Plutôt utilisée jusqu’à présent dans l’Europe du Nord, l’isolation par l’extérieur représente aujourd’hui seulement 7% du marché de l’isolation en France, mais croît de 35% par an*. Preuve que la solution séduit de plus en plus. Il faut dire qu’elle a de nombreux avantages : suppression des ponts thermiques de structure, inertie thermique du bâtiment renforcée, pas de perte de surface habitable en rénovation… Si quatre grands systèmes de peau extérieure sur isolant sont à recenser comme les bardages et vêtures, la famille des enduits est la plus largement représentée avec l’enduit mince organique (type RPE) et l’enduit hydraulique. Tout combiné, ­Laurent ­Goetgheluck, chef de marché ITE (­Parexlanko), estime le marché annuel français de l’enduit sur isolant à cinq millions de mètres carrés. Pour aider au développement de ce marché, les industriels sont pour beaucoup en train d’élargir leurs offres en ce moment. Loin d’être un hasard, les systèmes marketing ont parlé. « C’est un marché qui explose et nous nous devons de diversifier notre offre de finition pour répondre à la demande », confirme ­Laurent ­Goetgheluck. Toujours plus de couleurs Entre les deux familles d’enduits, les marchés du neuf et de la rénovation ont tranché, ou plutôt les professions présentes sur les façades de ces différents secteurs. En effet, « sur les cinq millions de mètres carrés enduits sur isolants, plus de 90% sont en organiques. L’explication, à mon sens, est que la très grosse partie de l’ITE est réalisée dans du collectif en rénovation, un marché tenu par les ravaleurs peintres qui utilisent donc des RPE. L’enduit hydraulique, lui, se destine plutôt au marché de la maison individuelle, où il est demandé un rendu esthétique plus traditionnel aux façadiers projeteurs, et également sur des bâtiments tertiaires », explique Laurent ­Goetgheluck. Et à en croire ce dernier, si le marché du collectif neuf ne représente encore que peu de mètres carrés, la Réglementation thermique 2012, avec une entrée en vigueur au 1er janvier 2013, devrait pousser l’ITE. « Or, sur ce segment, les façadiers, donc les professionnels qui projettent l’enduit hydraulique, sont plus présents. Nous sommes donc légitimes sur ce segment du collectif neuf. » ­Parexlanko propose ainsi une finition hydraulique sur isolant (l’enduit EHI) disponible en grain fin ou grain moyen, qui peut être grattée ou appliquée en finition rustique ou rustique écrasé. « Excellente tenue au feu, enduit épais donc très bonne tenue aux chocs, perméabilité excellente, conditionnement en sacs recyclables », l’industriel ne tarit pas d’éloges sur cette finition qui a tout à gagner face à un RPE ultradominant qu’il fabrique également. La couleur est donc un des axes de développement pour susciter la demande. Cet EHI est donc disponible dans environ 140 teintes sélectionnées parmi les 196 que compte le nuancier de la marque. Mais voilà, toute couleur n’est pas bonne à utiliser sur de l’ITE. « Trois règles techniques édictées par le CSTB sont à respecter. Premièrement, ne pas utiliser de teintes dont le coefficient solaire est supérieur à 0,7, c’est-­à-dire les teintes trop foncées. Deuxièmement, ce coefficient d’absorption solaire maximal passe à 0,5 au-dessus de 1300m d’altitude. Et enfin, ne pas juxtaposer deux enduits dont la différence de coefficient d’absorption solaire est supérieure à 0,2 », précise ­Laurent ­Goetgheluck. Si l’enduit hydraulique reste encore un petit marché, malgré tout cette finition trouve de plus en plus d’échos auprès d’architectes de plus en plus réceptifs à son rendu esthétique et ses performances techniques. « C’est à nous, industriels, de porter l’offre chez les prescripteurs. » Une ITE à la peau neuve Chez Sto, l’ITE fait également parler d’elle. Présentées en avant-­première sur le salon Batimat en novembre dernier, les nouvelles tendances 2010 ont toutes un seul objectif : faire peau neuve à l’ITE. Car si les performances thermiques et techniques de cette solution ne sont plus à démontrer, la dimension esthétique de la façade terminée n’est pas à négliger. En effet, une fois le chantier achevé, elle est la signature immédiatement visible d’une ITE haut de gamme. C’est toute la vocation des nouvelles finitions nommées ­Stolit ­Milano et ­Stolit ­Effect qui vont largement au-­delà de l’enduit taloché classique. La peinture étant le cœur de métier de Sto, dans les deux cas, il s’agit d’enduits organiques (de type RPE) de façade conçus pour la mise en œuvre sur systèmes d’ITE ou sur murs maçonnés enduits. Ces nouvelles finitions, intégrées aux Agréments techniques européens des systèmes ­StoTherm Classic, permettent d’obtenir des rendus aussi attractifs que variés. « Il nous fallait répondre aux nombreuses demandes d’architectes qui souhaitaient autre chose que du crépi taloché », explique ­Benoist ­Catroux, chef de marché finition chez Sto. Si ­Stolit ­Milano se décline en aspect béton « longtemps réclamé », aspect ­Marmorino ou aspect lisse, ­Stolit ­Effect existe en Brut, Glasperl, c’est-­à-dire qu’elle reçoit la projection de billes de verre, et ­Terrazzo pour imiter les revêtements anciens. À noter que ces nouvelles finitions, lancées sur le marché depuis le début de l’année, s’accompagnent de sessions de formations dispensées par le centre de formation Sto. Même si le marché de prédilection de ces produits reste la rénovation avec des chantiers qui vont émerger dans l’année, des projets en neuf sont également prévus. Avec des industriels en quête de nouveaux effets, les finitions enduites sur ITE ont donc de beaux jours devant elles. Quant à savoir si l’enduit hydraulique arrivera un jour à détrôner l’enduit organique, rien n’est moins sûr, car tout se joue sur le marché du collectif neuf, au ralenti ces derniers temps. Quoi qu’il arrive, l’ITE, elle, continuera de s’étendre. Julie Niel-Villemin * Données fournies par Parexlanko. Comment trouver l’enduit idéal ? Pour ForumConstruire.com, le site communautaire spécialisé dans la construction, choisir la couleur que l’on va donner à sa maison en se basant sur les minuscules nuanciers des fabricants, pas toujours représentatifs, s’apparente au jeu de la roulette russe : comment l’enduit va-­t-il rendre ? D’où cette idée ­d’Enduirama, un service participatif innovant et très pratique pour les futurs propriétaires, qui permet de visualiser des photos de maisons classées par références d’enduits, afin de mieux se rendre compte de la teinte et du rendu de celui-ci. La base de données, alimentée par les membres eux-­mêmes, progresse de jour en jour. À ce jour sont référencés dans ­l’Enduirama les produits ­Parexlanko, ­Weber et ­Broutin, PRB, ­Pierrenduit, ­Cantillana et ­Mauer. Quand la pierre fait sensation sur l’ITE Lithec’isol est un procédé unique en France qui allie la performance thermique au rendu de la pierre. En effet, ­Lithec, qui est un procédé d’application breveté par la société MBL, est une finition d’enduit traditionnel qui, suivant une base de pierres naturelles broyées, recomposées sous forme de sables et mélangées à de la chaux naturelle, donne aux murs l’aspect authentique de la pierre. Désormais adaptée en tant que finition sur ITE, cette finition a donc été nommée ­Lithec’isol et s’applique sur tous les supports conformes au DTU 26-1 (parpaings, briques, maçonneries de pierres, ossatures bois, ossatures métalliques…)  tant sur le neuf qu’en rénovation. « Nous assurons l’ITE tout en conservant les valeurs de constructions locales, comme le colombage avec la brique ou la pierre », précise ­Bertrand ­Loiseau, gérant MBL. Côté mise en œuvre, ce parement, qui peut être de sensations pierres, briques ou même bois, s’adapte sur des isolants en fibres de bois, ouate de cellulose et polystyrène expansé, extrudé ou graphité.