Alors que la RT 2012 est en passe d’être appliquée, la consommation d’énergie liée à la construction, puis à la déconstruction des bâtiments prend une part de plus en plus importante dans le bilan global énergétique. Il devient donc nécessaire de penser à diminuer aussi cette consommation.
Qu’est-ce que l’énergie grise ?
L’énergie grise d’un bâtiment est la somme des apports d’énergie nécessaires dans les processus de construction, de rénovation et de démolition. Evaluer l’énergie grise d’un bâtiment consiste à calculer non pas une, mais les énergies grises des matériaux et équipements qui le composent et à y ajouter l’énergie nécessaire au déplacement de ses matériaux et équipements entre l’usine et le chantier, la consommation d’énergie du chantier, les énergies grises liées au renouvellement des matériaux et équipements qui ont une durée de vie inférieure à celle du bâtiment, et l’énergie nécessaire à la déconstruction de l’ouvrage. Elle ne comprend pas l’entretien.
Une part de l’énergie grise est non renouvelable, perdue, on parle alors d’énergie procédé. C’est la dette énergétique. L’autre part, l’énergie matière est du stock d’énergie, mobilisé de manière temporaire. Elle peut être récupérable en fin de vie, soit par le réemploi, soit par la valorisation matière, soit par la valorisation énergétique.
Minimiser l’énergie grise
Il faut limiter l’étalement urbain, en créant un véritable cadre de vie avec une mixité fonctionnelle et sociale et des « respirations » pour les activités récréatives afin d’éviter de générer des transports supplémentaires des habitants. La programmation architecturale doit favoriser la mixité fonctionnelle, la mutualisation des usages, optimiser les surfaces et volumes par rapport aux usages et à la qualité des espaces, limiter le nombre de places de parking, se poser la question de la réhabilitation plutôt que de la construction neuve, réfléchir à l’adaptabilité du bâtiment.
La mise en oeuvre doit s’inscrire dans une démarche globale de chantiers à faibles nuisances, en prenant le temps de bien faire pour éviter les malfaçons et les reprises. Il faut limiter la quantité des matériaux par une efficacité du plan, de la forme, des principes constructifs permettant des évolutions des usages, des choix esthétiques. De même, il est souhaitable de privilégier les matériaux de qualité, fabriqués à partir de matières premières recyclées, les matériaux biosourcés, les matériaux locaux, et faire du réemploi. Les principes de pose devront permettre la séparabilité des matériaux en fin de vie. Le choix et la mise en oeuvre des matériaux et équipements de remplacement des éléments en fin de vie ou dégradés doivent être effectués avec le même soin et les mêmes exigences en énergie grise que ceux des éléments d’origine. En fin de vie, il faudra faire un diagnostic déchets avant la démolition et rechercher des solutions de valorisation matière pour un maximum de déchets, soit sur place, soit dans des filières appropriées avec le moins de transformation possible.
Construire positif pour rendre la dépense en énergie grise négligeable
Le surinvestissement en énergie grise pour diminuer les consommations en énergie est négligeable par rapport aux gains en consommation d’énergie sur la durée de vie du bâtiment. Une réhabilitation est bien moins consommatrice en énergie grise qu’une construction neuve. Cependant un bâtiment neuf passif, ou mieux, positif aura un bilan total énergie grise + énergie exploitation plus faible qu’une réhabilitation. Il faut donc optimiser fortement le niveau énergétique en phase exploitation du bâtiment neuf.
Pour tout savoir sur l’énergie grise, consultez le guide « L’énergie grise des matériaux et des ouvrages » publié par l’ARENE Ile-de-France et l’ICEB.