Le président François Hollande vient d’inaugurer le nouveau département des Arts de l’Islam du musée du Louvre. Il sera ouvert au public à partir du samedi 22 septembre. Ce nouvel espace est situé dans la cour Visconti, l’un des derniers lieux du palais du Louvre qui demeurait encore disponible. Le projet des architectes lauréats, Mario Bellini et Rudy Ricciotti, a relevé le défi de construire un bâtiment d’avant-garde dans un lieu ancien et classé. Les nouveaux espaces muséographiques sont déployés sur 2 800 m2.
Après la restauration, de janvier à décembre 2006, des façades et de la statuaire de la cour Visconti, sous l’égide de l’Architecte en chef des Monuments Historiques du palais, Michel Goutal, une excavation de 12 mètres de profondeur a été réalisée dans la cour. La cavité ainsi créée a permis la réalisation de deux niveaux enterrés, un niveau technique constitué d’un radier, et un niveau parterre constitué d’une dalle en béton armé, l’ensemble est couvert par un voile de toiture en verre et en métal.
Une résille double nappe
Véritable prouesse architecturale, la couverture du nouveau département forme un nuage doré flottant au-dessus de la muséographie. La structure qui la supporte est constituée d’une résille double nappe, de forme libre, réalisée avec des tubes
d’acier de diamètre constant et d’épaisseur variable entre 4 mm et 13 mm, selon les efforts dans ces tubes. Le voile de toiture se compose de trois couches : un ensemble de panneaux de verre, permettant d’assurer l’imperméabilité du complexe, et deux mailles de métal déployé entourant la verrière, de couleur or anodisé, clair et brillant. La maille extérieure sert de brise-soleil et la maille intérieure de plafond. La maille intérieure est complétée par un panneau en nid d’abeille métallique qui, sans réduire le passage de la lumière naturelle, permet de limiter les vues latérales et de révéler des vues directes vers l’extérieur. La géométrie tridimensionnelle de la peau de verre et de métal a nécessité un important travail de modélisation informatique, et cela, afin de déterminer les relations et les angles d’inclinaisons des triangles qui la composent. L’épaisseur de la nappe est variable, déterminée par les exigences d’épaisseur structurelle ; plus haute au droit des appuis sur les colonnes support, plus mince sur les bords, soulignant l’effet ondulé. La surface est composée de 2 350 triangles métalliques dont la projection sur un plan horizontal forme des triangles isocèles rectangles d’environ 1,20 m x 1,20 m. Ils peuvent être ouverts pour en assurer l’entretien. Ce ne sont pas moins de 135 tonnes qui reposent sur huit points d’appui circulaires inclinés.
Un montage titanesque et ultra-précis
Pour monter ce gigantesque jeu d’emboîtement, les quelques 8 000 éléments de la tubulure se sont vus attribuer un numéro, dès leur découpe par un robot en Slovénie, afin de leur assurer une place exacte dans l’ensemble de la construction. Quarante-cinq éléments pré-assemblés ont été acheminés sur le chantier. Une grue de 350 tonnes et de 57,4 m (hauteur sous crochet) a été montée dans la cour Visconti. Elle a permis d’acheminer près de 130 tonnes de tubulures nécessaires à la construction de la verrière, depuis le quai jusqu’à la cour, en les faisant passer au-dessus du bâtiment. Cette grue a été utilisée majoritairement par le lot « Gros oeuvre » pour la phase d’élévation de la cour Visconti, consistant à couler le béton (dalles, radiers, voiles), placer les éléments préfabriqués et poutres métalliques, etc., et occasionnellement à l’évacuation des engins de chantier. û Cracovie, dans l’atelier de fabrication de la charpente, puis à Paris, lors de la phase finale, l’excellence de l’assemblage a été vérifiée par les moyens de mesures les plus précis. Pour faire face à l’innovation, sur ce chantier hors normes, la structure a été homologuée par une procédure spécifique, un ATEX (Appréciation Technique d’Expérimentation), visant à tester la résistance à la charge de neige, à l’échauffement et à la dilatation entre verres et joints pour s’assurer de leur étanchéité et, également, la tenue dans le temps de l’ensemble du complexe. Il était enfin crucial de vérifier l’absence de point de stagnation des eaux de pluies, alors que certaines pentes sont inférieures à 10%.