Si le gros du marché appartient encore au verre, ­Denis ­Bauer, directeur des ventes de Kaysersberg Plastics est certain que le polycarbonate gratte chaque année des parts de marché. Pour ce qui est du polycarbonate alvéolaire, spécialité de cette marque alsacienne, « puisque les ventes ont augmenté en 2009 de 5 à 10% par rapport à 2008 alors que les mises en chantier ont été moins nombreuses, nous avons forcément mangé des parts de marché à quelqu’un » ! Chez ­Onduline, la totalité du marché concerné par les produits de la gamme ­Onduclair (simple peau, panneaux sandwichs) est estimée à 5 ou 6 millions de mètres carrés par an et la marque y détient 50% de parts de marché. Comme de nombreux matériaux, l’image du plastique a donc connu une évolution grâce à l’amélioration de sa qualité. Si les années 1960 ont assisté à la naissance du polyester et 1965 à celle du PVC, les années 1980 ont, elles, révélé le polycarbonate. De génération différente, ils répondent tous aux besoins d’éclairement des bâtiments, mais avec des propriétés différentes (esthétiques, physico-­chimiques, mécaniques…). Handicapé par un mauvais vieillissement en toiture de son prédécesseur PVC, après des progrès chimiques significatifs, le polycarbonate pour sa part est l’un des polymères les plus avancés en usage actuellement dans l’industrie des plastiques. En revanche, la résistance aux attaques chimiques reste son talon ­d’Achille. « Les produits basiques résistent en effet mal aux attaques de produits dont le pH est supérieur à 7, mais il s’agit là de cas extrêmes », insiste ­Denis ­Bauer. Se destinant en priorité dans le bâtiment industriel à des utilisations en voûtes zénithales, lanterneaux et autres exutoires de fumée, le polycarbonate n’en demeure pas moins un matériau apprécié pour la réalisation de serres grâce à sa forte résistance à la grêle et pour les annexes de type vérandas. Sa résistance aux impacts serait 200 fois supérieure à celle du verre et les avantages ne s’arrêtent pas là. Léger et isolant En ce qui concerne la transmission lumineuse, « si elle atteint pour le verre 95%, celle du polycarbonate est de 80 à 85%, précise ­Denis ­Bauer. Le principal c’est que la lumière soit là et, au contraire, je vends plus de plaques opales qui n’ont que 50% de transmission lumineuse, car l’opale dispose d’une teinte diffusante suffisante, par exemple pour un gymnase. » Pour ­Philippe ­Auger, directeur général ­d’Onduline, cette transmission lumineuse est tout simplement « la qualité première du polycarbonate. D’autant qu’au bout de dix ans, elle reste pratiquement la même. » La légèreté du matériau est également un argument de poids face au verre, car elle facilite grandement le transport et la mise en oeuvre et n’empêche en rien une bonne isolation. La preuve avec les plaques en polycarbonate alvéolaire de Kaysersberg Plastics, son cœur de métier, dont l’épaisseur varie entre 4 et 50mm. Pour le ­Akyver Panel 50 qui se destine au bardage, dernier produit en date lancé à Batimat 2009 et validé par un Avis technique en novembre également, le coefficient d’isolation thermique atteint même 0,83m2.K/W. De son côté, ­Onduline propose dans sa gamme « couverture-­éclairement », des panneaux sandwichs éclairants, lumineux et thermo-­isolants : Isoclair. Il s’agit d’une plaque de polycarbonate simple paroi et d’une plaque de polycarbonate alvéolaire 4mm reliées entre elles par des entretoises et des pontets en polycarbonate sur la périphérie des panneaux. Face au verre qui est passé du simple au triple vitrage, le polycarbonate se devait d’en faire autant s’il voulait rester dans la course. « Il y a encore dix ans nous vendions du 16mm, puis nous sommes passé du 16 au 25mm, du 25 au 32mm et aujourd’hui nous en sommes au 50mm. Du coup le verre se doit de passer en triple couche, mais vous imaginez le poids et le coût de ce verre ? », surenchérit ­Denis ­Bauer. Surtout présents dans le secteur du bâtiment industriel, « ces produits haut de gamme se destinent ainsi à une utilisation en couverture de bâtiments industriels chauffés qui appellent des économies d’énergie ». Répondre aux futures exigences réglementaires thermiques, c’est bien là tout le défi à relever pour conquérir encore plus de parts de marché. « Être à la pointe de l’innovation avec des produits très isolants, c’est toute notre ambition. C’est d’ailleurs pour cela que nous vendons plus dans des pays avant-­gardistes comme l’Allemagne, la Suisse, la Suède qu’en France même. Il y a toujours un décalage de cinq ou six ans », constate de façon frustrante ­Denis ­Bauer. En vingt ans, le matériau a donc considérablement amélioré son image et puisqu’il est bien connu que le plastique c’est fantastique, pourquoi pas en couverture ? Julie Niel-Villemin