Greenpeace Canada vient de publier un rapport sur l’utilisation de la biomasse forestière qui met en garde contre l’exploitation intensive des forêts pour la fourniture d’énergie. S’il pose la question du bilan carbone et de l’épuisement de la forêt canadienne, il pointe également le rôle de l’exportation vers l’Europe de granulés et son augmentation future inéluctable. En 2010, le Canada a exporté, vers le vieux continent, 1,2 millions de tonnes de granulés de bois. La croissance des exportations a été de 700 % en moins de huit ans, ce qui laisse présager une multiplication par dix de la production d’ici 2020 pour continuer à satisfaire l’appétit européen. Avec ses 33 usines de production de granulés, le Canada était, l’an passé, le quatrième plus grand producteur après les Etats-Unis, l’Allemagne et la Suède, et le deuxième plus grand exportateur. Les exportations destinées essentiellement aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et à la Belgique provenaient à 70 % de fibres extraites directement de la forêt, y compris des parties nobles d’arbres adultes. Une étude récente du cycle de vie de ces exportations indique que 40 % du contenu énergétique des granulés serait dilapidé pendant la transformation et le transport avant même d’arriver dans les centrales européennes. Il faut rappeler que l’Europe s’est fixé comme objectif de doubler sa part d’énergie renouvelable d’ici 2020, les énergies vertes devant représenter 20 % de la consommation énergétique totale. C’est pour cette raison que de nouvelles centrales thermiques à biomasse apparaissent, que d’autres sont converties du charbon aux granulés de bois. Ainsi, la centrale Tilbury (au Royaume-Uni) sera convertie pour brûler 2 millions (selon le promoteur RWE) à 7 millions (selon une évaluation indépendante) de tonnes de granulés de bois par an. Elle deviendra alors la plus grande centrale électrique à biomasse du monde et importera des granulés de bois des forêts du Canada et d’ailleurs. Bien loin de ces projets de grande envergure, Greenpeace pense que la façon la plus efficace d’utiliser la biomasse forestière est la combustion de résidus industriels, comme la sciure, les chutes et les écorces, en remplacement des carburants fossiles dans des systèmes de chauffage locaux à petite échelle.