Des chercheurs Inra de l’unité DynaFor de Toulouse ont étudié les conditions économiques prévalant à l’amélioration de la commercialisation du bois en France. Face à une offre dispersée, peu concentrée et très hétérogène, les entreprises du bois d’industrie (pour la fabrication de pâte à papier ou de panneau) mais aussi du bois d’¦uvre (pour le sciage, déroulage ou placage) apparaissent concentrées. Les aides à la modernisation du secteur du sciage du bois ont ainsi favorisé la concentration des unités de transformation et ont creusé l’écart entre une offre émanant de petits ou de moyens domaines forestiers et la demande, contribuant à une faible augmentation de la production finale de bois sciés (9,05 millions de m3 en 1970 contre 9,83 millions en 2004). Il existe une grande diversité de procédures de commercialisation du bois en France : sur une récolte annuelle évaluée autour de 36 à 37 millions de m3, on estime qu’entre 54,6 à 54,5 % des volumes sont vendus directement par gré à gré, approximativement 18,9 à 18,4 % s’écoulent via des contrats commerciaux d’approvisionnement pluriannuels et entre 26,5 et 27,1 % sont vendus par des procédures d’enchères. La vente directe est donc la plus commune. Cependant, ce type de commercialisation ne remporte pas nécessairement la faveur des propriétaires forestiers. Elle ne satisfait pas non plus les gros industriels. Les premiers évaluent ainsi difficilement la valeur marchande de leurs bois et les seconds déplorent le renchérissement des coûts de transaction (prospection de l’offre, évaluation des coupes …). Ces coûts s’accroissent d’autant plus que l’offre est dispersée sur le territoire et concerne de petites quantités; autant de contraintes ne satisfaisant pas à une demande de bois en quantité importante et en qualité régulière exigées par les importants consommateurs de bois destinés à la pâte à papier ou aux sciages standards. L’intérêt serait donc de remplacer les ventes de gré à gré entre les propriétaires forestiers et les industriels par des contrats d’approvisionnement pluriannuels, proposés à la vente à tous les industriels notamment par des procédures d’enchères. Ces contrats sont pour le moment insuffisants et sont encore soumis aux aléas du marché des bois transformés. De nouvelles modalités de coopérations sont donc à envisager pour dépasser les conflits d’intérêts et converger vers un management intégré, prenant en considération les caractéristiques d’une offre atomisée, dispersée et faible d’une part et celles de la demande concentrée et importante d’autre part. Depuis 2004, se mettent ainsi en place des plans de développement forestier incluant les petits propriétaires. Ces plans de développement apparaissent désormais comme un levier de la structuration de l’offre. Ils peuvent aussi être complétés par une nouvelle sorte de vente des bois. La vente se fera sur pied classiquement si l’exploitation qui est à la charge de l’acheteur n’a pas un coût rédhibitoire; sinon ce sera une vente en bois rendus dépôt, avec une exploitation à la charge du vendeur et à la condition que celui-ci en diminue son coût en regroupant sa vente avec d’autres exploitations. Une gestion plus collective des petites forêts privées par des experts forestiers ou la création d’agences communes de gestion de ce type de forêts complèteraient ce dispositif. Les ventes des bois par enchères concerneraient alors les bois de qualité tandis que les contrats pluriannuels, associés à une meilleure gestion du risque de la variation des prix du bois, intéresseraient les bois de qualité standard. Ces propositions pourraient aider à accroître la mobilisation des bois en France.