S’’il y a quelques mois encore, au 11 rue Carducci dans le 19e arrondissement de Paris, trônait un vieux hangar, aujourd’hui se montent un à un les trois étages et un attique du futur immeuble de logements privés à structure bois. Pour Étienne Mégard, architecte et futur copropriétaire à l’origine du projet, il s’agit de remplir « une dent creuse de la capitale ». Le projet, adossé au mur pignon de neuf étages de l’immeuble voisin, consiste donc à reformer une copropriété homogène qui constituerait le « 7, 9, 11 rue Carducci ». Pour une intégration optimale à l’environnement architectural, Étienne Mégard a opté pour une façade en parement de briques blanc (Woestelandt). « Tous les immeubles de la rue sont blancs, et la brique reprend ce caractère parisien, qui plus est associée au zinc en toiture. J’ai beaucoup défendu ce parement pour sa pérennité de 25 à 30 ans sans entretien, en comparaison de celle d’un enduit, de 10 à 12 ans. » Mais étant donné la démarche constructive en bois au centre du projet, pourquoi ne pas avoir choisi dans ce cas du bardage bois ? Si Mégard Architectes construit effectivement beaucoup en bois, il faut opérer, à leurs yeux, une dissociation entre structure et vêture. « Et les clins bois ne correspondaient pas au caractère urbain voulu pour le projet. » Un immeuble THPE Mis à part la façade, l’ensemble de l’immeuble est conçu avec une mixité de procédés constructifs en bois : le bois structurel pour les poteaux et poutres au rez-de-chaussée, une enveloppe à ossature bois dans les étages, des planchers intermédiaires en prédalles bois/béton (système collaborant de type Lignadal), une isolation en laine de fibres de bois et des menuiseries bois double vitrage. « Le choix des cinq copropriétaires était clairement de mettre le paquet sur de belles menuiseries, une ossature bois, des parois perspirantes et de faire des économies sur les éléments de chauffage, à savoir un plancher chauffant électrique et une ventilation simple flux », précise Étienne Mégard. Résultat : la consommation (suivant l’étude thermique dynamique) est d’une moyenne de 62kW/m²/an. « Sans même viser de labels comme le BBC, nous sommes malgré tout THPE (NDLR : pour le label THPE, les consommations conventionnelles d’énergie primaire doivent être inférieures d’au moins 20% par rapport à la consommation de référence RT 2005). » Un étage par semaine Pour atteindre un total de 10 semaines pour le clos et le couvert, le temps de montage des éléments a dû être optimisé. « Il nous fallait gagner du temps sur le chantier grâce à la préfabrication en atelier qui a totalisé 1000 heures de travail », précise Jean-François Fraboulet, président de l’entreprise Poulingue. Pour atteindre la cadence imposée d’un étage par semaine, coulage compris, la grue de 3,5t implantée au centimètre près sur cette parcelle exiguë s’est révélée indispensable ; tout autant que la méthodologie d’approvisionnement des matériaux et les choix constructifs. Pour le mur-rideau en verre du local d’activité au R-C, c’est le système Stabalux qui a été choisi pour son Avis technique et sa rapidité de mise en œuvre. « Les poteaux-poutres ont été assemblés à blanc dans nos ateliers et n’ont demandé que 2 à 4 heures d’installation sur place », illustre Laurent Dubuc, responsable bureau d’études et méthode de l’entreprise Poulingue. La mise en place du plancher bois s’est vue, elle, considérablement simplifiée par le système Lignadal, de Lignalith, à base de prédalles en bois massif préfabriquées, rangées dans l’ordre d’installation à la scierie. Et d’autres produits comme l’Anglamob sont venus simplifier les raccords d’étanchéité à l’eau et garantir cette dernière entre la membrane pare-pluie et les cadres d’ouverture. Au total, le coût des travaux, comprenant la démolition des maisons existantes et les fondations à l’aide de 40 micropieux de 15m, s’est élevé à 1087284 euros pour 12 mois de travaux. Une belle affaire quand on connaît le prix du mètre carré à Paris ! Julie Niel-Villemin Intervenants Maître d’ouvrage : SCI Immeuble, projet coopératif de cinq propriétaires privés Maître d’œuvre mandataire : Mégard Architectes, Étienne Mégard Architecte Équipe de maîtrise d’œuvre : Betom Ingénierie (ossature bois, menuiseries, couvertures, façades), Gaujard Technologie (ossature bois), Echologos (acoustique) Entreprise lots bois : SAS Poulingue (27) (structure bois, menuiseries, couvertures, façades)