Le Luberon, Provence rêvée, retraite ensoleillée, terre de patrimoine et d’écrivains célèbres est en ébullition. Avec la Covid, la crise climatique, la guerre en Ukraine et l’augmentation des coûts de l’énergie, nous aurions pu croire à une réflexion partagée sur les adaptations que ce nouveau monde va nécessiter. Pas dans le Luberon. Les appétits aiguisés de fonds d’investissements, de sociétés imbriquées y voient un placement d’avenir. ils éventrent les hôtels particuliers en cœur de village, ils parviennent à faire modifier les PLU en faveur d’une bétonisation des terres agricoles, les routes et les parkings s’élargissent comme autant de tapis rouges déroulés à leur mégalomanie. La complaisance des municipalités est étonnante et même le parc naturel n’y voit rien à redire. Pire, il voudrait sacrifier l’une de ses propriétés, le château de l’environnement de Buoux, à l’hôtellerie de luxe. Partout le schéma semble le même, comme à Cabrières d’Avignon, où le château nouvellement acquis par des investisseurs devrait devenir un palace avec restaurant gastronomique et spa, le porteur de projet propose sereinement la création d’une route sur les terres agricoles pour contourner les ruelles du Moyen-Âge, les villageois jusque là épargnés par le tourisme de masse réagissent par la création d’une association. À Lourmarin, perle du Luberon, village d’Albert Camus, très touristique… trois mois de l’année, deux projets cristallisent l’incompréhension des habitants. Un hôtel particulier XVIIe du centre bourg a vu son intérieur avalé par les pelles mécaniques dans la torpeur hivernale. Il ne reste que les façades au centre du village, les murs revêtus de fresques et papiers peints du XIXe ont disparu pour donner bientôt place à 14 chambres cinq étoiles, une piscine au bord du Rayet, minuscule ruisseau d’eau pure, descendue droit du Luberon, qui devra digérer les exsudats de l’établissement. Un second projet a également soulevé l’indignation, au point d’être retoqué par la commissaire enquêtrice lors de l’enquête d’utilité publique de fin 2022. Là encore, les règles d’urbanisme devaient être modifiées pour faire rentrer les 3 000 m2 de construction prévues sur trois étages avec 12 m au faitage au lieu des 9 autorisés par le PLU originel, sur la pelouse du parc paysager, classée en terre agricole, de l’unique vieille Bastide du centre village. Toujours à Lourmarin, afin d’accueillir la vague touristique estivale, les parkings actuels vides les trois quart de l’année, se verraient adjoindre de vastes parkings supplémentaires pris entre autres sur les petits jardins patrimoniaux encore à l’arrosage gravitaire traditionnel. En réaction, un élan associatif dont la volonté est de protéger le territoire sans empêcher un développement raisonné, se crée dans le sillage de la fédération locale, Luberon Nature, de fédérations nationales comme Sites & Monuments. L’agence départementale Vaucluse Provence Attractivité, qui s’attache à promouvoir les territoires et ses différentes composantes, annonce la création d’un Club du Tourisme Responsable initié dans le cadre du Plan de transition touristique en Vaucluse, le début d’une prise de conscience au niveau des élus ?
Association pour la protection du patrimoine et de l’environnement de Lourmarin
Communiqué collectif Buoux
On ne veut pas devenir un Gordes bis
Lancement du Club du Tourisme responsable Vaucluse