreprises.
Ne se fier qu’à la méthode empirique 
Il existe peu de documentations techniques sur ce sujet encore récent sur notre marché hexagonal et en tout état de cause, compte tenu de la complexité de réalisation, seul le test d’’infiltrométrie, indispensable pour prétendre à certains labels de performance énergétique, pourra garantir le résultat. Néanmoins, si une entreprise est en train de mettre en oeœuvre une construction BBC ou passive, elle ne doit pas attendre la fin des travaux pour réaliser ce test. En cours de chantier, à l’’étape « hors d’’eau, hors d’’air » sans les finitions, des tests sommaires doivent lui permettre de localiser les fuites existantes et de les corriger. Ainsi, depuis la conception jusqu’à la livraison, voire après pour contrôler la pérennité du système, tous les acteurs doivent intégrer ces données à leur organisation de travail s’’ils veulent garantir les performances thermiques et la pérennité de la construction en bois au regard des exigences actuelles.
Pour en savoir plus
Cabinet Wigwam Conseil : 02 40 50 30 04 / info@wigwam-conseil.com
Accompagnement des équipes et formation sur l’étanchéité à l’air (www.wigwam-conseil.com)
Les essentiels du bois no 6 – CNDB
Cahier Prebat-Mininfil du Cete de Lyon