La fenêtre un produit multifonction

La fenêtre d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle de nos ancêtres. Elle intègre un nombre considérable de fonctions et doit satisfaire des exigences de plus en plus sévères et variées. Certaines de ces contraintes peuvent paraître contradictoires : permettre l’aération, mais garantir une étanchéité à l’air ; laisser pénétrer la lumière, rendre possible la vision vers l’extérieur, mais assurer en même temps la protection de l’intimité ; fournir une bonne isolation thermique et une isolation acoustique. La fenêtre est le siège de toutes ces contradictions, c’est également l’articulation de l’intérieur, de l’intimité du logement avec le monde extérieur. C’est un composant de la façade, un ouvrage qui se voit, se touche, qui porte en lui une certaine signification culturelle. Si le marché de la fenêtre connaît une croissance régulière, la technique est également en pleine évolution. De nouveaux matériaux sont apparus, et les performances des menuiseries ont fait un véritable bond en avant. Les vitrages, compléments indispensables de la menuiserie, deviennent de plus en plus techniques, frôlant presque l’intelligence. La généralisation du bloc-baie, de plus en plus souvent demandé avec une fermeture motorisée, donne la possibilité de construire rapidement, avec un composant industrialisé, donc très fiable. À condition que la mise en œuvre soit réalisée selon les règles de l’art, sinon, gare aux sinistres !

Performances : des supervitrages

menuiserie

Photo : Internorm

La menuiserie, qui représente 10 à 15 % de la surface de la fenêtre, influence peu les performances thermiques. En revanche, le vitrage doit être judicieusement choisi en fonction de la situation géographique de la construction et de son exposition. Les doubles vitrages, désormais courants, réduisent les déperditions de chaleur grâce à une lame d’air déshydratée et emprisonnée entre les deux vitrages. La nouvelle réglementation thermique 2005, qui fixe à 1,8 W/m_.K la valeur de référence du coefficient de transmission pour les parois vitrées, va généraliser l’usage des verres à isolation thermique renforcée (VIR) ou verre peu émissif. Ces vitrages réduisent les pertes d’énergie grâce à un dépôt d’oxydes métalliques sur une face du vitrage qui arrête le rayonnement. En remplaçant la lame d’air par un autre gaz (argon, krypton), on réduit encore ce coefficient de transmission. Acoustique et sécurité Une bonne performance thermique ne garantit pas une bonne performance acoustique, alors que l’inverse est vrai. Plus un verre est épais, meilleure est l’isolation phonique. Un bon vitrage acoustique est composé de deux verres d’épaisseurs différentes. Cette asymétrie réduit les vibrations des vitrages. On utilise généralement du 10/6/4 : 10 mm pour le verre extérieur, 6 mm pour la lame d’air et 4 mm pour le verre intérieur. Pour une isolation phonique renforcée, la vitre extérieure peut être constituée d’un verre feuilleté acoustique, comportant deux verres de 4 mm assemblés par une résine spéciale acoustique. Enfin, le verre feuilleté assure la protection des personnes et des biens. Le double vitrage 4/6/33.1 (3 mm solidarisés par un film de PVB) assure de bons indices thermoacoustiques. Lorsque la sécurité est un critère de choix déterminant, les profilés PVC doivent être renforcés par des armatures en acier galvanisé et équipés de dispositifs antieffraction (crémones avec verrouillage sur traverses, systèmes antidégondage, gâches).

PVC : esthétique et recyclable

fenêtre

Recyclable et recyclé, le PVC domine le marché. Il s’affine, joue les couleurs et imite le bois. Photo : Veka

Le PVC séduit par son coût avantageux et sa facilité d’entretien. « Les menuiseries PVC connaissent de nombreuses améliorations, explique Hubert Lagier, responsable de la division Baie et Vitrages au CSTB. Les profilés qui offrent un clair-de-jour de plus en plus important font appel au design, avec notamment des formes galbées. » Le PVC s’affine donc, se moulure pour imiter le bois. Les montants se font plus étroits, les accessoires et les croisillons se diversifient (laiton, laiton vieilli). Le PVC ose aussi les couleurs ! Il reste cependant plus sensible aux rayures sauf quand il est coloré dans la masse. Les profilés de couleur sombre, plus sensibles aux phénomènes de dilatation, doivent être rigidifiés, ce qui rend leur coût plus élevé. Côté performances thermiques, le matériau ne manque pas d’atouts. Il a une faible conductivité thermique et lorsqu’il est associé à du vitrage isolant et à des joints assurant une parfaite étanchéité à l’air, cela confère aux fenêtres d’excellentes performances thermiques et acoustiques. Les fabricants travaillent par ailleurs sur la matière proprement dite et ont de plus en plus recours à du PVC recyclé. D’autre part, l’emploi du plomb comme stabilisant dans le composant est réduit, voire éliminé complètement, comme c’est le cas en Autriche, où les fabricants ont recours au calcium/zinc en substitution. En France et en Allemagne, quelques entreprises commencent à utiliser ce nouveau stabilisant qui devrait se généraliser dans un proche avenir. « Le plomb n’est pas dangereux pour l’utilisateur final, rassure Hubert Lagier. C’est au niveau de la transformation des profilés ou des fenêtres que le plomb peut être mis en cause. De toutes façons, il n’y a pas d’autre choix que de prévoir des solutions alternatives. »

L’aluminium a de beaux jours devant lui

baie vitrée

Grâce à la bicoloration, la fenêtre aluminium prend des couleurs, permettant d’être créatif à l’extérieur tout en gardant, grâce au blanc, une certaine sobriété à l’intérieur.
Photo : Technal

Finesse, légèreté, rigidité, bicoloration sont autant d’éléments qui militent en faveur de la fenêtre aluminium. Si la thermique a longtemps été son talon d’Achille, la technique des profilés à rupture de pont thermique permet désormais de pallier cette mauvaise réputation : un joint en matière synthétique désolidarise l’intérieur de l’extérieur du profilé et coupe ainsi la forte conductivité du métal. Celle-ci était en effet responsable de phénomènes de condensation désagréables et de sensation de paroi froide. L’aluminium peut dès lors déployer l’éventail de ses qualités esthétiques : il se plie à toutes les formes ou couleurs, il peut être anodisé ou laqué et même bicolore pour une unité de couleur à l’extérieur et une harmonisation au décor à l’intérieur. Ses profilés, les plus minces, s’effacent devant le vitrage et offrent un gain de 15 % de clair-de-jour par rapport aux autres matériaux. Résistant, il est le favori des fenêtres coulissantes et des grandes baies dont il supporte allègrement le poids. Il est inaltérable, et un simple nettoyage annuel à l’eau savonneuse suffit à son entretien. Côté respect de l’environnement, l’aluminium provient de la bauxite, une ressource naturelle et abondante. Sain et sûr, le matériau est 100 % recyclable, indéfiniment et sans dégradation de ses propriétés. Il faut savoir que 40 % de la consommation européenne d’aluminium est couverte par le recyclage.

La fenêtre bois évolue

fenêtre bois

Photo : Atlantem

C’est indéniable : chaud et agréable au toucher, le bois est le matériau traditionnel apprécié. Il « respire », tout en assurant une isolation naturelle de bonne qualité. Et comme Frédéric Wielezynski, ingénieur au Centre technique du bois et de l’ameublement (CTBA) aime à le faire remarquer, « la fenêtre en bois garde dans le cœur des Français une forte charge affective ». Pour mémoire, le bois est l’un des seuls matériaux de construction dont l’usage permet de combattre l’effet de serre. Malgré tout, il présente un handicap : matériau vivant, il est sensible aux assauts du temps. Pour améliorer sa durée de vie et sa stabilité, une protection appropriée régulièrement renouvelée s’impose en extérieur, avec une peinture ou une lasure. Depuis plusieurs années, les fabricants ont tout mis en œuvre pour espacer les renouvellements. Parallèlement à ces recherches sur les produits de protection, les industriels du secteur proposent des évolutions pour une menuiserie particulièrement performante : sélection des essences, solidité des assemblages, sélection de joints appropriés. C’est ainsi que des essences particulièrement résistantes sont privilégiées, tout en prenant en compte le renouvellement naturel de nos forêts. Le chêne, haut de gamme, est aujourd’hui concurrencé par les bois exotiques, movingui, moabi, tauari, moins onéreux et extrêmement résistants aux attaques naturelles : on évite ainsi les traitements fongicides et insecticides. Le pin, bon marché, doit être traité avant l’application de la finition, sauf pour les menuiseries dites « à peindre » qui ont subi les traitements préventifs en usine.

Les menuiseries mixtes : un beau mariage

menuiseries mixtes

Les menuiseries mixtes marient les avantages de chaque matériau. Coulissant mixte Aluminium/PVC.
Photo : Schüco

Ces menuiseries associent différents matériaux, cumulant leurs avantages techniques et esthétiques. Le mariage le plus fréquent assortit le bois en intérieur (avec possibilité de différentes essences) à l’aluminium en extérieur. Celui-ci permet un choix varié de couleurs en assurant un entretien facile. On trouve aussi sur le marché des combinaisons PVC/alu et d’autres variantes : une fenêtre tout alu peut ainsi être recouverte d’un parement bois en intérieur, pour le décor. L’extérieur d’une menuiserie bois peut être protégé par un capotage en aluminium. Ces menuiseries mixtes s’adaptent à tous types de châssis (à la française, oscillo-battants, basculants, coulissants).

Fenêtres et crédit d’impôt

fenêtres

Photo : Velux

La loi de finance 2010 apporte un certain nombre de nouvelles mesures, concernant notamment l’’isolation thermique des parois vitrées et par conséquent les projets de rénovation des menuiseries extérieures du logement.

  • L’’isolation thermique des parois vitrées est ramenée à 15% depuis le 1er janvier 2010 Le crédit d’’impôt finance désormais à hauteur de 15 % l’acquisition de nouvelles menuiseries extérieures selon certains critères de performances d’isolation thermique (cf. tableau ci-après) payée entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2012.
  • Les portes d’’entrée sont intégrées au dispositif du crédit d’’impôt Après plusieurs mois d’’effort de négociation entre le gouvernement et les fabricants de menuiseries, les portes d’’entrées sont enfin intégrées au crédit d’’impôt. Sont donc éligibles au dispositif les portes d’’entrée donnant sur l’’extérieur, présentant un coefficient Ud à 1.8W/m2.K.
  • Suppression de la majoration à 40 % pour les logements construits avant 1977 La majoration de 40 %, auparavant accordée à la double condition que les menuiseries extérieures soient installées dans un logement achevé avant le 1er février 1977 et que leur installation soit réalisée au plus tard le 31 décembre de la deuxième année qui suit celle de l’’acquisition, a disparu dans la loi de Finances 2010. Le taux unique fixé est donc de 15 %.
  • Les volets restent intégrés au dispositif … mais au taux de 15 % Les volets isolants, caractérisés par une résistance thermique additionnelle apportée par ensemble volet-lame d’’air  0,2 W/m².K, sont considérés comme fermetures éligibles au dispositif de crédit d’’impôt, au taux de 15 %.

Coefficient d’isolation thermique au 1er janvier 2010
Uw ≤ 1.4 W/m².K (idem 2009)
Uw ≤ 1.6 W/m².K (idem 2009)
Uw ≤ 1.8 W/m².K (idem 2009)
Ug ≤ 1.5 W/m².K (idem 2009)
Uw ≤ 2 W/m².K (idem 2009)

Uw ≤ 1.8 W/m².K

Les seuils éligibles restent inchangés pour les fenêtres et portes fenêtres
Matériaux d’isolation thermique des parois vitrées Fenêtres ou portes-fenêtres en PVC Fenêtres ou portes-fenêtres en Bois Fenêtres ou portes-fenêtres Métallique Vitrage de remplacement type VIR Double fenêtre (pose sur baie existante d’une seconde fenêtre à double vitrage renforcé) Et depuis cette année : Porte d’entrée donnant sur l’extérieur

Un marché toujours en hausse

baie vitrée

Photo : AtlanteM

Près de 11 millions de fenêtres sont vendues chaque année en France (chiffres 2004 – Données Batim Études). Un marché en progression constante, qui occupe la deuxième place en Europe, juste derrière l’Allemagne. Côté matériau, le PVC se taille la part du lion avec près de 64 % des ventes, suivi par l’aluminium en croissance (17,7 %) et le bois (16,8 %). Quant aux menuiseries mixtes – alliant le plus souvent le bois et l’alu -, leur part de marché est passée de 1,5 % en 2002 à 2,4 % en 2004. L’ouverture à la Française, à un ou deux battants, reste le standard et conforte même sa position. L’oscillo-battant est une réalité ancrée dans l’univers de la fenêtre en France. De telles fenêtres sont en PVC dans plus de 75 % des cas. Il se fait un peu moins de 1,4 million de fenêtres coulissantes ou à galandage – types de fenêtres dans lesquels l’aluminium est largement dominant (plus de 70 %). Le double vitrage à isolation thermique et acoustique renforcée équipe 60 % des fenêtres. Et seulement 4 % sont vendues avec un double vitrage antieffraction. L’épaisseur des vitrages est dans 81 % des cas de 24 mm.