Il fait plus chaud en ville qu’à la campagne ou qu’en proche banlieue, notamment la nuit. Mais ce phénomène est variable selon les villes, où il peut faire plus ou moins chaud. Des chercheurs de l’unité mixte internationale MSE2 (CNRS/MIT) et du Centre interdisciplinaire des nanosciences de Marseille (CNRS/Aix-Marseille université) ont montré que l’organisation des villes est à l’origine de ce phénomène : plus une ville est organisée, comme la plupart des villes nord-américaines avec des rues très droites et perpendiculaires, plus elle piège la chaleur. A l’inverse, plus une ville est désorganisée, comme certains cœurs de villes historiques, plus la chaleur s’évacue facilement. Les chercheurs ont étudié certains paramètres majeurs de l’élévation de la température, comme l’inertie thermique des bâtiments et leur capacité à rayonner pendant la nuit l’énergie absorbée durant la journée. Ils ont pour cela utilisé les températures enregistrées en ville ou à la campagne sur plusieurs années ainsi que des informations sur les empreintes spatiales des constructions urbaines, combinées à un modèle de dissipation de la chaleur. Ces résultats, qui ont été publiés le 9 mars 2018 dans Physical Review Letters, ouvrent de nouvelles pistes pour un urbanisme et une gestion de l’énergie optimisés. Dans les pays aux climats chauds ou tempérés, l’effet « îlots de chaleur urbains » (ICU) augmente significativement la facture énergétique. En revanche, pour des régions aux climats froids, il peut potentiellement permettre de réduire la demande énergétique. De fait, au regard des prévisions de croissance urbaine, il devient possible d’identifier les pays qui ont la plus grande opportunité d’utiliser les ICU et d’aider ainsi les décideurs à optimiser la demande en énergie des bâtiments et à réduire par la suite leur empreinte carbone aux échelles des villes, mais aussi des régions, voire des États.