À Batimat 2009, les différents halls concernés regorgeaient de visiteurs bien informés sur l’énergie solaire et de solutions adaptées à leurs problématiques techniques et financières. Si ces dernières se destinaient principalement à la toiture, la façade solaire comptait, elle aussi, quelques adeptes industriels. En bardage, en brise-­soleil, en garde-­corps… Les systèmes prônant une façade active ont considérablement augmenté depuis quelques années. Mais, malheureusement, l’absence de chiffres concernant le nombre de façades solaires en France parle d’elle-­même : la réalisation d’une façade photovoltaïque reste malgré tout exceptionnelle. Pourquoi ? À en croire ­Richard ­Loyen, délégué général ­d’Enerplan*, « l’offre de produits est moindre qu’en toiture et encore peu d’architectes sont connaisseurs des technologies existantes et ne peuvent donc pas en être prescripteurs ». ­Mélodie de ­l’Epine, chargée de mission pour l’association ­Hespul**, dénonce, elle, « le manque de créativité des architectes et la crainte des développeurs que cela soit trop complexe. En 2006, à l’époque de la modification des conditions tarifaires, je me suis dit que tout était fait pour développer le brise-soleil photovoltaïque d’autant que beaucoup de bâtiments dans le Sud de la France souffrent de surchauffe estivale, mais, à ma grande surprise, l’effet escompté ne s’est pas produit ». D’autant plus surprenant que le brise-­soleil, tout comme les allèges, la verrière, le garde-­corps, les bardages et le mur-rideau bénéficient du tarif d’achat le plus élevé appliqué aux systèmes intégrés au bâti selon cet arrêté du 10 juillet 2006. Et il n’est pas prévu que cette disposition change dans le projet d’arrêté fixant les nouveaux tarifs d’achat de l’électricité dont la parution est attendue depuis septembre 2009. Un triple compromis Avec 700000 milliards de kWh/an d’énergie solaire potentielle, la France reçoit l’équivalent de la production annuelle de 100000 réacteurs nucléaires. Mais tous les systèmes n’apprivoisent pas l’énergie solaire de manière optimale. L’efficacité énergétique d’une installation photovoltaïque dépend grandement de l’inclinaison des modules et de leur durée d’ensoleillement. C’est pourquoi, elle est généralement meilleure sur un projet de toiture où il est plus aisé de profiter des conditions optimales de mise en œuvre : à savoir un ensoleillement plein sud, une implantation dégagée de toute ombre portée et une inclinaison d’environ 30°. À titre d’exemple, on estime que la production d’une façade orientée au sud sera en moyenne 30% inférieure à celle d’une toiture de même configuration. Un écart qu’une solution innovante sous forme de brise-­soleil photovoltaïques permet néanmoins de combler. « Mais d’un autre côté, nous sommes aussi sur un équipement actif qui va durer aussi longtemps que la vie de la façade », précise ­Richard ­Loyen. En effet, les modules photovoltaïques en façade présentent toutefois l’avantage de pouvoir remplacer des éléments de façade souvent très chers et donc de n’entraîner que des coûts supplémentaires réduits. « Il faut s’efforcer d’avoir une vision globale de ces équipements de façade plutôt qu’une stricte vision sur le temps de retour du surinvestissement photovoltaïque en vendant des kilowattheures. Aujourd’hui, la façade photovoltaïque doit répondre à un triple compromis : esthétique, car il faut une bonne acceptabilité sociale ; technique, il faut que cela soit faisable et performanciel, que cela fonctionne. » À l’association ­Hespul, le pôle photovoltaïque réalise rarement des études de rentabilité économique pour une installation en façade, car ce type de démarche découle plus « d’un message affiché sur le bâtiment par son maître d’ouvrage que d’une simple histoire de coût. Sauf quand cette installation intervient dans le cadre d’un bâtiment à énergie positive et qu’elle joue un vrai rôle de production d’électricité dans le bilan global. » Pour ­Mélodie de ­l’Epine, peu importe la rentabilité, il est important d’afficher son investissement photovoltaïque en façade pour des raisons pédagogiques à partir du moment où le budget nécessaire est disponible, comme c’est déjà essentiellement le cas en Allemagne. « En général, les architectes qui prescrivent du photovoltaïque, comme Françoise-­Hélène ­Jourda, ­Jacques ­Ferrier, ­Yves ­Jautard ou encore ­Yves ­Belmont, sont des mordus ! » Travailler sur le miroir allemand Aujourd’hui, la puissance du parc photovoltaïque installé atteint 175 mégawatts (MW) et « il y a sans doute encore 200MW qui demandent à être connectés et 2,6GW de demandes de projet solaire, précise ­Richard ­Loyen. Mais il y a un nombre invraisemblable de projets dont aucun ne verra jamais le jour, qui sont entre autres des centrales plein champ (problème d’acceptabilité sociale) et bâti (problème de financement des projets de grande envergure). » ­Richard ­Loyen note que de l’autre côté du Rhin, plus de dix milliards d’euros de projets ont été financés. « Nous sommes en train de travailler à la mise en place d’un séminaire à destination des fonds propres et des investisseurs en travaillant sur le miroir allemand. La seule différence avec nous, c’est qu’ils ont un retour d’expérience de plus de dix ans et des personnes spécialisées dans ce domaine. » Alors patience, insiste le délégué général ­d’Enerplan, « nous n’en sommes encore qu’au début. L’industrie du photovoltaïque n’a que récemment rencontré celle du bâtiment en raison de la spécificité française d’intégration au bâti. » Aujourd’hui, les professionnels qu’il représente attendent un potentiel de marché en termes de puissance installée trois fois supérieur à celui du Grenelle de l’environnement (5,4GW cumulés en 2020). En ne se basant que sur le potentiel du bâtiment neuf et de la rénovation de l’existant, le marché en France métropolitaine atteindrait 13,4GW cumulés fin 2020, uniquement dans le bâtiment. Cette prospective suppose une pénétration prioritaire du photovoltaïque dans le neuf (de 4% des constructions en 2009 à 18% en 2013, 45% en 2015, 70% en 2020) et une pénétration relative dans la rénovation des bâtiments anciens (2% des bâtiments rénovés). Pour ­Mélodie de ­l’Epine, « ce volume est très intéressant et tout à fait réalisable à condition que le soutien politique continue. Mais ce n’est pas la façade solaire qui va tirer le marché, mais la toiture, chez les particuliers et sur les bâtiments industriels. » En toiture ou en façade, cette croissance doit se faire sur des fondations saines et pour cela il reste encore une douzaine de champs de travaux à mener « pour que d’ici trois à cinq ans les problèmes soient derrière nous », conclut ­Richard ­Loyen. « Mais c’est une belle aventure ! » Pour le futur… Julie Niel-Villemin *Depuis 1983, ­Enerplan, l’association professionnelle de l’énergie solaire, agit pour la promotion et le développement de l’énergie solaire et la représentation d’un secteur en plein développement (www.enerplan.asso.fr) **Association de Loi 1901 qui fait la promotion du photovoltaïque raccordé au réseau depuis 1992, année de l’installation du premier système photovoltaïque de France raccordé au réseau. (www.hespul.org) Le bardage solaire : vertical ou à redents ? Solution de haute technologie au rendu esthétique unique et moins onéreuse que d’autres matériaux de bardage prestigieux comme le marbre ou le bronze, le bardage solaire allie le mur-­rideau et la production d’électricité. La société ­Solarcentury propose deux types de bardage solaire : le bardage vertical et le bardage à redents. Le bardage solaire vertical remplace le bardage classique et fournit un revêtement de surface lisse qui s’adapte à tous les types de bâtiments. C’est la solution architecturale qui permet d’installer le plus grand nombre de panneaux solaires par mètre carré. Il offre donc le meilleur rendement électrique pour une surface donnée. Il est conseillé pour les bâtiments ne disposant que d’une surface limitée pour l’installation du bardage solaire. Dans le cas du bardage à redents, le bardage conventionnel est remplacé par des rangées de panneaux solaires tournés vers le soleil. L’électricité produite est ainsi maximale : chaque mètre carré de panneau solaire peut produire jusqu’à 30% d’énergie supplémentaire. Cependant, pour éviter d’obscurcir le bâtiment, les panneaux sont moins serrés, il y en a donc moins par mètre carré. Cette solution est plus économique au mètre carré que le bardage vertical pour une différence d’énergie obtenue minime. C’est la meilleure solution pour les bâtiments disposant d’une grande surface pour l’installation du bardage solaire. Le store solaire Dickson a mis au point la première toile de store photovoltaïque, réalisée en partenariat avec ­Somfy, leader européen des moteurs et automatismes pour l’animation des ouvertures de la maison. Protection solaire intelligente, cette toile permet de générer une énergie renouvelable tout en assurant une protection solaire optimale. Avec une commercialisation prévue fin 2010, cette innovation permet l’enroulement, et peut même épouser les formes relativement complexes de structures existantes. Les sites d’implantation visés par ­Dickson sont non seulement des bâtiments (maisons individuelles, mobilier urbain, immeubles collectifs, bureaux, habitations…), mais aussi des supports mobiles tels que le camping-­car qui pourra s’autoalimenter grâce aux cellules photovoltaïques. Le principe est simple : cette toile de store intègre des cellules photovoltaïques souples et ultrafines (silicium amorphe). À noter qu’une toile photovoltaïque ­Dickson de 25m2 produit 400kWh par an, l’équivalent d’un an de consommation électrique d’un gros combiné réfrigérateur-congélateur. Le coût de départ, lui, est entre deux et trois fois celui d’un store classique, mais le fabricant table sur une rentabilité sous sept ans. Le total look solaire C’est un choix important d’intégrations du photovoltaïque que ­Reynaers a proposé à la prescription et à la maîtrise d’ouvrage sur son stand à Batimat 2009. 100% de nouveautés pour un panel d’applications qui mettent à l’honneur les vitrages équipés de cellules photovoltaïques, en panneaux standard ou en bi-­verre, partout où il est possible de récupérer cette énergie naturelle : mur-­rideau (SW40), auvent (CW60 Solar), verrière (CW60 Solar), brise-­soleil (BS30 Solar et BS100 Solar) et garde-­corps (RB10 Solar). Tous combinés, ils transforment le bâtiment en une centrale électrique nouvelle génération. Le mur multimédia solaire Avec la mise en place du projet « GreenPix », le premier système photovoltaïque intégré dans une façade en verre a vu récemment le jour en Chine sur un complexe culturel. Depuis 2005, le cabinet d’architecture new-­yorkais ­Simone ­Giostra & Partners travaillait en collaboration avec l’entreprise d’ingénierie ­Arup sur l’élaboration du projet « GreenPix ». Il s’agit d’une technologie multimédia digitale et durable installée sur le mur d’un complexe culturel situé à Pékin. Le « Media Wall » contient de nombreuses LED de couleur. L’écran est alimenté grâce aux cellules photovoltaïques intégrées au verre extérieur. Celles-ci captent la lumière solaire, ensuite stockée pour être réutilisée en énergie. Résultat : un écran de 2200m2 comprenant 2292 LED de couleur.