
Protections solaires : halte à la surchauffe !
Le confort thermique d’été constitue aujourd’hui un élément important de la qualité globale dusage des bâtiments. Dans le neuf, la nouvelle réglementation thermique intègre la préoccupation de confort dété, que les bâtiments soient climatisés ou non. À linstar de la RT 2005, la RT 2012 définit en effet des catégories de bâtiments dans lesquels il est possible dassurer un bon niveau de confort en été, sans avoir à recourir à un système actif de refroidissement. Ces catégories (CE1 et CE2) dépendent du type doccupation et de la localisation (zone climatique, altitude, proximité de zones de bruit). Pour ces bâtiments, la réglementation impose que la température la plus chaude atteinte dans les locaux, au cours dune séquence de cinq jours très chauds dété, nexcède pas un certain seuil.Dans le cadre de réhabilitations, la prise en compte du confort dété même si elle est rendue plus délicate car certaines caractéristiques sont figées permet non seulement daméliorer les conditions de travail et de vie, mais aussi de réaliser de substantielles économies dénergie en limitant le recours à la climatisation (dimensionnement, durée de fonctionnement) et également en réduisant les consommations directes de certains équipements comme léclairage.Des protections efficacesNeuf ou rénovation, la mise en place de protections solaires sur les façades exposées permet dagir efficacement sur le confort dété. Lobjectif est déviter au maximum la pénétration du flux énergétique solaire au sein du bâtiment, dune part pour éviter de chauffer lair et dautre part pour éviter la présence de « taches solaires » qui entraînent des surchauffes des parois et une élévation de la température radiante. De plus, ces protections solaires permettent dobtenir le confort visuel en réduisant les risques déblouissement.Ces protections solaires peuvent être de plusieurs types : éléments architecturaux fixes ou mobiles (casquettes, brise-soleil ) ou des stores intérieurs ou extérieurs pour les baies. Le choix se fait en fonction de critères comme la localisation et larchitecture du bâtiment, lorientation des baies, le niveau du bruit extérieur ou linertie du bâtiment. La couleur de la protection solaire conditionne également lénergie absorbée ; il convient donc de privilégier les couleurs claires.Un vitrage autoprotégéLa limitation des apports solaires se fait avant tout par le choix de vitrages appropriés, cest-à‑dire ayant une faible transmission énergétique (facteur solaire), tout en conservant si possible une bonne transmission lumineuse. À lorigine, le verre est un élément transparent qui laisse passer le rayonnement solaire (lumière et chaleur).La proportion de rayonnement réfléchi, absorbé ou transmis dépend de la couleur du vitrage, de son épaisseur et de la nature de la couche dans le cas dun verre àcouches. En choisissant les caractéristiques du vitrage, il est possible de moduler à la fois les entrées de lumière et les apports de chaleur solaire.Il existe des vitrages à contrôle solaire qui permettent de réduire de plus de 50% le facteur solaire tout en conservant un taux de transmission lumineuse similaire. On trouve également dautres matériaux qui présentent des caractéristiques thermo-optiques intéressantes. Cest le cas par exemple de certains polycarbonates ayant une transmission lumineuse de 56% et un facteur solaire de 27%, mais ils sont translucides et ne permettent pas de préserver la transparence sur lextérieur.Les brise-soleil : un élément de larchitecture« Casquettes », débords de couverture, décrochements de façade , les protections « architecturales » peuvent être de plusieurs types. Leur principal avantage est dordre esthétique puisque ces brise-soleil peuvent être loccasion dune valorisation architecturale du bâtiment. En revanche, leur dimensionnement est délicat : ils atténuent la transmission lumineuse globale (mais ils peuvent contribuer à homogénéiser les niveaux déclairement à lintérieur des locaux) ; ils risquent aussi dempêcher la pénétration du rayonnement direct à des périodes où elle serait souhaitée, ou au contraire de laisser pénétrer le soleil quand on ne le souhaite pas, occasionnant des « taches solaires », et générant des problèmes déblouissement, voire dinconfort thermique.Selon lorientation des façades, la solution technique et le dimensionnement seront différents. Linstallation de brise-soleil est à privilégier plus particulièrement sur les façades dorientation sud : la hauteur du soleil sur cet azimut permet une bonne adaptation des protections fixes. Pour pallier les inconvénients cités plus haut, une solution consiste à prévoir des protections mobiles, manuelles ou motorisées. Cela permet dadapter les protections aux conditions extérieures (ensoleillement, hauteur du soleil, vent, pluie ). En contrepartie, les coûts dinvestissement sont plus élevés, de même que les coûts de maintenance et dentretien. Néanmoins, des solutions industrielles existent, telles que les stores à lames orientables et repliables, utilisés très souvent dans les bâtiments denseignement.Les films : une solution pour lexistantLa pose de films spécifiques sur un vitrage, généralement sur sa face interne, permet daugmenter les performances du vitrage seul. Ils ont pour effet daugmenter la réflexion globale du vitrage et, par conséquent, limitent les apports énergétiques au sein des locaux. Lavantage de ce procédé est lextrême facilité dapplication puisquil suffit dapposer ces films directement sur le vitrage. Le gain observé sur le facteur solaire est intéressant : la pose dun film solaire permet en effet de réduire de plus de 50% le facteur solaire du vitrage nu.Pratiques et peu coûteux, ces procédés présentent cependant plusieurs inconvénients : ils réduisent considérablement la transmission lumineuse des baies vitrées, et risquent ainsi dengendrer une surconsommation déclairage artificiel. Ils ne permettent pas une modulation du contrôle solaire selon les besoins hiver/été. Ils ne résolvent pas entièrement le contrôle de léblouissement, ce qui peut obliger le recours à des protections complémentaires de type stores intérieurs. Les films solaires sont donc à recommander plutôt dans des locaux climatisés, pour réduire les consommations de froid, et plutôt lorsque les besoins déclairage naturel sont limités (cas des locaux informatiques par exemple).Stores : plutôt à lextérieurLes stores sont généralement constitués de toiles dont le tissage est ajouré ; on les appelle « Screen ». Ils ont pour avantage de tamiser les rayons solaires tout en maintenant une vue sur lextérieur grâce aux perforations. Ces stores peuvent être installés soit à lintérieur, soit à lextérieur. Chaque préconisation présente des avantages et des inconvénients (voir tableau p.19), mais il est recommandé dopter pour une protection extérieure. Toutes les études montrent en effet que les stores extérieurs procurent une meilleure protection, car ils bloquent le rayonnement solaire avant quil natteigne le vitrage et limitent ainsi leffet de serre.Dans les deux cas, les stores présentent lintérêt dune grande modularité. Ils peuvent être manuvrés directement par lutilisateur. À noter que le contrôle automatique, qui permet de gérer leur fonctionnement selon lensoleillement, loccupation effective des locaux, ou encore le vent, est aussi possible. De cette façon, on peut bénéficier dapports solaires gratuits en saison de chauffage et maîtriser le niveau déclairage naturel, ce qui entraîne dans les deux cas des diminutions de charges. Enfin, les stores contribuent au confort visuel des occupants et permettent de résoudre efficacement les éventuels problèmes déblouissement.Stores intégrés au vitrageDans ces procédés, le double vitrage comprend un store mobile placé entre les deux vitres. Le store est donc totalement intégré dans le battant de la fenêtre ; il a pour effet de diminuer le facteur solaire et daugmenter lisolation thermique globale de la baie. Le store peut être constitué soit de lamelles orientables, soit dun film métallique microperforé. Les performances obtenues, qui dépendent de la nature du store, peuvent atteindre des niveaux comparables à celles dun store extérieur (FS proche de 0,10), sans les contraintes liées à lexposition du store aux contraintes climatiques. Ces stores peuvent être manuvrés manuellement, ou bien motorisés et pilotés par lutilisateur ou par une GTC. À noter quil existe des systèmes avec cellules photovoltaïques incorporées qui assurent lautonomie en énergie du store intégré au double vitrage.La mise en place de protections solaires efficaces est donc un bon moyen de lutte contre les inconforts rencontrés en été. Cependant, cette solution peut ne pas être autosuffisante. Il convient de létudieren parallèle avec dautres moyens complémentaires : maîtrise des apports internes, ventilation nocturne,free-cooling Frédérique MarguierLe facteur solaireLe facteur solaire dun vitrage, équipé ou non dune protection, est défini comme étant la proportion du flux énergétique que le vitrage et sa protection laissent passer par rapport au flux énergétique incident. Il dépend de langle dincidence du flux solaire, donc de la position du soleil, de lorientation de la baie et de la période de lannée. En été, lorientation la plus défavorable est louest, car pour cette orientation, le moment où lénergie solaire incidente est la plus forte correspond à celui où la température extérieure est la plus élevée. Lorientation est reçoit la même quantité dénergie, mais pendant la matinée, lorsque les températures sont plus basses. Lorientation sud, elle, reçoit moins dénergie du fait de la hauteur du soleil en été. Enfin, lorientation nord est celle qui est la mieux protégée contre le rayonnement solaire.
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