Avec une surface construite estimée approximativement à 3,5 milliards de mètres carrés et un taux de renouvellement avoisinant 1% par an, le parc immobilier existant constitue un gisement d’économies d’énergie de premier ordre. On le sait, l’’amélioration thermique de ces bâtiments passe avant tout par celle de leur isolation : 700000 logements seraient par exemple à rénover chaque année. Dans ce contexte, l’’isolation par l’’extérieur, ou ITE, devrait voir ses parts de marché exploser. Sans compter la construction neuve où ces systèmes ont également toute leur place, notamment dans les bâtiments THPE, BBC et passifs. De nouveaux intervenants Plutôt utilisée jusqu’’à présent dans l’’Europe du Nord, l’’isolation par l’’extérieur représente aujourd’’hui 7% du marché de l’isolation en France. Un marché qui, avec seulement 5 à 6 millions de mètres carrés posés par an, demeure très loin derrière celui de l’’Allemagne (40 millions de mètres carrés par an) ou de la Pologne (38 millions de mètres carrés par an). En 2008, cependant, on a enregistré un bond de 30% ! Preuve que la solution séduit de plus en plus. Il faut dire qu’’elle a de nombreux avantages : suppression des ponts thermiques de structure, inertie renforcée, gain de surface habitable… Pour aider au développement de l’ITE, les industriels sont de plus en plus nombreux à présenter des systèmes sur ce marché. Au-­delà de l’’offre produits, c’est, pour certaines professions, un savoir-­faire supplémentaire à apporter : « L’’ITE ne concerne plus seulement les peintres ou les façadiers, explique ­Vincent ­Hannecart, directeur Marketing et développement de Saint-Gobain Isover. De nombreux corps de métiers s’’y intéressent désormais et ces nouveaux acteurs attendent des réponses précises en termes de mise en œoeuvre. » Charpentiers, menuisiers, couvreurs, maçons… voient donc dans ce marché porteur de nouvelles perspectives pour leur activité. Et la diversité des solutions proposées ne peut que populariser la technique, à condition de respecter les règles de l’’art, pour assurer efficacement la mission d’’isolation et éviter les désordres. Des arguments de poids Le bénéfice évident d’une ITE, pour le bâti, réside dans l’’amélioration considérable des performances thermiques par la réduction des déperditions énergétiques et la suppression des ponts thermiques. En plaçant l’’isolant à l’’extérieur de l’’enveloppe, le pont thermique est traité puisque l’’isolant est continu, contrairement à l’’isolation par l’’intérieur où cette continuité n’’est pas assurée, notamment au niveau du plancher intermédiaire. Mais on ne saurait limiter l’’intérêt de l’’isolation thermique par l’’extérieur au simple traitement des ponts thermiques. L’’ITE a en effet bien d’’autres avantages. Elle permet par exemple de profiter pleinement de l’’inertie thermique naturelle de la maçonnerie, un paramètre déterminant avec la prise en compte du confort d’’été par la réglementation thermique ; ainsi, en plaçant l’’isolant à l’’extérieur, on laisse la possibilité aux murs d’’échanger des calories avec la pièce intérieure, ce qui ne peut être le cas avec une isolation par l’’intérieur où l’’isolant fait écran. Autre atout de taille, apprécié surtout en rénovation, l’’ITE permet de conserver la surface habitable du bâtiment, alors qu’’en isolant par l’’intérieur, on sait qu’’on peut perdre jusqu’’à 7% de cette surface. Avec l’’ITE, on peut aussi augmenter l’’étanchéité des murs aux bruits, à l’’eau et à la condensation (évacuée par la lame d’’air). Pendant le chantier, sa mise en œoeuvre est très rapide et offre un plus grand espace de travail. Les travaux étant réalisés à l’’extérieur, les occupants ne sont pas perturbés. Enfin, les nombreuses finitions proposées permettent de personnaliser la façade ou de la moderniser. Des solutions variées Un procédé d’’ITE comprend un isolant appliqué sur le mur et une peau extérieure qui protège l’’isolant de la paroi et des agressions extérieures. On distingue quatre grands systèmes. L’’enduit mince sur isolant se compose de l’’isolant collé sur le mur (généralement du polystyrène expansé) et d’’un enduit spécifique armé d’un tissu de fibres de verre et de l’’enduit de finition. Si le support ne permet pas le collage, la fixation mécanique s’’impose. Autre solution, proche de la précédente, l’’enduit hydraulique sur isolant ; ici, l’’enduit mince est remplacé par un enduit hydraulique (mortier) généralement projeté. La tenue aux chocs dans les endroits exposés est meilleure et l’’entretien plus aisé en zones urbaines. Avec les bardages, l’’isolant est fixé au support puis accueille des pierres minces, des carreaux de céramique, des panneaux de bois, de zinc, d’’alu… ou des contre-­murs en brique. Quant aux vêtures, elles sont constituées d’’éléments préfabriqués en usine comprenant un isolant et une plaque de parement. L’’isolant le plus utilisé ici est le polystyrène expansé moulé. Le parement peut être constitué de divers matériaux tels que la tôle d’’acier, la tôle d’’aluminium, le polyester armé ou le PVC. La mise en oeœuvre par fixation mécanique est simple. Le choix du système d’’ITE prend en compte plusieurs paramètres : intégration au site (choix de l’’aspect de finition et de couleur), réglementation (sécurité incendie notamment, par exemple pour des ERP), type de mur, exposition de la paroi au vent et à la pluie, accessibilité au système d’’ITE en place (problématique de la résistance aux chocs et aux dégradations)… Dans son cahier 2929, le CSTB a introduit le classement ­reVETIR afin d’’aider au choix des systèmes d’’isolation par l’’extérieur en faisant des recommandations d’’emploi. Enduits, bardages ou vêtures, les nouveautés fleurissent sur le marché de l’’ITE (voir notre sélection dans les encadrés). Cherchant à innover, les spécialistes de la technique élargissent leur offre tandis que les nouveaux venus lancent des solutions inédites, l’’objectif étant de se placer sur ce marché tant convoité. Gageons que cette concurrence aura pour conséquence de faire baisser les prix, car le coût de l’’ITE reste encore aujourd’’hui un frein à lever.