Depuis 2006 et la mise en place du tarif d’achat, sous une forme économiquement avantageuse, le solaire photovoltaïque connaît une forte croissance, confirmée chaque année. Celle-ci, supérieure à 200% en 2007 et 2008, a encore été de 140% en 2009. Le succès du photovoltaïque est également à chercher dans la variété des possibilités d’implantation, dans le développement industriel et les emplois qu’il génère. Enfin, cette technologie implique la sécurisation du réseau électrique, notamment par la production décentralisée au plus près de la consommation, ainsi que pour l’électrification rurale. Un marché porteur En France, la croissance amorcée depuis 2006 se poursuit : 105MWc installés en 2008, 250 en 2009 et, au 31 mars 2010, ERDF et EDF SEI évaluaient la puissance de l’ensemble du parc photovoltaïque français raccordé au réseau à 349MW, dont 271MW en métropole et 78MW en outre-mer et Corse (contre, respectivement, 200MW et 69MW fin décembre 2009). La progression du parc en puissance, entre fin décembre et fin mars, a été de 31%, et s’est faite essentiellement en France métropolitaine.Sur une année, la production du parc photovoltaïque français représente environ 360GWh d’électricité, soit l’équivalent de la consommation électrique de 160000 habitants, tous postes de consommation confondus. L’objectif officiel issu du Grenelle est un marché annuel 2020 de l’ordre de 1GWc, pour un parc cumulé de 5,4GWc. Cependant, les professionnels d’Enerplan prévoient plutôt un marché annuel 2020 de 2GWc. En ne se basant que sur le potentiel du bâtiment neuf et de la rénovation de l’existant, le marché en France métropolitaine atteindrait 13,4GWc cumulés fin 2020, uniquement dans le bâtiment. Surtout des petites puissances Le parc français est composé essentiellement de systèmes photovoltaïques de faible puissance, intégrés en façade ou en toiture sur les habitations domestiques : 86% des installations ont une puissance inférieure ou égale à 3kW. Les installations intégrées sur les toitures de bâtiments collectifs atteignent de 10 à 100kWc, les toitures industrielles ou tertiaires allant au-delà de 250kWc. Enfin, on trouve les centrales au sol, supérieures au MWc. La structure du tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque, bonifiant l’intégration au bâti depuis 2006, a donc orienté le marché français autour du BIPV (Building Integrated PV). Ce constat est dans la logique des conclusions du Grenelle de l’environnement, qui associe le développement du photovoltaïque à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments. Les nouveaux tarifs d’achat publiés par le gouvernement en janvier 2010 restent dans cet objectif. Évolutions techniques Plusieurs technologies sont actuellement développées pour la réalisation de cellules photovoltaïques. On distingue les cellules en silicium cristallin et les cellules en couches minces. Les premières sont constituées de fines plaques de silicium, un élément chimique très abondant et qui s’extrait notamment du sable ou du quartz. Les cellules en silicium cristallin sont d’un bon rendement. Les cellules en couches minces sont quant à elles fabriquées en déposant une ou plusieurs couches semi-­conductrices et photosensibles sur un support de verre, de plastique, d’acier… Cette technologie permet de diminuer le coût de fabrication, mais son rendement est inférieur à celui des cellules en silicium cristallin. Les cellules en couches minces les plus répandues sont en silicium amorphe, composées de silicium projeté sur un matériel souple. Chaque filière possède donc ses avantages et ses inconvénients : rendements, coûts de production, disponibilité des matières premières, difficultés d’industrialisation, faible durée de vie des cellules… Si la filière à base de silicium cristallin domine le marché avec plus de 90% des ventes, la technologie des cellules en couches minces connaît actuellement un fort développement. Selon une récente étude réalisée par GTM Research, la capacité de production de panneaux photovoltaïques en couches minces dépassera 10GW d’ici fin 2012. Ce marché a jusqu’ici été tiré par la croissance de First Solar, mais aussi par l’émergence de nombre de fabricants de solutions en silicium amorphe, qui restera la technologie dominante, suivie par les technologies CdTe (tellurure de cadmium) et CIGS (cuivre, indium, gallium, sélénium)… Une réponse au bâtiment positif En France, la réglementation thermique prend en compte six postes de consommation : le chauffage, l’eau chaude sanitaire, la ventilation, la climatisation, les auxiliaires et l’éclairage. Un bâtiment BBC doit atteindre pour l’ensemble de ces postes une consommation maximale d’énergie primaire de 50kWh par mètre carré et par an (corrigé du climat). Un bâtiment BEPOS devra, pour sa part, produire plus d’énergie qu’il n’en consommera. Dans le cadre du BEPOS, aux six postes définis par la RT 2005, il faudra ajouter le poste « mobilier électrique » (réfrigérateur, machine à laver…). Ce dernier poste représente dans de nombreux cas environ 60kWh par mètre carré et par an. Pour atteindre cet objectif, il faut donc produire de l’ordre de 110kWh par mètre carré et par an, ce qui s’obtient avec environ 1m2 de photovoltaïque pour 3,5m2 de surface habitable en zone méditerranéenne et pour 2m2 de surface habitable dans le nord de la France. D’ici 2020, le photovoltaïque sera donc largement diffusé dans les bâtiments neufs, notamment grâce à la réponse technique et stratégique qu’il apporte à la réglementation thermique. Un secteur dynamique Selon une étude de l’ADEME, la création d’emplois directs dans la filière photovoltaïque en 2009 a doublé, passant de 4000 à 8000. Pour PricewaterhouseCoopers, le secteur devrait compter 15000 postes en 2012, principalement pourvus par l’aval de la chaîne de valeur. Ce chiffre reste modeste comparé à l’industrie allemande qui employait 40000 personnes en 2008. En France, environ 150 acteurs industriels de toutes tailles (structures, onduleurs, matériaux solaires, etc.), les grands groupes comme des PME, les installateurs sont fortement présents sur le marché, créant de nombreux emplois. À noter, le nombre d’installateurs bénéficiant de l’appellation QualiPV a plus que doublé en 2009, s’établissant aujourd’hui à plus de 5600 entreprises.