L’Etat vient de donner une réponse négative pour l’’indemnisation des pertes forestières de la tempête aux Sylviculteurs du Sud Ouest. Ces pertes sont estimées à plus d’’un milliard d’’euros pour 600 000 ha touchés. La responsabilité de l’’indemnisation est donc reportée sur les entreprises régionales de la transformation du bois. La FIBA (Fédération des industries du bois d’Aquitaine) représente, au travers des entreprises qui la composent, la plus grande partie des emplois directs de la filière (34 000 emplois INSEE 2006). Elle privilégie une position unifiée des acteurs économiques à travers le Conseil Interprofessionnel du Pin Maritime (CIPM) et demande la reconnaissance de ce dernier par l’’Etat pour avoir les moyens de gérer la crise. Dans un communiqué en date du 18 février, la fédération définit sa position : - Elle demande à ce que le plan de l’’Etat soit opérationnel immédiatement. - Elle refuse que la responsabilité concernant l’’indemnisation des propriétaires repose sur un secteur industriel particulièrement menacé à court terme par la crise mondiale, et à moyen terme par la disparition et la dégradation d’’une grande partie de ses ressources en matière première. - Elle appelle l’’ensemble des acteurs de la filière, notamment les sylviculteurs aquitains, à se rassembler, à se concerter, et à être solidaires dans le cadre du plan Interprofessionnel du CIPM. C’est dans ce cadre qu’’une réponse doit être apportée à l’’Etat et que la stratégie de tous les acteurs doit s’inscrire. - Elle demande à ce que le Ministre de l’’Agriculture reconnaisse enfin officiellement le CIPM comme entité représentative afin de donner aux acteurs les moyens de gérer cette catastrophe écologique et économique. La Fédération rappelle : - La crise mondiale touche particulièrement l’’industrie du bois régionale. Les unités de production tournent entre 50% et 80% de leurs capacités. Certaines sont contraintes à un arrêt total en raison d’un carnet de commandes très faible. - A la suite de la tempête de 1999, 20% de la capacité industrielle de sciage a disparue en Aquitaine - La FIBA, au sein du CIPM (Comité Interprofessionnel du Pin Maritime), s’’est portée solidaire du Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest afin d’’établir un plan interprofessionnel de résolution de la crise. Pour elle, seule une démarche commune dans le cadre interprofessionnel, peut permettre d’’atténuer les effets catastrophiques de la tempête. - La FIBA a soutenu la demande d’’indemnisation des sylviculteurs, seule mesure qui permettra de préserver l’’avenir de la forêt cultivée. En effet : un volume considérable d’’arbres ont été cassés (volis) et sont impropres au sciage, et un grand nombre d’arbres couchés (chablis) vont aussi se dégrader très rapidement avant de pouvoir être exploités, ce qui occasionne une perte de valeur technique immédiate que seule l’’indemnisation peut couvrir. Les exploitants forestiers et industriels ont eux même subi des pertes directes sur leur activité (arrêts temporaires, pertes de commandes, bâtiments à remettre en état) et avec, pour certains, plus de trois mois de stock de bois sur pied largement sinistrés.Compte tenu de l’’ampleur du désastre (au moins 6 années de récolte par terre), l’’industrie régionale ne pourra absorber et valoriser tous les bois : 40 millions de m3 pour une capacité annuelle régionale de 7 millions de m3. De nombreux acteurs extérieurs au massif ou non-adhérents à la FIBA, ne tenant pas compte de l’’état des discussions au sein du CIPM, ont pris l’’initiative de proposer aux sylviculteurs des prix proches de zéro ou des transactions sans engagement de prix. Ce phénomène montre malheureusement, s’’il fallait le démontrer, que le déséquilibre offre/demande est tel (un rapport de 6 fois) que des recommandations régionales n’auront qu’’un effet très limité (en tout cas aux seuls acteurs industriels régionaux) et ne pourront en aucun cas venir compenser la perte de revenu du Sylviculteur sur les arbres encore valorisables. La perte de valeur estimée par les sylviculteurs dépasse 1 milliard d’’euros. Le Ministre a fait état de bonifications sur des prêts dont ni les montants, ni la durée, ne sont précisés. A titre d’’exemple, 4% de bonification sur 5 ans sur 600M€ de prêts représentent un coût pour l’’Etat de 120M€. Ces prêts seraient accordés par les banques mais leur garantie par l’’Etat n’’est pas confirmée à ce jour. Il a par ailleurs évoqué une enveloppe de subventions de 60 M€ (pour la sortie des bois, le stockage et le transport) sans donner de précisions sur les modalités ni les niveaux de prise en charge. Ces dispositions ne permettent pas aux exploitants forestiers et aux industriels de connaître le niveau de risque financier qu’ils auront à prendre. Pour les industriels, le stockage qui nécessite une anticipation du marché à 3, voire 5 ans, s’’avère certainement une opération beaucoup plus risquée que les ventes immédiates hors région et à l’’export. Le stockage reste néanmoins l’’opération la plus structurante pour la filière car il permet de maintenir l’activité et l’emploi dans la région à moyen terme. C’’est sur ces mêmes opérateurs, qui s’’apprêtent à mener des opérations risquées, lourdes financièrement et dont la survie à moyen terme est menacée (compte tenu de la crise de très grande ampleur et des disponibilités futures de la ressource), que l’’on veut faire reporter la responsabilité de l’’indemnisation.La subvention de l’’Etat ne pourra pas couvrir à la fois la perte des sylviculteurs et les coûts et les risques des opérations de stockage.