Le pôle Alsace Energivie a présenté les résultats de la première étude sur la perception des bâtiments très performants par les consommateurs, réalisée dans le Rhin Supérieur. Cette étude, commandée par le réseau Trion, le réseau trinational sur l’énergie et le climat au niveau du Rhin Supérieur, pilotée par le pôle Alsace Energivie avec l’aide des clusters Strategische Partner fïr des Klimaschutz en Allemagne et i-net Basel Cleantech en Suisse, a été menée auprès de 900 personnes en juin et juillet 2012 par l’institut Decryptis. Elle a concerné 300 personnes en Alsace, 450 en Allemagne et 150 en Suisse. Toutes ces personnes sont des particuliers habitant dans une des trois zones définies, ayant un projet de construction ou de rénovation importante dans les dix ans à venir. En voici les principaux résultats.

Contexte
L’étude a été menée dans le contexte de la normalisation obligatoire de la performance thermique des bâtiments à l’horizon 2020 dans l’Union européenne. La Directive européenne 2010/31/EU adoptée en mai 2010 vise le « zéro énergie », c’est-à-dire une consommation d’énergie quasiment nulle par tous les bâtiments construits après 2020, et ce grâce à la production d’énergie sur le site et/ou à des consommations extrêmement basses. En France, la loi Grenelle 2 indique que tous les nouveaux bâtiments construits à partir de 2020 devront être à énergie positive (Bépos). En Allemagne, le standard le plus élevé est le Plus-Energie-Gebaïde : la consommation d’énergie primaire et finale d’énergie doit être négative. Le standard Passivhaus, sur lequel a porté l’étude en Allemagne, est un label qui, comparé au BBC, économise 75 % d’énergie et 75 % d’émission de CO2. En Suisse, le standard Minergie se décline en versions A et P. Minergie-A correspond à la définition du bâtiment à énergie positive, avec un bilan énergétique neutre et prend également en compte l’énergie grise du bâtiment. Minergie-P se rapproche du Passivhaus.
 
Objectifs
– Aider à orienter l’offre produits et services des professionnels
– Aider à bâtir le discours de communication des professionnels
– Aider les pouvoir publics dans la définition de leurs politiques d’aides et d’accompagnement
– Identifier les besoins d’informations prioritaires
 
Résultats
La vision du logement idéal met en avant la localisation, le coût, la taille et l’orientation des pièces. Les dépenses liées à l’énergie n’arrivent qu’ensuite, critère important pour 54 %, suivi par le confort thermique (42 %) puis la construction avec des matériaux sains (37 %). Il y a une faible conscience du poids du bâtiment dans la consommation d’énergie, alors que celui-ci représente 40 % de la consommation d’énergie et 40 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau européen. 48 % des personnes interrogées considèrent cependant qu’il est important d’agir pour économiser l’énergie. Les bâtiments spécialement conçus pour consommer très peu d’énergie ont une image plutôt positive pour plus des deux tiers des personnes sondées, tandis qu’un tiers met en avant des défauts supposés : petites fenêtres, murs qui ne respireraient pas…
Seuls 57 % des concernés citent un label, et ils leur associent les notions de basse consommation d’énergie et d’isolation/étanchéité. Le confort thermique ressort en tête des caractéristiques jugées importantes pour ces logements.
Les contraintes liées à l’adoption de comportements écoresponsables ne sont pas acceptées par 30 % des personnes interrogées. Celles qui suscitent le plus de réticence sont de ne pas faire le choix de son mode de chauffage, de mutualiser la production d’énergie avec d’autres bâtiments, de privilégier un bâtiment ancien rénové ou un logement collectif plutôt que construire sa maison individuelle.
Les énergies renouvelables bénéficient d’une image positive axée sur le recours à des technologies avancées et sur la garantie d’indépendance.
L’étude montre cependant l’existence de vraies interrogations concernant le coût et la rentabilité des installations. En conclusion, les bâtiments très performants sont envisageables par les trois quarts des personnes interrogées, et ce dans les dix ans à venir. La volonté d’économiser l’énergie est la principale motivation, juste avant la préservation de l’environnement. En France, d’autres motifs sont cités, tels que la préservation de la santé (53 %) et le confort (46 %). En Allemagne et en Suisse, on cite l’indépendance vis-à-vis des fournisseurs d’énergie comme motivation (70 % en Allemagne, 55 % en Suisse). Les premiers critères de rejet sont le coût, malgré la connaissance d’aides financières, et l’inadéquation supposée dans le logement ancien. Apparaissent ensuite le manque d’information et la complexité.