Les Premières Rencontres de la Pompe à Chaleur, organisées par l’AFPAC, le Cetiat et Uniclima*, début juillet à Lyon, ont fortement mobilisé les professionnels du secteur. Utiles pour faire un état des lieux de la filière avant d’envisager son avenir, ces rencontres constituent un point d’étape face aux objectifs du Grenelle pour 2020.  Installer durablement la PAC dans le paysage énergétique, c’est toute l’ambition des acteurs d’une filière qui a connu quelques années difficiles. Premier constat qui s’impose d’emblée : ces acteurs sont prêts à collaborer pour assurer le développement d’un marché dont la croissance ne reflète pas aujourd’hui son potentiel réel. Alors qu’industriels et installateurs s’efforcent aujourd’hui de gérer les conséquences de l’effondrement du marché de 2009 et 2010, en préservant les emplois notamment, les regards se tournent aujourd’hui vers l’avenir, soutenu par la reprise de la construction individuelle et les objectifs du Grenelle de l’Environnement. La volonté de donner les signes forts qui rassureront le marché est actée. Il faut maintenant relever de nombreux défis : intégrer la RT 2012 d’abord, innover pour augmenter les performances des PAC et envisager les solutions d’avenir qui rendront la filière compétitive et exportatrice.

La RT 2012 exclut certaines PAC  La réglementation thermique pour les bâtiments neufs, qui s’appliquera dès la fin 2011 pour le tertiaire, n’intègre pas un certain nombre de produits PAC, comme les PAC sol/sol et sol/eau, les PAC double service (chauffage et eau chaude sanitaire), les PAC multifonctions (ventilation + PAC pour le chauffage et/ou l’ECS), les PAC hybrides (PAC couplée à une chaudière gaz), les PAC à moteur gaz… Autant de systèmes qui sont sur le marché (et depuis longtemps pour certains, comme les PAC géothermiques sur le sol) et ne pourront être prescrits pour la construction de bâtiment respectant la RT2012. La filière considère cela comme un frein important au développement du marché dans le neuf.

La qualité, une condition du développement  « Il me paraît indispensable de s’orienter sur le terrain difficile mais nécessaire de la garantie de l’efficacité, » a souligné Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Grenelle présent à ces rencontres. Depuis 2007, la filière s’est engagée dans une démarche Qualité qui concerne aussi bien les machines (marque NF PAC, Eurovent) que les installateurs (Appellation QualiPAC). Pour rassurer le marché, valoriser le travail des industriels, convaincre les pouvoirs publics de la pertinence des aides publiques, faire face à la concurrence européenne et venir à bout des « éco délinquants », elle va devoir aller plus loin dans la certification de ses installateurs, de ses performances thermiques et acoustiques (dont les nouveaux seuils entreront en vigueur au 1er janvier 2012). Le souhait des pouvoirs publics d’étudier progressivement une conditionnalité des aides liée au respect de critères de qualité est donc accueilli comme une bonne nouvelle. Côté certification, la marque NF PAC intégrera prochainement les PAC double service et certifiera les données pour la RT 2012. Valoriser la filière passera aussi par une meilleure instrumentation des performances. L’ADEME prévoit ainsi de diffuser ses résultats sur une dizaine de sites équipés de PAC à très haute température double service et en cours d’instrumentation d’ici la fin 2012. En matière de qualification, les demandes de certification QualiPAC sont en forte augmentation et les statistiques attestent une filière de bonne qualité puisque 98 % des installations contrôlées sont jugées satisfaisantes. La formation se structure également avec des demandes de certification des centres de formation qui augmentent aussi. Équipements hybrides et couplage des énergies  Au-delà de l’amélioration des performances tant thermiques qu’acoustiques, la R&D s’oriente sur plusieurs pistes : l’élargissement des domaines d’application, le couplage avec d’autres énergies et l’adaptation aux réseaux électriques intelligents. En termes d’application, les solutions du futur viseront à couvrir les besoins de chauffage, d’ECS, de rafraîchissement et de ventilation de manière couplée. Elles seront différenciées selon le type de bâtiments (individuels ou collectifs, résidentiels ou tertiaires, neufs ou existants), afin de répondre à l’ensemble des besoins en énergie. L’avenir de la PAC passera également par le couplage avec d’autres énergies, fossiles mais aussi EnR, comme le solaire thermique ou le photovoltaïque avec les systèmes triénergie. Enfin, les PAC offriront la possibilité d’optimiser la consommation d’électricité avec leur couplage à des compteurs intelligents.

Philippe Pelletier : « Je vous propose un contrat de développement pour la PAC » 

La PAC au rendez-vous du Grenelle  Tout concourt au développement de la PAC. Elle contribue aux objectifs de 20 % de la Directive EnR, bénéficie d’un fort potentiel d’innovation et d’un prix de l’électricité moins élevé que celui de nos voisins allemands ou suédois. Martine Leclercq, chargée de mission à la Direction Générale de l’Énergie et du Climat au MEDDTL, a rappelé l’objectif 2020 pour la PAC : 2 millions de logements équipés. L’étape intermédiaire pour 2012 de 1 200 KTEP est en bonne voie d’être atteinte malgré un contexte morose avec 1 300 KTEP chiffrés en 2010 (pour 750 KTEP en 2009). Toutefois, ce chiffre est à nuancer puisqu’il intègre en 2010 le tertiaire et l’industrie, ce qui n’était pas prévu initialement. Par ailleurs, il est calculé à partir de la production à climat réel. Un travail reste donc à faire pour l’harmonisation des méthodes de calcul de la production d’EnR à partir des PAC. Règlementation : « Faites simple et durable »  C’est l’appel qu’a lancé par Pierre-Louis François, président d’UNICLIMA, aux représentants des pouvoirs publics présents. « Bien sûr, le PTZ et les crédits d’impôt ont des défauts, mais n’y touchez plus. L’industrie ne peut pas travailler si son cadre évolue en permanence à court terme », a-t-il déclaré. Alors que la baisse du marché est plus forte en France que chez ses voisins européens, malgré un prix de l’électricité moins cher, les industriels invoquent l’instabilité des réglementations et des aides publiques comme facteur aggravant de la crise économique. Ils estiment que la suppression du crédit d’impôt sur la PAC air/air en 2009 a semé le doute sur la technologie globale auprès du consommateur. Les industriels comptent sur la stabilité et la clarté des règlementations pour soutenir le marché. * AFPAC (Association française pour les pompes à chaleur), Cetiat (Centre technique des industries aérauliques et thermiques), Uniclima (Syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques)