La forêt amazonienne est la forêt tropicale la plus étendue et la plus diversifiée au monde. Elle héberge près de 16 000 espèces d’arbres. Mais seulement deux cent de ces espèces, soit à peine plus de 1 % d’entre elles, sont à l’origine de la moitié de la production de bois et du carbone stocké en Amazonie, selon une étude du réseau Rainfor, dont les résultats ont été publiés dans Nature Communications le 28 avril.
Grâce à un vaste jeu de données, récoltées sur 500 parcelles forestières et 200 000 arbres, les chercheurs du réseau Rainfor ont pu comparer l’abondance, la capacité de stockage de biomasse et la production de bois de 3600 espèces d’arbres. Ces comparaisons ont montré que les espèces les plus abondantes de la forêt amazonienne n’étaient pas celles qui stockaient le plus de carbone. Au contraire, certaines espèces rares (1 arbre sur 1000), comme Bertholletia excelsa, connue pour ses noix du Brésil, sont classées parmi les meilleures pour stocker du carbone (3e rang) et produire du bois (4e rang).
« La biodiversité de la forêt amazonienne est en réalité constituée de nombreuses espèces d’arbres de petite taille, en sous-bois, qui stockent peu de carbone. Les espèces de grandes tailles sont plus rares. Ce qui explique en partie nos résultats », précise Sophie Fauset, l’auteur de l’étude, basée à l’Université de Leeds en Grande-Bretagne.
« Alors que les espèces de sous-bois poussent relativement lentement et meurent avant d’arriver en pleine lumière, les espèces de canopée profitent d’un éclairement plus important pour avoir des niveaux de production de bois bien plus élevés. C’est dans ce pool d’espèces de canopée que se trouvent les essences commerciales majeures de l’Amazonie », ajoute Bruno Hérault, chercheur du Cirad basé en Guyane française et co-auteur de ce travail.
Comprendre le cycle du carbone, un défi pour affronter le changement climatique
« La forêt amazonienne stocke des milliards de tonnes de carbone qui contribueraient à accentuer l’effet de serre si elles étaient relâchées du jour au lendemain dans l’atmosphère », souligne Michelle Johnson, de l’Université de Leeds, co-auteur de l’étude.
Mais dans un écosystème aussi étendu et diversifié que la forêt amazonienne, comprendre le cycle du carbone est autant un défi qu’un casse-tête pour les scientifiques. « Ces résultats risquent d’évoluer du fait que l’Amazonie est aussi affectée par le changement climatique, et certaines espèces à peine remarquées aujourd’hui pourraient jouer un rôle important à l’avenir dans la régulation du climat », précise en effet Oliver Phillips, professeur à l’Université de Leeds.
Source : CIRAD