Le quartier du Luth à Gennevilliers fait lobjet dune vaste opération de rénovation liée à lextension de la ligne 13 du métro, située à quelques centaines de mètres. La mairie a donc mis en place dès 2004 un important plan de sauvegarde pour la mener à bien. La résidence François Couperin, avec sa tour en copropriété de 15 étages et 99 logements, a bénéficié dans ce cadre dune réhabilitation modèle. Celle-ci a été possible grâce à lobtention de diverses subventions publiques : 85% du budget total est financé par lAgence nationale de lhabitat, la ville de Gennevilliers, le conseil général des Hauts-de-Seine et le conseil régional dÎle-de-France ; mais également grâce à la détermination et à laction collective menée pendant plusieurs années par le conseil syndical, le syndic Foncia Dupont Delal et lAtelier 11, cabinet darchitectes, sous le pilotage du Pact des Hauts-de-Seine, qui ont permis non seulement de pérenniser et dembellir les 5000m² de façade, mais également de réduire massivement les dépenses énergétiques en augmentant le confort des résidents.Les échafaudages volants plébiscitésTout a commencé en 2006 par la demande dun bilan énergétique imposé à la copropriété par la maîtrise duvre et réalisé par le bureau détudes thermiques ECIC. « Il sagit dune obligation dans leGrenelle 2, mais, en 2005, cette contrainte paraissait surprenante. De plus, à lépoque il ny avait pas beaucoup de bureaux détudes thermiques dans lancien », souligne Daniel Casse, architecte dAtelier 11, maîtrise duvre sur ce chantier. Le résultat est alors sans appel : 281kw/m2/an ce qui place la tour HLM en classe E. Grandes fenêtres toute hauteur à vitrage simple, murs béton à isolation thermique nulle, étanchéité à lair quasiment inexistante Le bâtiment fait partie des immeubles les plus énergivores. En plus de cet inconfort intérieur, la façade en grès titan est en proie à de graves pathologies (désordres en sous-face de balcons et éclats de maçonnerie en ancrage des pattes de scellement des garde-corps) qui la rendent de plus en plus dangereuse. Mais « cette opération, bouclée courant 2008, a failli être définitivement stoppée en décembre 2008 du fait de la crise financière et de la nécessité de mobiliser des fonds pour dautres priorités », précise Daniel Casse. Finalement, après une validation du financement mi-décembre 2008, les travaux ont pu enfin commencer en avril 2009. Au programme des neuf mois qui ont suivi (NDLR : livraison le 26 janvier dernier) pour lenveloppe : isolation thermique des façades sur 3700m2, mise en place dune corniche en partie haute de limmeuble, protection des ouvrages horizontaux par un habillage aluminium et changement des garde-corps incluant la dépose des lisses maçonnées. Lentreprise Marteau, chargée de ces travaux de ravalement, a mis dans un premier temps en place des échafaudages volants sur la terrasse. Malgré la pénalisation de la hauteur de lacrotère (1,60m), la préférence de la maîtrise d’oeuvre allait tout de même à ce type de structure afin déviter les salissures et pour son coût moindre par rapport à des échafaudages en pieds. « Surtout pour des hauteurs aussi importantes ! » Cette préférence fut également celle des compagnons Marteau, formés à ce type de structure. Stabilisation de la nacelle grâce au système de guidage électrique, débattement, facilité daccès, moins demprise sur la voie publique, problème des intrusions nocturnes évité et inconvénient des trois trous de fixation à reboucher par la suite supprimé, les avantages de ce choix ne faisaient aucun doute.3700m2 dITEPour Daniel Casse, « lITE était la solution quil fallait retenir en milieu occupé ». Cest donc le système StoTherm Classic mécanique sur rail, « le plus performant à lépoque de létude », qui a été mis en uvre. Une mise en uvre des plus classiques avec pose des blocs de polystyrène de 100mm dépaisseur, ponçage pour égalisation, marouflage de la fibre de verre et application de lenduit de finition en une seule couche calibrée à la taloche crantée. Ce dernier est un enduit organique et à liant résine siloxane. Tout comme les soubassements qui ont été renforcés par une fibre de blindage avec double entoilage, la réglementation exige quun renforcement soit également effectué au-delà de 25 mètres de haut. Tous les blocs de polystyrène ont donc à partir de cette hauteur été fixés avec une rosace comme cela est déjà le cas dans les angles de toute la tour. Mais sur ces derniers, une armature dangle est également ajoutée. Pour répondre à lobjectif de classe C, la bonne réalisation de lopération ITE était donc des plus importantes afin de supprimer tout pont thermique. Mais le remplacement des menuiseries dorigine par des doubles vitrages se révélait également indispensable pour la performance de lenveloppe. Grâce à linformation fournie aux copropriétaires, tous ont choisi de remplacer leurs fenêtres privatives. La classe C est donc atteinte avec une consommation de 124kw/m2/an. Après une telle démonstration qui sert aujourdhui dexemple à dautres tours HLM, il aurait été « décidément dommage et beaucoup plus coûteux, pour larchitecte, de détruire ce bâtiment aux allures discutables des années 1970, mais avec des appartements très bien conçus et lumineux que les occupants ne sont pas prêts de troquer pour dautres plus récents, aux fenêtres réduites et aux dimensions bien moins spacieuses ! ».Julie Niel-VilleminCerise solaire sur les travauxLa copropriété a profité de cette réhabilitation pour rénover le bâti, à savoir : la réfection de létanchéité de la terrasse, la remise à niveau des ventilations, la mise aux normes des canalisations de gaz des appartements, laccessibilité du bâtiment aux personnes à mobilité réduite Mais lensemble a surtout été parachevé par la mise en place de 110m² de panneaux solaires photovoltaïques couvrant 50% des besoins annuels de la copropriété, anticipant ainsi les exigences du Grenelle de lenvironnement. « Il sagit de la plus grosse opération de panneaux photovoltaïques en copropriété en Île-de-France », précise Daniel Casse. Résultat : une baisse de 63% des charges de copropriété liées au chauffage. « Nous aurions voulu aller plus loin et être en énergie positive, mais finalement la surface de toiture ne le permettait pas. » Ces panneaux fonctionneront à partir du mois de mars prochain.Fiche d’identité Maîtrise douvrage : Syndicat des copropriétaires Maîtrise douvrage déléguée : Foncia Dupont Delal Maîtrise duvre : Daniel Casse et Frédéric Petit (Atelier 11) Bureau détudes thermiques :ECIC (91) Entreprise (ITE) : Marteau Coût total (tous corps détat) :1861492e