Toute installation de matériels de travail en hauteur nécessite, en amont, lanalyse précise des besoins et des contraintes du site. Cest lobjet du cahier des charges qui servira aux calculs nécessaires à la conception de la structure à ériger. Caractéristiques de louvrage à échafauder, charges climatiques locales (région ventée…), nécessité dun passage piéton, nature du sol, obstacles à éviter (portes, enseignes), possibilités dancrage en fonction de louvrage et des matériaux daccueil… tout doit être étudié afin de limiter les risques. Il faut ensuite prendre en compte les besoins du chantier en fonction des travaux à réaliser. « Ce que lon essaie de préconiser, cest quun échafaudage puisse servir à tous les corps détat sil y a différents travaux à effectuer dessus. Cela coûte quand même moins cher de modifier un échafaudage que de le démonter puis den remonter un autre, pratique pourtant courante », explique Patrick Rossignol, chargé des questions techniques au Syndicat français de léchafaudage, du coffrage et de létaiement.Un fixe pour plus de libertéCouramment utilisé et certainement le plus polyvalent, léchafaudage préfabriqué fixe semploie sur tous les styles de bâtiments. Létude préalable à son installation peut représenter des heures et des heures de travail, notamment sur des bâtiments complexes comportant des façades irrégulières, des corniches, des balcons, des angles… « Les façades les plus difficiles sont souvent celles des ouvrages de monuments historiques comme les cathédrales. Il peut s’agir aussi des façades sur lesquelles aucun amarrage nest possible, ce qui conduit à des échafaudages autostables », explique Jean-claude Boyer, président de la société Layher.Il existe plusieurs sortes déchafaudages fixes, en acier ou en alliage daluminium, disponibles sur le marché. Les grandes différences entre ces divers matériaux sont la résistance et le poids. Les structures en aluminium, beaucoup plus légères, conviennent pour des travaux nécessitant peu de matière. Elles sont aussi plus rapides à mettre en uvre.On distingue trois types principaux déchafaudages sur pieds, liés à trois corps de métier différents. On trouve dabord les échafaudages à cadre préfabriqués. Il sagit de morceaux déjà assemblés et soudés qui vont être superposés. Avec une résistance de 200kg/m2, ils se destinent plutôt à des travaux légers comme la finition. Toujours sur le même principe, le deuxième est un préfabriqué lourd, dédié principalement aux maçons. Ce sont des échafaudages un peu plus larges qui ressemblent à des échelles, et que lon va empiler. Ces deux systèmes sont destinés à des bâtiments linéaires, éventuellement avec des débords, des corniches ou des balcons. « On peut tourner à 90°, mais à 45°, jamais », précise Thierry Geantet, responsable de la formation produit pour lentreprise Comabi.Enfin, le troisième système, et le plus utilisé dans les métiers des monuments historiques notamment, est le multidirectionnel. « Il sagit dune sorte de Meccano avec des poteaux, des barres, des diagonales… qui sassemblent entre elles », explique Thierry Geantet. Le grand avantage est que lon peut épouser toutes les formes de bâtiments avec de fortes charges.Ainsi, le choix de telle ou telle sorte déchafaudage sur pieds dépend du métier puis de la charge à monter et, enfin, du coût. « Parfois, on peut allier deux systèmes et démarrer, par exemple, sur des éléments complexes avec du multidirectionnel, continuer plus haut avec de lélément préfabriqué lorsque la façade devient linéaire. » Par ce biais, on gagne du temps de montage. La législation interdit cependant lutilisation déléments ou de composants de marques différentes au sein dun même échafaudage.Lancrage : une prioritéLes échafaudages fixes sont exposés au vent et en subissent les effets. Aussi est-il important dassurer leur stabilité. Dabord, léchafaudage peut être autostable, mais, pour cela, il doit être très lourd ou avoir une largeur de base très importante, ce qui nest pas très pratique et peut savérer excessivement coûteux. Ainsi, à cette solution est préférée celle de lancrage sur le bâtiment. 80% des effondrements déchafaudages fixes ont pour cause des ancrages pas assez résistants ou en nombre insuffisant, mal répartis ou déposés en cours de chantier. Cest dire limportance de cette étape dans la conception dune structure. « Cette phase est souvent complexe, explique Thierry Geantet. Soit on a lautorisation de toucher à la façade et donc la possibilité de faire des ancrages par chevilles, soit non, et cela devient plus compliqué. » Sur une cathédrale par exemple, larchitecte peut interdire de percer la pierre et préconiser lutilisation de chevilles chimiques pour saccrocher dans le joint. De même, dans le cas dun bâtiment avec une isolation par lextérieur, le principe même de lancrage par cheville est refusé. Léchafaudage peut alors samarrer sans trous sur des tubes ou étrésillons qui sancrent à laide de vérins, horizontalement entre les tableaux dune fenêtre ou verticalement entre deux planchers. Autres techniques, le cravatage, un dispositif permettant de ceinturer lossature daccueil,ou encore le butonnage.Roulant pour la simplicitéSi lavantage de léchafaudage fixe réside dans la grande rapidité et le confort de travail quil offre sur de grandes surfaces, il reste toutefois quelques points négatifs comme son transport ou son apparente complexité. « À une personne non initiée, léchafaudage sur pieds fait peur par sa complexité de mise en forme et la réglementation difficile à appréhender, analyse le responsable de la formation produit de Comabi. Les artisans sorientent donc plus volontiers vers du roulant. » Mobiles, rapides et simples à mettre en place, ceux-ci conviennent bien pour des travaux de courte durée, ponctuels, sur de petites surfaces. « La législation limite sa longueur à trois mètres. Aussi, quand vous avez des travaux de peintures à effectuer sur une façade de 25 mètres, il faut le déplacer huit fois, ce qui nest pas très bon au niveau des raccords », indique Thierry Geantet. Il sagit de structures préfabriquées dont les dimensions sont fixées dès leur conception. Équipés de quatre pieds et dau moins deux roulettes, ils proposent un ou plusieurs planchers de travail et sont munis de moyen daccès et de garde-corps. On en trouve de toutes sortes sur le marché, acier, aluminium, pliants ou non, et avec de plus ou moins grandes largeurs et longueurs de plateau. Étant autostables, leur hauteur est limitée puisquelle dépend des dimensions de leur base. Certains échafaudages roulants peuvent monter jusquà vingt mètres, mais les fabricants recommandent de sattacher à la façade quand on est au-delà de huit mètres à lextérieur.Pour un bâtiment avec toiture-terrasseQuand lancrage en façade est impossible ou trop contraignant, ou simplement parce quon en a la possibilité, le cahier des charges peut conduire à envisager la mise en place de plates-formes suspendues. Le principe : une plate-forme se déplace le long dune façade, accrochée par des câbles en acier, ce qui permet la mise à niveau en toute sécurité des postes de travail. Ce type déquipement a de nombreux avantages, car il est indépendant de la hauteur de limmeuble et nécessite peu de matériel à mettre en uvre. Il ne convient cependant quà des bâtiments disposant, en partie haute, de points dancrages suffisamment résistants ou dune toiture-terrasse sur laquelle il est possible dinstaller des dispositifs de suspension avec lest ou consoles. Les plates-formes dont la longueur sadapte aux architectures se déplacent grâce à un huit mécanique ou un treuil électrique. Elles peuvent être monoblocs de un à huit mètres, mais elles sont le plus souvent constituées de modules qui, assemblés entre eux, permettent la composition de plates-formes de longueurs variables. « La plate-forme suspendue, cest bien, mais dès quon est au-dessus de quarante mètres de haut, il faut installer des guides, ce qui revient au même quune plate-forme sur mât », commente Patrick Rossignol. Pour pallier ce désavantage, on trouve, dans la même famille, un système hybride, à la frontière des plates-formes sur mâts et des plates-formes suspendues. Ce dispositif permet de suspendre par câbles une plate-forme à des mâts fixés aux bâtiments. Il autorise lutilisation des plates-formes même si aucun accrochage en terrasse nest possible. « Ce système offre plus de polyvalence aux entreprises puisquil leur permet de seulement racheter des mâts quand ils ont déjà les plates-formes », poursuit Patrick Rossignol.Allez plus hautPlates-formes de travail, monte-matériaux, plate-forme de transport ou ascenseurs de chantier, « dès que lon est sur des grandes hauteurs, on passe aux systèmes délévation et daccès motorisés se déplaçant le long de mâts verticaux », affirme Patrick Rossignol. Ils combinent des capacités de levage importantes, ergonomie et sécurité pour les utilisateurs, ainsi quune grande facilité dinstallation et dusage. Façade en verre, mur-rideau, bardage ou isolation par lextérieur, les mâts trouvent toujours un endroit où saccrocher, souvent à lossature, en général des planchers ou des poteaux. La hauteur nest pas limitée, ce qui en fait léquipement indispensable à la construction ou à la rénovation de grandes tours. Ces appareils apportent aussi un gain de productivité non négligeable en mécanisant des étapes dapprovisionnement. Il nest ainsi pas rare de voir un monte-matériaux ou un ascenseur de chantier couplés à un échafaudage fixe.Aurélie CheyssialPrivilégier léchafaudage MDS« Si lon choisit un échafaudage sur pieds, on va essayer de préconiser un échafaudage MDS : montage, démontage en sécurité », précise Patrick Rossignol. Tout montage en sécurité nécessite un garde-corps. Le principe est quune fois celui-ci installé, on peut monter à létage supérieur. On trouve dabord le garde-corps de sécurité définitif qui équipe les échafaudages MDS. À privilégier, il protège le monteur à tout moment de linstallation. Si celui-ci ne peut être employé, la protection collective au montage et au démontage peut être assurée par un garde-corps provisoire de montage. Ce dernier est déplacé détage en étage et est remplacé au fur et à mesure par les moises en définitif.Si des impossibilités techniques empêchent lutilisation de lune de ces protections collectives, alors une protection individuelle sera envisagée. On utilisera un système darrêt de chute à amarrer sur des points daccrochage de résistance suffisante. Ces points sont définis (dans le cas des échafaudages multidirectionnels) par un cahier des charges élaboré par le Syndicat français de léchafaudage, du coffrage et de létaiement.