Avec l’arrivée des machines à projeter en France dans les années 70, la pose de l’enduit, autrefois exercée à la main par le maçon, est devenue un nouveau métier : celui de façadier. Tout est venu des industriels comme Weber et Broutin ou Lafarge, qui ont mis au point des mortiers à base de ciment ou de chaux applicables en extérieur et qui pouvaient être projetés à la machine. Le mortier est aujourd’hui préparé dans le malaxeur de la machine à projeter ; transféré dans la trémie de réception, il est repris par une vis sans fin qui entraîne la pompe à vis qui a pour fonction d’emmener le mortier avec une pression suffisante jusqu’à la lance de projection. De là, le mortier est projeté au mur grâce à de l’air comprimé fourni également par la machine. « Ce sont toutes les tâches pénibles de manutention entre la préparation du produit et son acheminement sur le mur qui sont supprimées », explique Christian Catherine, directeur commercial pour Lancy. Résultat : non seulement un gain de temps considérable, mais aussi un mortier plus homogène et un travail moins pénible. « Il n’y a certainement plus personne en France pour faire de l’enduit à la main », estime Giovanni Buonanno, responsable des ventes chez Bunker. Un équipement qui a fait ses preuves Une machine à projeter, c’est d’abord un moteur qui entraîne un malaxeur dans lequel se mélangent la poudre et l’eau. Une vis de pompage emmène la préparation jusqu’à la lance de projection. Cette dernière projette l’enduit sur le mur qui est ensuite travaillé par le façadier. Enduits traditionnels, enduits monocouches (le plus fréquent en France), rejointoiement, joint de pierres ou de briques, injections au niveau des fondations ou de soutènement… la machine à projeter sert à de nombreuses applications. Toutes ces opérations peuvent d’ailleurs s’effectuer avec la même machine après avoir adapté le réglage de pression et de débit au travail à réaliser. La machine à projeter a beaucoup évolué ces dernières années ; si la technique est restée la même, tous les systèmes mécaniques à entraînement par courroie ont été remplacés par de la transmission hydraulique plus fiable et plus souple d’utilisation. Cela mis à part, « ce sont surtout la sécurité et le confort d’utilisation qui ont changé », note Giovanni Buonanno. Les machines se sont ainsi peu à peu dotées d’options comme l’aspiration des poussières, l’insonorisation du moteur ou encore l’automatisation de certaines tâches. Pour Christian Catherine : « Le prix reste un des critères de choix principaux avec la qualité et la proximité du service après-vente. » Car nécessaire, le matériel n’en représente pas moins un investissement coûteux qu’il faut savoir utiliser. « Il faut d’abord respecter les dosages en eau et en produit pour obtenir un rendu homogène et une couleur uniforme. Il faut ensuite bien préparer le mur à traiter en tirant notamment les aplombs, et, aussi, respecter les températures ambiantes », explique Walter Baffioni, responsable commercial chez Imer France. Le matériel nécessite enfin un soin particulier. Il faut privilégier l’entretien et le nettoyage après chaque utilisation car cela conditionne la durée de vie et le bon état d’une machine. Électrique ou thermique Selon Christian Catherine : « Lorsqu’on recherche la polyvalence, il faut une machine thermique, car celle-ci est plus puissante. Sous certaines réserves, elle permet de faire des enduits à base de terre et paille ou des enduits à base de chaux et chanvre. » Plus grande, plus performante, mais aussi plus chère, la machine thermique est la plus fréquente (environ 95% des machines en France). Elle est idéale pour l’application d’enduits monocouches ou d’enduits traditionnels, car, avec un débit théorique d’environ 60l/min, il est possible de réaliser de 150 à 200m2 d’enduit par jour. Elle s’emploie également pour toute application de mortier comme le rejointoiement, les joints de pierres ou de briques… L’autre atout est son autonomie, car, fonctionnant avec du gasoil, elle convient aux chantiers en construction neuve, sur lesquels on dispose rarement du courant. Une machine électrique est au minimum dix fois moins puissante qu’une machine thermique, mais « ce n’est pas comparable, car  elles  ne sont pas utilisées pour les mêmes applications, et les produits pompés sont généralement différents ; les machines électriques sont plus appropriées pour les produits organiques », précise le directeur des ventes de Lancy. La machine électrique est principalement employée sur des chantiers en rénovation et pour l’application de certains revêtements. Ainsi, tout ce qui est RPE, revêtements plastiques épais, est surtout mis en œuvre à la machine électrique, car ce sont des produits chers avec une petite consommation. « Sur un RPE, on consomme 2kg/m2, tandis qu’avec un enduit ciment, on va consommer entre 20 et 30kg/m2. Avec une petite machine à projeter électrique, les pertes de produit non utilisé sont beaucoup moins importantes dans une trémie de 70l que dans une trémie de 200l », ajoute Christian Catherine. Pour PFT, spécialiste des machines à projeter électriques : « La machine électrique est plus écologique en termes de rejet de CO2, plus silencieuse, et parfaitement adaptée au marché actuellement. L’évolution technique dans le domaine de la construction renforce l’intérêt des utilisateurs pour ce type de machine. » Ses points forts restent sa polyvalence (enduits extérieurs, intérieurs, chape liquide, ragréage, injection) et un coût d’entretien et d’investissement minimaux. Environ 3500 entreprises font de la façade en France, et le marché de la machine à projeter est, la plupart du temps, assez stable. Mais, avec la crise, les clients ont cessé d’investir dans de nouveaux matériels, et les fabricants de machines n’en seraient qu’à 50% des ventes de l’année dernière. Reste un point positif : le développement de la demande en petites machines électriques, lié à l’intérêt croissant pour les enduits sur isolants. « On constate une utilisation de plus en plus fréquente dans les travaux de rénovation, explique le responsable commercial d’Imer France. Nous espérons beaucoup du marché de l’isolation par l’extérieur qui semble très porteur. »