Par le biais d’une prime d’intégration, les pouvoirs publics français ont fait, dès 2006, le choix de développer une filière photovoltaïque qui favorise l’intégration au bâtiment. Tuiles, panneaux de toitures, vitrages, façades, garde-corps, brise-soleil… les produits proposés doivent remplir une double fonction : améliorer les performances énergétiques du bâti tout en en constituant un des éléments constructifs. S’il a pour objectif final de développer le bâtiment à énergie positive, ce favoritisme est notamment destiné à déployer en France un savoir-faire et une expérience unique. Un tarif au centimètre près La publication de l’arrêté du 12 janvier 2010 (modifié) est venu renforcer les exigences en matière d’intégration au bâti, particulièrement en toiture, et a introduit les notions d’intégration complète et simplifiée. Globalement, la première implique que le système photovoltaïque soit situé dans le plan de la toiture, la seconde, qu’il lui soit parallèle. « Dans les deux cas, pour être considéré comme intégré au bâti, le module doit assurer, en toiture, le clos et le couvert, ainsi que la fonction d’étanchéité », précise Richard Loyen, délégué général d’Énerplan. Or, actuellement, très peu de systèmes photovoltaïques garantissent l’étanchéité. Dans les solutions bacs acier ou alu, c’est en effet le bac, et non le module photovoltaïque, qui assure cette fonction. « Nous avons accepté le principe d’intégration, poursuit Richard Loyen, mais une circulaire, parue en juillet dernier, a instauré en plus des notions d’épaisseur. » Ainsi, pour donner droit au tarif d’achat le plus avantageux (tarif d’intégration au bâti), le système photovoltaïque ne doit pas dépasser les éléments de toiture de plus de deux centimètres. Une disposition qui, cette fois-ci, passe mal auprès des professionnels : « C’est une aberration ! Avec une telle contrainte, les modules photovoltaïques seront en dessous du niveau des panneaux solaires thermiques ou des fenêtres de toit. Plus grave encore, dans certaines régions françaises, notamment celles où l’ardoise prédomine, on ne pourra même plus respecter les DTU de couverture ! » Le risque : voir se morceler l’offre, avec des procédés spécifiques pour chaque toiture et qui restent chers. Chez Énerplan, on estime que l’objectif de cette mesure est d’indexer le tarif au maximum sur celui de l’intégration simplifiée. Il est à noter, cependant, que les dispositifs photovoltaïques en façade ou sur certains éléments d’un bâtiment restent éligibles à la prime d’intégration au bâti, à condition de remplir une fonction d’allège, de bardage, de brise-soleil, de garde-corps… L’intégration remise en cause ? Afin d’aider les porteurs de projets, un comité d’évaluation de l’intégration au bâti (CEIAB) a été mis en place. Son rôle consiste à examiner les dispositifs photovoltaïques et à déterminer s’ils sont éligibles au tarif d’intégration au bâti ou d’intégration simplifiée. Mais, alors que les critères d’intégration s’appliquent depuis le 1er janvier dernier, à ce jour, aucune liste n’a été publiée. « Aujourd’hui, les installateurs ne savent pas de quel tarif relèvent les produits qu’ils prescrivent ! », s’insurge Richard Loyen. Il est vrai que, suite à la suspension pour trois mois de l’obligation d’achat de l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques, exception faite des petites installations domestiques (puissance inférieure à 3 kWc), et après le lancement d’une concertation sur la mise en place d’un nouveau cadre de régulation avec les acteurs de la filière, le marché du photovoltaïque est en passe de subir de nouvelles transformations. Les professionnels du secteur espèrent bien obtenir le retrait du critère d’épaisseur tellement décrié.

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Pour être considéré comme intégré au bâti, un module photovoltaïque doit assurer le clos, le couvert, la fonction d’étanchéité et ne pas dépasser les éléments de toiture de plus de deux centimètres. – Photo : Solar Composites

Selon Julien Chirol, porte-parole de Sanyo Solar, l’année 2010 a été plutôt bonne pour l’industrie photo-voltaïque : « Les capacités installées ont doublé par rapport à 2009 ! », rappelle-t-il. Et même s’il reconnaît que les incertitudes de la fin de l’année liées à la remise en cause des tarifs de rachat perturbent quelque peu les acteurs du marché, il reste confiant pour l’avenir du secteur : « Le photovoltaïque a un réel potentiel de développement, et c’est sur le long terme qu’il faut tabler. N’oublions pas les objectifs des bâtiments BEPOS pour 2020 ! » Du côté des produits, Sanyo Solar propose, cette année, un nouveau module à haut rendement, le HIT Power Roof : « Intégrant une cellule avec un rendement de 20,8 %, il a été développé spécifiquement pour le marché français puisqu’il est basé sur les derniers critères d’intégration », précise Julien Chirol. Pour atteindre de telles performances, la cellule fait appel à plusieurs technologies, notamment sur la réduction des pertes sur la jonction « p-n ». Quant au support du module, il a été élaboré en partenariat avec un spécialiste de l’intégration, Mecosun. Conçu pour s’emboîter facilement, il se pose rapidement, réduit le nombre de pièces à gérer sur le chantier et limite les risques d’infiltrations. Alors que le nouveau module HIT est commercialisé en ce printemps 2011, Sanyo Solar travaille déjà aux technologies de demain. Ses recherches portent sur le développement d’une nouvelle génération de cellule HIT (basée sur un wafer de silicium monocristallin et enrobée de deux couches ultrafines de silicium amorphe) : « La plupart des technologies actuelles à couches minces ont un avenir limité du fait notamment de la rareté du matériau », explique Julien Chirol. Autres axes de progrès : l’amélioration des rendements, encore et toujours, et la baisse significative des prix.