Le nombre de logements à rénover chaque année est de 400000, un objectif fixé par le Grenelle de l’environnement et qui vise à ramener la consommation moyenne des bâtiments existants en dessous des 150kWh/m2/an. Pour atteindre cet objectif, l’isolation apparaît comme une priorité, et, face à l’’ampleur de la tâche, il va falloir privilégier des solutions qui évitent le délogement et le relogement, ce qui est le cas de l’’isolation par l’’extérieur. Dans ce domaine, la construction bois a son mot à dire.    Quels systèmes ? La rénovation thermique des bâtiments et, plus particulièrement, les solutions bois, étaient deux des sujets débattus lors des derniers États généraux du bois qui se sont tenus à Angers en octobre dernier. Hervé Boivin, du réseau Abibois, a présenté à cette occasion les grandes techniques de rénovation ITE utilisées dans le bois. On trouve ainsi des panneaux en fibres de bois que l’’on va pouvoir soit coller, soit visser sur les murs existants. Une autre solution consiste à utiliser des chevrons qui sont soit plaqués sur le mur, soit déportés du mur. « On peut ensuite combiner plusieurs solutions, explique Hervé Boivin, utiliser des fibres de bois de faible ou de haute densité, ou encore recourir à la ouate de cellulose insufflée au travers des panneaux ou du pare-pluie. » Enfin, en terme de finition, le système peut être recouvert soit d’un enduit, soit d’’un bardage, exactement comme en construction neuve.  Outre ces solutions d’’ITE sur murs pleins, il existe des procédés avec des panneaux d’’ossature préfabriqués, pré-isolés éventuellement, qui s’’appliquent aussi bien sur des murs pleins que sur des bâtiments existants avec façades légères, celles-ci pouvant être retirées, des façades du type poteaux-dalles ou refends-dalles. « On arrive au final sur le chantier avec des éléments qui peuvent être bardés et isolés en atelier », ajoute Hervé Boivin. Ces systèmes de préfabrication de panneaux vont pouvoir intégrer des façades actives, avec des panneaux translucides pour préchauffer les panneaux, des systèmes de ventilation, éventuellement des fluides… C’’est donc tout un champ nouveau qui s’’ouvre pour la construction bois et qu’’il faut maintenant explorer et cadrer sur le plan réglementaire.   De l’’intérêt de la préfabrication Les arguments en faveur de la rénovation thermique avec une façade préfabriquée en bois ne manquent pas. Hervé Boivin en a listé les principaux.  Le premier argument est le délai de chantier qui est très largement réduit avec un système préfabriqué. C’’est d’’ailleurs l’’argument phare de la filière sèche construction bois. L’’intervention en site occupé, sans gêne pour les habitants, constitue un deuxième atout majeur, notamment auprès des bailleurs sociaux. Troisième argument : la façade préfabriquée en bois est un système d’’isolation par l’’extérieur qui permet d’’intégrer un certain nombre d’’éléments tels que les menuiseries, la ventilation, l’’électricité…  La performance thermique est sans conteste une des forces du système. « C’’est un argument à associer avec ce que j’’appellerais une deuxième chance pour l’’architecture, explique Hervé Boivin. Car s’’il y a requalification de l’’enveloppe thermique par l’’extérieur, il y a aussi revalorisation du bâtiment grâce notamment à la diversité de parements qu’’offre une solution à ossature bois. » Autre avantage à souligner : l’’économie de surface habitable, et, surtout, les possibilités d’’augmenter cette surface habitable grâce à la structure bois. La performance environnementale est un autre atout : le bilan environnemental du matériau bois lui-même est intéressant, et de plus en plus d’’entreprises de la filière bois réalisent des bilans carbone qui se révèlent très favorables.  La maîtrise du processus, de la conception à la réalisation, favorise également le bois, car qui dit préfabrication dit précision. Selon Hervé Boivin, cet argument est certes à valoriser, mais « encore faut-il maîtriser la méthode, ce qui nous manque encore en France par rapport à nos voisins allemands ».   Les grandes étapes du processus C’’est justement suite à un voyage d’’étude en Allemagne, où il a pu observer la façon de faire outre-Rhin, que Hervé Boivin a établi une succession d’’étapes incontournables. La première est de connaître le système auquel vont être intégrés les murs-manteaux en bois ; « la plupart du temps, il s’’agit de supports en béton » La deuxième étape consiste à établir un relevé de la géométrie de la façade. Ici, trois techniques sont possibles : la tachymétrie, la photogrammétrie, le scan 3D terrestre. Réalisée par un géomètre, la première revient à relever des points librement sur la façade avec un appareil portatif. C’est la technique la moins onéreuse, mais c’’est aussi la moins précise. Plus précise, elle, la photogrammétrie, qui est un assemblage de photos numériques, permet d’’avoir une perspective de la façade en trois dimensions. Enfin, la technique la plus avancée réside dans le scan 3D terrestre, un système encore cher aujourd’’hui ; le scan de la façade fournit un nuage de points qui peut être retranscrit directement sur un format du type CAO, dans un logiciel de calcul de charpente ossature bois.  Une fois le relevé des cotes réalisé, on cherchera à déterminer le degré de préfabrication nécessaire, d’’où l’’intérêt de connaître la typologie des bâtiments concernés. « Les Allemands parlent de réserve structurelle, c’’est-à-dire la capacité qu’a le bâtiment à supporter une surcharge structurelle », explique Hervé Boivin. Cette réserve structurelle permet de définir le degré de la préfabrication, mais aussi le sens de l’’assemblage des panneaux : horizontal, étage par étage, ou vertical, avec des panneaux qui font la hauteur du bâtiment. Ce système d’’assemblage d’’éléments verticaux peut être intéressant sur un bâtiment ayant une réserve structurelle limitée ; toute la descente de charge peut ainsi se faire au niveau du socle du bâtiment.  La quatrième étape, cruciale, est de gérer les défauts de planéité des façades existantes. Un scan de la façade peut en effet révéler des défauts de planéité importants, qui peuvent aller jusqu’’à plus ou moins cinq centimètres. Dans le traitement de ces imperfections, les Allemands ont distingué deux techniques. La première consiste à utiliser une isolation réalisée en atelier, avec une couche d’’isolant souple placée à l’’intérieur de la paroi existante ; la façade-manteau ossature bois va venir compresser cette couche d’’isolant souple. La deuxième technique comporte un mur-manteau préfabriqué, mais l’’isolation entre montants est faite sur site, plutôt via un système en vrac. Avec cette dernière solution, l’’isolant en vrac vient gonfler le freine-vapeur ou le pare-vapeur qui va reprendre les défauts de planéité de la façade existante. Le choix du type d’’assemblage et de fixation est une autre phase importante : technique suspendue, technique plaquée avec une fixation sur les murs en nez de dalle, fixation posée sur le socle béton, ancrage fiché qui rappelle les systèmes semi-rideaux, avec une attention particulière à l’’isolation des nez de plancher pour éviter les ponts thermiques. En Allemagne, trois types de fixations ont été retenus : un système de console, avec un profil en L et une lisse basse ; un système de droite en corbeau, avec un profil métallique qui pénètre la façade existante ; un système en socle qui est, en fait, une longrine en béton armé. Enfin, il faut veiller aux raccords des nouvelles fenêtres. Une couche d’’isolant sur le pourtour de la baie peut être intéressante pour la sécurité incendie. Malgré le flou réglementaire actuel, notamment sur la réglementation incendie, et un savoir-faire encore fragile concernant le relevé de cotes, les systèmes de murs-manteaux en bois ont un bel avenir. L’’amélioration des outils et des procédés, ainsi que la multiplication des chantiers références devraient favoriser le développement de ce type de solutions.