Tendances marché : des bardages protégés, faciles à entretenir, qui font ressortir l’authenticité du bois et qui anticipent son vieillissement naturel. Bardage protect mélèze et Douglas Gris Equinox, Silverwood. — Crédit photo : Silverwood

Avec la croissance de la construction en bois, ossature bois et bois massif (CLT), se développent des systèmes d’isolation thermique spécifiques, notamment des procédés tout bois, isolant et bardage. Mais pas seulement.

Une option technique cohérente qui n’est pas réservée à la construction bois, voilà comment on pourrait définir les systèmes d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) qui combinent isolant en fibres de bois et bardage en bois. Même si peu de « kits complets » sont proposés, concepteurs et entreprises associent de plus en plus souvent les deux produits. La raison est simple : la cohérence entre les matériaux. Cette approche est aussi facilitée par le fait que la plupart des fabricants d’isolants en bois bénéficient désormais de certificats Acermi (Association pour la certification des matériaux isolants) et d’Avis techniques du CSTB pour leurs produits, ce qui rassure les concepteurs quant à leurs propriétés. Si ces solutions intéressent le plus souvent la construction en bois, rien n’empêche de les appliquer sur un mur en béton traditionnel ou sur tout type de bâtiment, y compris dans le secteur tertiaire et les ERP.

Conductivité thermique

Au centre de ces systèmes, l’isolant en panneau de fibres de bois, qui assure une double protection contre la chaleur en été et le froid en hiver. Durant la saison froide, cette performance se traduit par le coefficient de conductivité thermique appelé « lambda ». Plus ledit coefficient est faible, moins l’isolant a la capacité de transmettre la chaleur et donc plus il est efficace. Avec un lambda moyen de 0,038 W/(m.K), la fibre de bois, sans être exceptionnelle, est en bonne position. On peut la comparer au polystyrène dont le lambda est en moyenne de 0,032 W/(m.K), à la laine minérale avec une moyenne de 0,035 W/(m.K) ou au polyuréthane.

Le comportement au feu des isolants est une contrainte à prendre en compte. StoTherm Minéral Cob, Avis technique 7/15-1607, validé par un laboratoire feu sur toutes les contructions Cob et CLT (hors IGH) — crédit photo : Sto

Ce qui signifie qu’à performances égales, le panneau en fibres de bois aura une épaisseur légèrement supérieure aux produits traditionnels. En ce qui concerne le confort d’été, les panneaux en fibres de bois sont intéressants en raison de leur propriété de déphasage thermique qui permet d’atténuer les seuils extrêmes de température en fonction du rythme jour/nuit – 6 heures pour une laine de verre, contre 10 à 11 heures pour la fibre de bois. De même, la densité élevée des panneaux leur confère de bonnes caractéristiques d’isolation phonique contre les bruits aériens et d’impact. Autre propriété mise en avant par les fabricants : les capacités de régulation hygrothermique. Perméable à la vapeur d’eau, le panneau participe à la régulation de l’humidité dans la construction en évitant les effets néfastes de la condensation. Dans un système d’ITE, la fibre de bois peut aussi être utilisée comme pare-pluie et coupe-vent, tout en apportant un complément d’isolation.

 

Le choix d’un bardage dépend de plusieurs paramètres : esthétique, exigences techniques, réglementation, situation environnementale. Ici, bardage Vibrato de Piveteau Bois — Crédit photo : Piveteau Bois

Finitions multiples

Autre composant d’un système d’ITE tout bois, le bardage. Lames en clins ou profilés, panneaux ou bardeaux, à claires-voies seules ou associées à d’autres matériaux, les solutions d’habillage sont multiples et autorisent une grande liberté dans la composition des façades.En faire l’inventaire est mission quasiment impossible.Des tendances ? Les bardages à claires-voies ou à fausses claires-voies avec fixations dissimulées, ou encore des produits présentant des surfaces brutes de sciage, rabotées ou brossées, qui donnent des aspects différents très appréciés lorsque le bois est laissé sans finition. À l’inverse, beaucoup d’autres, peints ou lasurés, sont très colorés. Il faut dire que, de ce côté, les choses ont beaucoup évolué. Les lasures d’imprégnation et de finition rencontrent un vif succès. Les peintures gardent quant à elles une grande efficacité associée à une plus longue durabilité : jusqu’à dix ans.

 

Les fabricants d’isolants en fibres de bois s’intéressent de très près au marché de l’ITE et font valoir les nombreux atouts de leurs produits : respect de l’environnement, isolation thermique, protection contre le bruit, etc. Ci-dessus : panneaux en fibres de bois Pavatex. — Crédit photo : Pavatex

La plupart disposent, en outre, de très bonnes propriétés, hydrofuges, anti-ultraviolets, fongicides, insecticides et algicides. Quant aux traitements du bois, retour aux produits naturels. Dans le domaine public, la démarche HQE exclut de plus en plus les traitements chimiques, notamment celui par autoclave classe 4 (recyclage difficile). L’interdiction de certains produits toxiques favorise l’utilisation d’essences naturellement résistantes, particulièrement le pin Douglas très présent sur le territoire, ainsi que les traitements thermiques : bois chauffé et bois rétifié. Ces derniers s’avèrent très compétitifs pour les bardages. Mais il ne s’agit pas, là, des seuls procédés réservés à la construction en bois. Isolant en fibres de bois ou pas, tous les types de finitions sont bien sûr envisageables sur ces bâtiments : parements minéraux, métalliques et enduits hydrauliques ou organiques. Il s’agit de répondre aux besoins de mixité des systèmes en façade – autre tendance forte –, principalement dans le cadre de la construction de logements collectifs.

À noter, le développement de systèmes spécifiques avec enduit, qui incluent un isolant en panneaux de laine de roche. Une proposition qui permet de répondre aux contraintes réglementaires des ERP du premier groupe, des bâtiments mixtes ainsi que des bâtiments d’habitation des troisième et quatrième familles soumis à l’IT 249.

Les panneaux de fibres de bois de dernière génération sont fabriqués avec des liants naturels. Ici, panneaux flexibles et universels Homatherm (0,038 W(m.K), fibre textile en amidon de maïs. — Crédit photo : Homatherm

Stéphane Miget

Photo en-tête : Enveloppe de panneaux et caissons de bois, isolée avec 160 mm de laine de roche, couverte d’un bardage aluminium sur structure bois. Bâtiment du département des sciences humaines de l’université de Nanterre (92). Atelier Pascal Gontier — Crédit photo : H. Abbadie

 

Retrouvez cet article dans le numéro 126 de 5façades. Disponible sur Kiosque21.com >