Apparue après le premier choc pétrolier, en 1973, l’isolation thermique par l’extérieur a d’abord vécu une période de forte expansion, jusqu’à la fin des années 80. Malgré un ralentissement de cette croissance dans les années 90, ce procédé n’a cessé de se développer, surtout chez nos voisins du Nord de l’Europe où elle s’est largement substituée à l’isolation par l’intérieur. Avec 6 millions de mètres carrés posés chaque année, la France se place très loin derrière l’Allemagne (40 millions de mètres carrés par an) et la Pologne (38 millions de mètres carrés par an). Tout procédé confondu, le marché hexagonal affiche malgré tout un bond de 30% en 2008, de 15 à 20% en 2009. Il faut dire que le Grenelle de l’environnement est passé par là ; RT 2012, bâtiment BBC puis BEPOS… L’ITE apparaît comme la solution idéale pour réduire les consommations d’énergie non seulement des bâtiments existants – elle est depuis longtemps utilisée pour rénover les HLM, d’où sa mauvaise image –, mais aussi des opérations neuves. Les constructeurs de maisons individuelles, par exemple, l’ont bien compris, et sont de plus en plus nombreux à adopter la technique pour proposer des maisons BBC. Des atouts incontestables L’isolation thermique par l’extérieur consiste à recouvrir la façade d’un bâtiment par une enveloppe composée d’un isolant et d’un revêtement qui assure la protection. L’ITE présente de nombreux points positifs qui ne sont plus à démontrer. Atout majeur, elle permet d’abord de supprimer des ponts thermiques, notamment au niveau des jonctions de planchers avec les murs, les façades étant entièrement habillées. Elle efface tout risque de condensation aux points froids ainsi que les désordres qui en découlent (décollement du papier, moisissures…). Autre avantage : on conserve la surface habitable sans augmenter la SHOB (décret du 16 octobre 2009), et l’on évite les désagréments liés aux travaux en site occupé. En matière de confort et de durabilité, l’ITE respecte l’inertie du bâtiment et assure ainsi la stabilité de la température intérieure. L’enveloppe imperméable constituée par l’ITE protège le bâti contre les chocs thermiques et les infiltrations. Elle garantit ainsi une plus grande pérennité de l’ouvrage. Avec l’ITE, on peut utiliser des produits de dernière génération et la pose de panneaux d’épaisseurs plus importantes que ceux utilisés à l’intérieur. Ceux-ci permettent d’augmenter significativement les performances énergétiques. La mise en œuvre d’une ITE est relativement simple sur les parties courantes. Pour les points singuliers (traitement des baies, des balcons…), la pose requiert des techniques plus sophistiquées (lire encadré p.26). Enfin, l’isolation thermique par l’extérieur permet de réaliser à la fois l’isolation et le ravalement de la façade. Dans le cadre d’une rénovation, elle peut venir en complément d’une isolation thermique intérieure (ITI) déjà existante. Il suffira alors de déterminer l’épaisseur de l’ITE en fonction de celle de l’ITI. À chacun sa technique L’ITE peut être mise en œuvre selon plusieurs procédés, permettant ainsi de répondre à des situations et à des cahiers des charges très divers. Chacun offre une réponse spécifique en fonction de quatre paramètres de base : l’aspect final de la façade, la nature du bâtiment, les contraintes techniques, l’objectif de performances. Le Groupement du mur-manteau, qui réunit une trentaine d’industriels de l’ITE, distingue huit grandes catégories. * L’isolation thermique extérieure sous enduit mince Elle se distingue par une grande souplesse de mise en œuvre, un très grand choix d’enduits de finition et la possibilité d’utiliser des isolants de très forte épaisseur. * L’isolation thermique extérieure sous enduit épais Elle est particulièrement bien adaptée aux rendus traditionnels et aux enduits hydrauliques minéraux (crépis). * Le vêtage Le principe : une fois l’isolant mis en place, des parements minces assurent à la fois la finition et une protection durable du bâti. Ce système permet de très nombreux effets de matières, des variantes de coloris et de rendus. * La vêture Elle consiste à fixer directement sur la maçonnerie des éléments monoblocs intégrant isolant et parement. Ce système est particulièrement rapide à poser, indépendamment des conditions climatiques. * La façade ventilée C’est un système qui permet de mettre en œuvre des matériaux au rendu spectaculaire. De plus, une façade ventilée peut être installée en rénovation, directement sur des murs très dégradés, voire humides. * Les parements décoratifs sur mur-manteau Ils conjuguent les avantages techniques et pratiques de l’isolation sous enduit avec la possibilité d’utiliser divers revêtements, notamment des parements minces en pierre et des revêtements en céramique. * Le parement lourd Il dote le bâtiment d’une véritable double peau, souvent en béton préfabriqué, d’une résistance exceptionnelle. * Les modénatures et bossages sur mur-manteau Elles permettent de recréer, au besoin sur mesure, les effets de volumes caractéristiques de certains styles architecturaux, notamment en rénovation. Laine de verre, laine de roche, PSE, laine de chanvre, laine de bois… La plupart du temps, l’isolant mis en œuvre est indépendant du système utilisé. À noter que l’enduit de marouflage et le treillis en fibre de verre, utilisés dans certains systèmes d’isolation thermique extérieure, augmentent la résistance mécanique du système et préviennent les risques de fissurage. Les fixations dites mécaniques sont le plus souvent constituées par des chevilles, dont il existe divers types en fonction du système et du support. Privilégier l’approche thermique Le neuf et l’existant n’ont pas les mêmes problématiques et requièrent des approches différentes. Si la construction neuve a la possibilité de s’adapter facilement, la rénovation nécessite une solution appropriée à chaque situation. Dans la construction neuve, le choix d’isoler par l’extérieur dès la conception du bâtiment permet d’envisager une enveloppe globale éliminant les ponts thermiques (liaison dalle de balcon et façade, isolation enterrée, coffre de volets roulants, retour en tableaux de fenêtres et linteaux, appuis de fenêtres et portes-fenêtres, etc.), et d’obtenir, par l’apport d’épaisseurs d’isolant de plus en plus importantes, des valeurs très basses de déperdition énergétique. Associée à d’autres techniques, l’ITE est clairement plus efficace que toute isolation par l’intérieur et reste un des procédés phares pour parvenir à passer du BBC au BEPOS. Dans cette perspective, on peut dire que l’ITE va générer une évolution du mode constructif par sa pertinence coût/performance. À l’inverse, dans l’existant, c’est l’ITE qui s’adaptera à l’architecture et aux contraintes du bâtiment. Il conviendra d’isoler celui-ci en traitant au mieux les points singuliers pour limiter les ponts thermiques. L’approche thermique du bâti permettra de vérifier la pertinence coût/performance de l’isolation thermique par l’extérieur et de déterminer à quels autres procédés elle devra être associée. Dans l’existant, agir sur le bâti à l’aide de l’ITE et des équipements associés doit permettre de répondre plus facilement aux nouvelles exigences réglementaires. Meilleures performances thermiques, préservation des surfaces habitables, intervention facile en site occupé, l’ITE n’aurait donc que des atouts. On lui prédit d’ailleurs un brillant avenir : le marché devrait atteindre 20 à 40 millions de mètres carrés posés d’ici à 2015 ou 2020, chiffres avancés par les industriels. Des industriels qui s’intéressent de près à la technique, proposant des solutions toujours plus efficaces et plus faciles à mettre en œuvre. Frédérique Imbs Les points particuliers L’état et les caractéristiques des murs doivent être examinés avec soin avant la mise en place d’une isolation par l’extérieur afin d’assurer notamment la bonne tenue des fixations dans le cas d’une rénovation. Il est recommandé d’isoler les murs jusqu’aux fondations. En rénovation, la façade doit être traitée préalablement à la pose de l’ITE avec des produits dédiés afin d’imperméabiliser l’ensemble. L’isolation thermique par l’extérieur nécessite un vrai savoir-faire lors de la mise en œuvre plus particulièrement dans le traitement des points singuliers : retours de tableaux, angles entrants et sortants, arrêts hauts sous débords… Il est fortement recommandé de faire appel à des professionnels qui maîtrisent les Avis techniques et les règles de l’art en vigueur. Il est essentiel de tenir compte de l’exposition des façades du bâti aux intempéries en se référant à la cartographie des règles Neige et Vent-NV 65.