Propos recueillis par Julie Niel-Villemin «J’ai toujours aimé visualiser, évaluer et interpréter une expérience de chimie. » Après une formation universitaire sur les matériaux polymères validée par un DESS de Formulation et de Physico-chimie à l’université de Technologie de Compiègne, Maurille Sécher réalisait déjà à l’époque son stage de fin d’études chez un fabricant de résines. « La résine est l’un des constituants essentiels de la peinture, qui lui confère certaines caractéristiques bien spécifiques. La majorité des innovations ou évolutions importantes dans le domaine des peintures est étroitement liée à des avancées significatives en termes de performance des résines. » Ce fut l’une des motivations qui poussèrent Maurille, après une première expérience chez un fabricant de peinture, à rejoindre Eliokem en 2002 en tant qu’ingénieur au laboratoire d’applications résines. Dans l’organisation d’Eliokem, le rôle de ce laboratoire est d’assurer l’interface entre les équipes « recherche et développement » et les équipes commerciales, qui sont elles au contact des clients au jour le jour, et peuvent ainsi recueillir leurs attentes et leurs besoins. « Notre travail se fait donc en étroite collaboration avec le fabricant de peinture, avec pour missions : définir les attentes des utilisateurs concernant les produits nouveaux et les traduire en termes de cahier des charges pour notre équipe R&D, tester les résines expérimentales dans des formulations peinture pour valider leur intérêt, enfin développer des formules d’orientation fondées sur ces résines, dont nos clients pourront ensuite tirer profit lorsqu’ils développeront leur propres peintures. » Maurille a pris le train en marche pour le développement d’Hydro Pliolite®, une technologie de résine phase aqueuse pour peintures de façades unique et innovante car « le travail avait déjà commencé ». Puis dans le contexte de mise en place de la législation COV, avec les échéances de plus en plus drastiques en 2007 et 2010, l’évolution de cette nouvelle technologie s’est rapidement révélée indispensable. « Si très longtemps les produits solvantés ont été utilisés dans l’industrie de la peinture pour leurs performances inégalables, aujourd’hui nous nous focalisons sur l’amélioration des propriétés des produits en phase aqueuse afin qu’ils s’en rapprochent progressivement. » Si un troisième volet de la législation COV venait à exister, pour Maurille Sécher, cette nouvelle évolution ne devrait pas concerner en premier lieu les peintures de façades. « Malgré une demande croissante pour les produits diluables à l’eau, les produits solvantés restent incontournables pour ce type d’application parce qu’ils ont des caractéristiques que ne peuvent atteindre les produits phase aqueuse. Même si ces derniers évoluent régulièrement, les législateurs ont pris en compte que la différence de performance reste importante entre phase aqueuse et phase solvant. Cette différence ne sera très vraisemblablement pas comblée avant plusieurs années. » Mais malgré tout, l’équipe d’Eliokem s’active déjà à élaborer de nouvelles technologies toujours plus performantes. Avant d’être mis sur le marché, tous les produits Eliokem sont bien évidemment testés pendant plusieurs années. « Comme il s’agit d’applications extérieures, nous devons nous assurer que le produit va conserver ses propriétés sur 10 ou 15 ans au moins », explique Maurille Sécher. Depuis le premier essai de résine jusqu’à l’utilisateur final, en passant par la phase de lancement chez le client, le processus peut prendre 4 à 5 ans. Exemples de certains de ces tests. Un test très souvent réalisé avec l’Hydro Pliolite® est le test d’adhérence sur fond farinant. Il s’agit d’un test « maison ». L’équipe du laboratoire fabrique elle-même des supports bien spécifiques à partir d’un mélange de plâtre et de chaux. Ces supports sont ensuite poncés. Cela va permettre de simuler l’application d’une peinture en phase aqueuse, sans préparation préalable du support et sans utilisation de primaire, sur une ancienne peinture extérieure ayant vieilli pendant plusieurs années. L’arrachement d’un ruban adhésif appliqué sur ces deux peintures permet de vérifier après séchage la bonne pénétration de l’Hydro Pliolite® dans le support, alors que ça n’est pas le cas pour la résine acrylique. « Cette adhérence est capitale pour la qualité de travail du peintre, car un film qui adhère ne présentera pas de risque d’écaillage ou de cloquage dans le temps », précise Maurille Sécher. des bandes de différentes épaisseurs sont appliquées sur une plaque de verre positionnée par la suite à la verticale. Une fois l’échantillon de peinture test fabriqué, une application au rouleau permet d’évaluer son pouvoir couvrant, son pouvoir garnissant et sa facilité de mise en œuvre. Après séchage, le panneau peut être placé à l’extérieur pour étudier le vieillissement sous l’action des UV. Retrouvez la totalité de cette rencontre filmée sur www.5facades.com