Selon le docteur Bruno Lafitte, ingénieur éclairage et environnement électromagnétique à l’Ademe, le parc d’éclairage public en France est constitué de 9 millions de sources. En 2005, l’enquête quinquennale, actuellement en cours, qui porte sur l’ensemble des communes du territoire, donnait une répartition de 56% de lampes à sodium, 30% de lampes fluorescentes (vapeur de mercure) et de 14% d’autres sources, dont les lampes à iodures métalliques. Grâce au coefficient de conversion des kilowattheures en dioxyde de carbone établi à 119g de CO2 par kWh (beaucoup moins élevé que le coefficient moyen en Europe qui se situe aux alentours de 500g de CO2 par KWh, car en France la production d’électricité est majoritairement issue de l’énergie nucléaire), le docteur Lafitte est en mesure d’affirmer que la consommation annuelle de l’éclairage public s’élevant à 5,6TWh représente des émissions de CO2 de 670000 tonnes par an. Or, si les meilleures technologies existantes offrent la possibilité de diviser ces émissions par deux, l’obligation faite aux pays industrialisés, dont la France, est bien de les diviser par quatre à l’horizon 2050. « Pour cela, il faut compter sur les évolutions technologiques des sources. À ce titre, les LED présentent un potentiel très intéressant en éclairage public car elles présentent des atouts spécifiques comme s’allumer et s’éteindre en un temps très court, atteindre immédiatement leur intensité nominale, offrir la possibilité d’être raccordées directement à des sources d’énergies renouvelables et, enfin, présenter une bonne efficacité en période de grand froid. » Si le recours aux LED n’est encore que ponctuel dans le domaine de l’éclairage public, par exemple pour l’éclairage des voies de circulation, pour Olivier Monié (Citéos/Vinci Énergies), spécialiste des questions d’éclairage au Serce (Syndicat des entreprises de génie électrique et climatique), « dans cinq ans, cette technologie devrait être monnaie courante car elle est vouée encore à énormément évoluer ». Dans la mise en lumière de façades, cela fait en revanche une bonne dizaine d’années, pour les plus avancés, que cette technologie, même si elle est loin d’être majoritaire, est appliquée. « Chez Philips Lighting, la première réalisation date en effet de l’année 2000, ce qui correspond à l’arrivée à maturation technique et économique de nos produits », précise -Christophe -Bresson, Marketing & Corporate communication manager. Et pour lui, il ne fait aucun doute que la marge de progression à venir des LED est énorme. « En efficacité, c’est–à-dire en quantité de lumière émise par rapport à l’énergie consommée, une LED représente aujourd’hui, avec son système et son luminaire (soit le système complet), 60 à 70 lumens par watt. Or la LED à elle toute seule en est à plus de 100 et, en laboratoire, nous pouvons atteindre 500 lumens ! » Quelle meilleure preuve de cette efficacité grandissante pour les amateurs de symbole que la tour Eiffel en personne ? « Certes, son système a été rénové en 2002-2003, mais nous serions aujourd’hui en mesure aujourd’hui de réaliser l’équivalent en LED. » En ce qui concerne la consommation énergétique, la comparaison avec un objet du quotidien est souvent parlante. Exemple avec la tour des Archives de Rouen, entièrement éclairée par des LED et dont l’exploitation consomme, à en croire -Christophe -Bresson, moins qu’un fer à repasser ! Mais pour Olivier Monié, le coût de l’énergie électrique n’est pas encore suffisamment élevé pour justifier et compenser les travaux de modernisation susceptibles d’être réalisés pour passer en technologie LED. Car tous s’accordent également à reconnaître que le coût d’une telle installation est beaucoup plus important que celui d’une installation classique. Certains parlent d’un coût deux fois plus élevé. Donc, il est impensable pour Olivier Monié d’avoir pour seule motivation le financement de son installation avec l’économie à venir sur la facture d’énergie. Pour lui, des raisons supplémentaires existent comme une remise aux normes, une envie de changement architectural, une durée de vie importante ou encore un entretien limité. « Mais, encore une fois, cette technologie est encore relativement jeune et le recul, à mon sens, pas encore suffisant pour valider les durées de vie annoncées par les fabricants sur la base de tests de vieillissement en laboratoire. » Recul suffisant ou non, les professionnels parlent de 30000 à 50000 heures de durée de vie, soit environ vingt ans. Pour Jean-Michel Trouïs, président de la division Luminaires pour l’éclairage intérieur architectural au Syndicat de l’éclairage (Erco), si la mise en œuvre de sources et de systèmes d’éclairage moins énergivores permet d’apporter des solutions adaptées, c’est avant tout par l’intelligence des projets d’éclairage que nous répondrons aux enjeux énergétiques et environnementaux. Et donc au–delà des performances énergétiques du système LED, faire des économies d’éclairage, c’est aussi éclairer juste en maîtrisant la lumière. Et c’est ce que permet la LED, qui se définit comme une source de lumière ponctuelle, directionnelle, miniature, pilotable et économique. « Apporter de la lumière exactement là où l’on veut et ainsi éviter les nuisances lumineuses, c’est aussi tout l’intérêt d’un tel produit miniaturisé que l’on peut intégrer en façade », insiste Christophe Bresson. Plus qu’une miniaturisation du composant, une autre technologie est en train d’avancer très vite : les OLED (diodes électroluminescentes organiques). « Dans ce cas, ce n’est plus un composant qui va émettre de la lumière mais une surface qui devient lumineuse et il y a beaucoup de perspectives en la matière, notamment pour les bâtiments aux façades en verre. » Si la technologie LED n’est aujourd’hui pas encore la solution la plus pertinente pour chaque projet de mise en lumière, elle est en tout cas en train de le devenir. Et pour preuve, des études réalisées au niveau européen estiment que si les LED ne représentent aujourd’hui que tout juste 10% du marché, elles devraient être présentes à 75% en 2020. Soit dix ans pour faire toute la différence… « Phare… amineux » ! Source : Actes des Journées nationales de la lumière *Ces journées organisées par l’Association française de l’éclairage se sont déroulées les 27 et 28 septembre 2010 à Tours.