La formation comme solution pour étendre le zinc en toiture

Poser du zinc ne s’improvise pas, aussi un savoir-­faire est indispensable. Mais avec les difficultés de renouvellement des générations que connaît la profession, la transmission de ce savoir se fait de moins en moins au sein même des entreprises de couverture. Afin que le zinc continue de se répandre en toiture, les fabricants se doivent donc de pallier ce manque de formation de professionnels avérés ou en devenir. Les professionnels du zinc opposent souvent la pose de leur matériau à celui de la tuile, répandue sur plus de 70 % des toits en pente de maisons individuelles françaises. Car, en plus de l’étape délicate de la pose, le zinc livré sur le chantier sous forme de feuilles ou de rouleaux doit subir une étape de façonnage. Pour ­Fabien ­Moulin, responsable marketing et communication VM Zinc, « afin d’appréhender les impératifs contenus dans le ­D.T.U. 40-41 “Couverture par grands éléments en feuilles et bandes, en zinc”, une formation est indispensable ». En plus d’un savoir-­faire impérieux, le métier reste dur et « la motivation de jeunes recrues pas évidente ». C’est pour cela que VM Zinc s’attelle à la rencontre des futurs couvreurs zingueurs au sein des lycées professionnels et des Centres de Formation pour Apprentis (CFA) « pour leur faire découvrir ce métier ».

VM Zinc

Photo : VM Zinc

Pro-Zinc c’est 1 200 personnes formées par an

Depuis les années 80, avec notamment les réalisations de l’architecte ­Claude ­Vasconi, le zinc a un nouveau visage, celui d’un matériau d’architecture contemporaine. Au gré du temps, le zinc a su moderniser son image « hausmannienne » des toits parisiens. « Aujourd’hui un certain nombre de couvreurs se disent qu’il y a un marché. » Mais pour ­François ­Clauss, gérant de Bemo ­France, cela ne suffit pas pour se lancer dans l’aventure. « Il est vrai que très peu de sociétés sont capables d’honorer des demandes de pièces architecturales en zinc aux formes complexes mais face au zinc il y a aussi la forte concurrence de l’acier. » Aussi a-t-il préféré renoncer à mettre en œuvre le zinc au profit d’autres matériaux comme l’acier. À la différence de ­François ­Clauss qui pense qu’en France il y a peu d’amateurs à la formation même si des heures sont prévues à cet effet, VM Zinc a investi sur ce créneau. Dans les années 90, la société a créé son premier centre de formation à Bray-et-Lu dans le ­Vexin, rejoint en 2000 par le centre de ­Viviez dans ­l’Aveyron, tous deux gérés par un service de formation agréé, ­Pro-Zinc®. Au programme : des formations sur deux à trois jours et cinq modules principaux comme la connaissance du zinc, la technique de couverture à joint debout, à tasseaux, ou encore l’abergement. « Nous n’attendons aucune contrepartie financière des entreprises si ce n’est qu’elles promeuvent nos produits et surtout que la transmission du savoir-­faire se fasse aussi entre les couvreurs nouvellement formés et les futures recrues. Nous ne faisons que pallier ce manque. » En plus de ces centres de formation, VM Zinc met en place une assistance technique sur le chantier et un service de bureau d’étude. « Aujourd’hui nous disposons de cinq techniciens pour aider au démarrage des chantiers tout au long de l’année, c’est une autre forme de formation, in situ. Au final, nous n’avons jamais formé autant de couvreurs que depuis deux ou trois ans. » Au total, 1 200 personnes par an. Mais avec un marché en expansion et un défaut de main-­d’œuvre, le risque avancé par ­Fabien ­Moulin est de voir arriver ce savoir-­faire de l’étranger. « Il y a une grande culture du zinc en Europe du Nord et de l’Est. C’est un devoir qui s’impose à tous les fournisseurs de promouvoir la mise en œuvre de produits techniques. VM Zinc l’a bien compris et le succès de ­Pro-Zinc en est la confirmation. »

Interview de Jean Ognov, responsable formation Rheinzink

Rheinzink

Photo : Rheinzink

La formation est-elle pour vous la solution qui favorisera le développement du zinc en toiture ? Au jour d’aujourd’hui, le souci c’est effectivement le manque de formation et la méconnaissance des domaines d’application du produit zinc mais, historiquement et aussi par tradition, il y a de toute façon des régions où le zinc est peu présent. En France, le gros marché du zinc, c’est Paris et l’autre créneau, c’est tout ce qui se fait en évacuation d’eau pluviale. Grâce à notre expérience plus ancienne en Allemagne, nous avons le recul de savoir ce que donne une politique axée sur la formation des entreprises. Il y a 40 ans, quand ­Rheinzink a créé son laminoir, la société a monté trois écoles de formation ce qui a permis de développer le marché. Donc c’est bien la preuve que c’est une solution ? Il ne faut pas oublier que cette solution a fait ses preuves sur le marché allemand. Vous pensez que cette solution peut faire ses preuves sur le marché français ? Oui, oui. Le fait est qu’en Allemagne on a très vite développé d’autres systèmes de couverture que le système classique qu’on a en France, à savoir la couverture à tasseaux. Outre-Rhin, on est très vite arrivé au joint debout alors qu’en France cette technique tend seulement à se développer depuis à peu près 20 ans. On a gardé, en France, un goût pour la tradition, mais avec l’évolution des techniques, le bardage, l’arrivée des énergies renouvelables, on cherche maintenant à découvrir de nouveaux savoir-­faire. Qu’est-ce qui vous a décidé à mettre en place des formations en France ? Au début, en arrivant sur le marché français, nous avions créé une cellule d’assistance chantier. Des couvreurs de formation de chez nous allaient assister les entreprises pour le démarrage des chantiers. Or, nous nous sommes aperçus qu’il y avait d’une part un besoin énorme et d’autre part un manque de formation. En simple qualité d’assistant chantier, nous avons été confrontés à des entreprises qui n’avaient pas une connaissance approfondie des outils ! Or, la technique de couverture zinc demande un outillage bien spécifique. Nous leur avons permis de se perfectionner en leur offrant un service et un conseil. Où se passe la formation ? Nous nous sommes aperçus en Allemagne qu’il était difficile de faire se déplacer les entreprises pendant une semaine. Aussi, nous avons décidé d’aller au-­devant des entreprises par l’intermédiaire de leurs négoces. Double avantage de notre « formation itinérante » : pour les entreprises, une formation dispensée proche de leur lieu de travail, pour les négoces, une meilleure connaissance de leurs clients. En France, nous fonctionnons depuis mai 2007 de la même manière. Les formations sont donc à la demande des entreprises et des négoces, ces derniers devant faire la démarche de réunir le nombre de participants souhaité (en moyenne huit à dix personnes). Pour couvrir tout le territoire, nous avons divisé la France en secteurs, chacun en rapport avec une semaine du mois*. Les stages ont démarré en septembre et se poursuivent jusqu’en avril et je suis complet tous les mois. En quoi consiste-t-elle ? Premièrement, elle se déroule sur deux jours et demi avec une demi-­journée de partie théorique et deux jours de pratique sur des maquettes. Nous formons principalement les entreprises à la technique de couverture du joint debout mais nous développons aussi tout ce qui concerne la couverture solaire et le bardage. Ces thèmes se répartissent ente les stages A, B et C (A : acquisition des techniques du joint debout ; B : les toitures complexes ; C : les produits de bardage, les couvertures spécifiques et la couverture photovoltaïque). Combien coûte une formation ? Nous demandons un forfait au négoce. Le montant du forfait varie selon le module, le lieu et le nombre de participants. Quelle est la principale motivation des entreprises ? Améliorer la connaissance de leurs employés. Elles suivent nos formations pour acquérir de nouvelles techniques, se perfectionner parce qu’elles sont sur le point de réaliser un chantier, ou parce qu’elles souhaitent se positionner sur de nouveaux marchés et chantiers. La demande est particulièrement sensible dans les grandes villes, comme Paris, Lyon, Bordeaux et Rennes. *Région du Nord : 1re semaine du mois ; région Ouest : 2e semaine du mois ; région parisienne : 3e semaine du mois ; région du Sud : dernière semaine du mois.