Le Département de la Loire-Atlantique a confié à l’Architecte en chef des monuments historiques, Pascal Prunet, la restauration de la courtine nord du château de Clisson, rendue nécessaire par la poussée des terres de la terrasse nord-est. L’objectif de ces travaux consiste à diminuer significativement le poids des remblais en remplaçant une partie des terres par un matériau plus léger et à consolider la voûte de la galerie de souterraine aménagée dans l’épaisseur du soubassement du rempart, haut de plus de neuf mètres à l’extérieur du château.

Préalablement à ces travaux, le Département a lancé une étude archéologique de ce site classé monument historique, à la confluence de la Sèvre et de la Moine, et a demandé à l’Inrap de mener les fouilles. Implanté sur un éperon rocheux au XIe siècle, le château de Clisson devient une place forte stratégique à la frontière du Duché de Bretagne au XVe siècle. Au XVIe, le système défensif est renforcé par l’édification d’un bastion nord-ouest, d’une terrasse nord-est et d’un cavalier les reliant. Lors de la fouille de la terrasse, plusieurs structures bâties sont apparues. Les archéologues ont dégagé un mur d’enceinte orienté nord-sud, devant le logis de la résidence seigneuriale. Probablement défensif, ce mur d’époque médiévale est construit en blocs de granite taillés et liés au mortier de chaux. Il mesure environ 1,80 mètre de large et 7 mètres de haut.

Relevé topographique pendant la fouille de la terrase nord-est du château de Clisson © Florine Prieur, Inrap

Relevé topographique pendant la fouille de la terrase nord-est du château de Clisson
© Florine Prieur, Inrap

Les archéologues ont aussi dégagé une galerie, construite ultérieurement, qui délimite un espace attenant au logis nord de la résidence seigneuriale. La galerie comprend un couloir et une porte à l’extrémité ouest donnant accès à l’intérieur du château. Le couloir long de 30 mètres et large d’un mètre environ, forme un coude avant de déboucher sur une poterne à l’est. Il est couvert d’une voûte plein-cintre et ponctué de sept gaines verticales, dont le rôle est incertain : domestique ou défensif ? Le parement extérieur de la galerie, visible depuis la résidence seigneuriale, est particulièrement soigné. Au XVIe siècle, de nombreux aménagements sont effectués, entraînant des modifications de circulation. Un mur de courtine est construit au-dessus de la galerie, ainsi qu’un escalier en vis. Les gaines verticales sont bouchées et abandonnées. L’espace entre le logis et la galerie est remblayé massivement afin de réaliser une plate-forme extérieure dominant le pont de la ville. Ces aménagements, contemporains du bastion nord-ouest et du cavalier, modifient considérablement l’aspect nord du château.

Fragments de carreaux de sol en terre cuite décorés de couleur jaune ou verte © Caroline Chauveau, Inrap

Fragments de carreaux de sol en terre cuite décorés de couleur jaune ou verte
© Caroline Chauveau, Inrap

Dans les remblais de la terrasse nord-est, les archéologues ont mis au jour des objets qui témoignent de la vie quotidienne d’une résidence aristocratique de l’époque moderne (XVIe-XVIIe siècles). Parmi eux, de nombreux fragments de céramiques. Un petit flacon intact évoque les soins du corps. Quelques pièces métalliques : une clef à tête triangulaire, des épingles, un probable cadenas ainsi qu’un jeton de Nuremberg (jeton de comptabilité) mis en circulation entre 1490 et 1550. Enfin, un lot abondant de carreaux de terre cuite vernissés ou décorés, d’ardoises de schiste ou de tuiles ont été prélevés. Leur étude permettra d’en apprendre davantage sur les techniques de construction, l’utilisation des matériaux à travers les âges et l’évolution des modes décoratives dans les habitats aristocratiques.

 

Photo en-tête : Fouille manuelle et dégagement de vestiges au niveau de l’escalier à vis
© Florine Prieur, Inrap