Les couleurs sobres et l'aspect brossé sont les principales tendances du moment.  Photo : Lapeyre Les fabricants de lambris bois ne cachent pas que, ces dernières années, le marché stagne. Pour certains, les ventes reculent, d’autres récupèrent des parts de marché existant mais, globalement, il s’agit plutôt d’un jeu de chaises musicales que d’une amorce de reprise. Pourtant, les distributeurs sont optimistes. « Le lambris a toujours sa place, assure Johanna Martin, chef de produit lambris chez Lapeyre. C’est un produit système et, néanmoins, de plus en plus déco. Il est vrai qu’avant, il était plus synonyme de cache-misère, alors que, maintenant, c’est vraiment un atout en mural à part entière avec une valeur ajoutée déco parce qu’il y a beaucoup d’aspects, de finitions, de largeurs de lames et donc une multitude de possibilités. C’est un produit qui s’est modernisé. Il ne faut pas avoir en tête le vieux chalet avec une déco très rustique. Maintenant, on met aussi du lambris avec une décoration moderne : on fait des lames plus larges, on les pose horizontalement comme verticalement, on joue avec leurs largeurs… »   Le mélange de différentes largeurs de lames donne un aspect contemporain à l’intérieur. Photo : Gascogne Wood

Pin ou sapin ?

Les essences les plus présentes sur le marché sont le pin des Landes et le sapin du Nord. La première est très hétérogène et offre différentes qualités, tandis que la seconde est beaucoup plus homogène. Si, auparavant, les fabricants de lambris installés dans les Landes utilisaient en grande majorité le bois local, aujourd’hui, en suivant la demande du marché, ils ont dû rectifier le tir. « Pendant les dix à quinze dernières années, le marché du lambris en pin des Landes s’est nettement affaissé, dit Frédéric Doucet, directeur commercial de FP Bois. Il est passé de 20 millions à 10 millions de mètres carrés, pour stagner aujourd’hui. Cette situation est due en partie à la concurrence directe du sapin ­– il y a une quinzaine, voire une vingtaine d’années, cette essence était relativement peu présente sur le marché français du lambris. Chez nous, elle s’est significativement développée lorsque nous avons voulu accéder au marché dans les zones montagneuses où les consommateurs sont plus habitués au sapin qu’au pin. »   Pour faire face au marché stagnant, les fabricants développent des produits haut de gamme. Photo : Silverwood

Une matière bien travaillée

Pour FP Bois, le parquet et le lambris ont toujours été deux activités parallèles utilisant le procédé standardisé avec des frises de 27 mm d’épaisseur. Aujourd’hui, sur 2 500 000 m2 de revêtements muraux et de sol que fabrique, chaque année, l’entreprise de Mimizan (40), la production de lambris représente entre 1 200 000 et 1 300 000 m2. « La mise en œuvre du lambris est plus complexe que celle de la peinture ou du papier peint, solutions qui le concurrencent indirectement, explique Frédéric Doucet. Cela fait partie des contraintes, mais on remarque tout de même un certain regain d’intérêt pour cette solution décorative, intérêt dû à l’authenticité du matériau. C’est un produit naturel, qui bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle technique de finition et de surfaçage. Avant, sur un produit raboté, on mettait, dans le meilleur des cas, de la couleur et, le plus souvent, du vernis naturel. Le vernis naturel est complètement tombé en désuétude, et l’on commence à jouer avec les aspects de surface : des brossés, des structurés, des vieillis… En plus, maintenant, on arrive avec des finitions couleurs, des cires, des huiles, etc., qui donnent des esthétiques qu’on ne pouvait réaliser avec de la peinture par exemple. » L’entreprise Panneaux et lambris de France (PLF), installée à Bonneuil-Matours (86) et Rochefort (17), mise également sur les solutions techniques. Le lambris représente aujourd’hui 20 % de sa production, et les mots d’ordre sont : esthétique, innovation et qualité. « Les dernières données dont nous disposons nous indiquent que le marché du lambris est globalement stable, dit Philippe Bence, directeur commercial de la société. Or, chez PLF, les ventes de lambris sont en forte croissance, avec un distinguo entre les ventes des produits bruts qui stagnent, et celles des produits finis qui se développent fortement. Nous sommes donc heureux que nos clients aient été sensibles aux choix esthétiques et techniques que nous avons faits dans la création de notre gamme, et principalement : sa conformité aux attentes du marché – la collection « Tradition » pour répondre aux demandes classiques, les collections « Lambris décoratifs » et « Absolu », pour proposer des références haut de gamme, avec des produits séchés à 12 %, des choix supérieurs de bois et des finitions de qualité dans des teintes très actuelles. » L’innovation dans la conception de ces produits se traduit notamment par des finitions nacrées, des supports en bois lamellé-collé pour obtenir plus de stabilité, ou encore un nouveau système d’emboîtement à forte productivité. Les nouvelles finitions permettent d’obtenir des effets de style inédits. Ici, hydrocire et vernis enrichi de nacre. Photo : PLF

Mixité et sobriété

Concurrencés par d’autres solutions de décoration intérieure, comme papiers peints, peintures et enduits, les lambris gagnent aujourd’hui à coexister avec leurs rivaux, sans vouloir forcément occuper le maximum de terrain. « Ces deux marchés ont trouvé leur place car il y a une grande différence entre une esthétique peinture et enduit, et une esthétique bois, remarque Frédéric Doucet. On ne met plus de bois tout autour de la pièce, on met le lambris pour faire un pan de mur, c’est vraiment de la déco. » Les couleurs plébiscitées par les clients sont sobres. Chez Lapeyre, moka et taupe sont les teintes les plus vendues, et les consommateurs apprécient particulièrement les effets brossés qui font bien ressortir le veinage du bois. Une tendance forte qui n’échappe pas à l’attention des fabricants. « Actuellement, la demande du marché va vers des produits larges, explique Philippe Bence. Nous avons donc majoritairement choisi des largeurs comprises entre 135 et 185 mm utiles. Nous avons également travaillé sur les aspects de surface et, principalement, les brossés et les bruts de sciage de deuxième génération, beaucoup plus faciles d’entretien. Ces deux aspects de surface font l’objet d’une forte demande. Quant aux couleurs, nos choix se sont plutôt portés sur des teintes minérales et des variations autour du blanc qui reste une valeur sûre, mais aussi du gris, de l’ocre ou encore du brun. » Verniland Ignifuge, premier lambris bois classé M1, peut être posé aussi bien dans les ERP que dans les habitations individuelles. Photo : FP Bois

Le lambris voit grand

S’introduire sur le marché public signifie pour les fabricants de lambris la possibilité de commercialiser des volumes plus importants que ceux qui sont écoulés sur le marché privé. Rien d’étonnant à ce qu’ils s’intéressent à cette opportunité. « Nous sommes très sollicités pour fournir des lambris répondant aux réglementations en vigueur pour une utilisation dans les lieux recevant du public et nous travaillons sur des solutions techniques qui nous permettront de répondre rapidement à cette demande, dit Philippe Bence. Nous sommes convaincus que ce marché se développera fortement, d’une part pour des raisons écologiques et environnementales, avec notamment l’augmentation de la part du bois dans la construction, d’autre part car les lambris grand format et les nouveaux systèmes d’emboîtement permettront des gains de productivité importants et deviendront des solutions attractives pour les agenceurs. » Néanmoins, proposer des produits qui correspondent aux réglementations en vigueur est seulement un premier pas dans la démarche. Il faut encore les faire connaître auprès des architectes, et la tâche est rude, étant donné la multitude de solutions concurrentes. FP Bois lançait, il y a deux ans, le premier lambris ignifuge du marché, parfaitement adapté aux ERP. Aujourd’hui, les ventes restent confidentielles et, pour changer cet état des choses, le fabricant n’hésite pas à… jouer avec le feu : « J’ai amené un chalumeau sur notre stand au dernier Salon de la prescription à Nantes pour rendre le message plus clair », plaisante Frédéric Doucet. Après le feu, le fabricant landais compte s’attaquer à un autre ennemi du bois : l’eau. « Nous avons un projet de lambris spécifique salle de bains grâce à la maîtrise que nous avons acquise en lançant les bardages, confie le directeur commercial de FP Bois. Cela nous a imposé d’étudier des grammages très importants, d’assurer une bonne longévité de produit, et nous allons appliquer cette technologie à la décoration intérieure. » Traditionnellement, cette famille de revêtements muraux est la plus appréciée dans le Grand-Ouest, les régions côtières ou montagneuses. Photo : Finnforest

Perspectives de développement

Avec toutes ces évolutions techniques et esthétiques, le lambris bois a su s’adapter aux attentes du marché qui, en soi, pour l’instant au moins, est assez limité. « Il est vrai que c’est un produit qui est d’un fort régionalisme, constate Johanna Martin. On en consomme beaucoup dans le Grand-Ouest, dans les régions côtières ou encore en Rhône-Alpes, dans les zones montagneuses. Cela plaît moins peut-être en région parisienne, mais je pense que c’est une solution qui gagne encore à se faire connaître. » Le développement de produits conformes à la réglementation des ERP pourrait ouvrir de nouveaux horizons à ce revêtement mural, à condition d’être accompagné d’une bonne campagne d’information.