Mis en œuvre au siècle dernier, les premiers complexes d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) passent par la case rénovation. Simple entretien ou réfection lourde avec l’option surisolation, les objectifs sont les mêmes : requalification esthétique et performance thermique.

La surisolation permet, sans dépose de l’ancien système, de renforcer l’isolation, pérennisant ainsi l’investissement initial du maître d’ouvrage (ancienne isolation). Photo : Tollens

La surisolation permet, sans dépose de l’ancien système, de renforcer l’isolation, pérennisant ainsi l’investissement initial du maître d’ouvrage (ancienne isolation). Photo : Tollens

Un isolant – en général du poly­styrène expansé (PSE) sur cinq à six centimètres d’épaisseur – et un revêtement épais ou semi-épais (RPE, RSE). Voilà à quoi se résumaient les premières isolations thermiques par l’extérieur. Mises en œuvre dès la fin des années 70, après le premier choc pétrolier, elles concernaient majoritairement les logements sociaux, très énergivores. Ces procédés offrent une bonne tenue dans le temps – dix à vingt ans – et un bon comportement, à condition qu’ils aient été posés correctement. D’où une rénovation de ces systèmes engagée dès la fin des années 90.

Rénovation : trois étapes obligatoires
Ces travaux sont, bien entendu, encadrés par les règles professionnelles Etics (External Thermal Insulation Composite System), qui ont subi une refonte en 2004, visant à fixer les différentes phases d’une rénovation des systèmes d’ITE. Soit trois étapes incontournables : diagnostic du support, identification du type d’intervention requis (entretien ou révocation), mise en œuvre de la solution adaptée.

À titre d’exemple, les travaux d’entretien, qui redonneront au parement de l’ITE son aspect d’origine, seront clairement identifiés, et ce avant le nettoyage et la décontamination en bonne et due forme. Tout aussi clairement formalisée, l’utilisation des revêtements de type semi-épais ou épais (> 400 μ) qui, outre leur dimension décorative, s’avèrent pertinents pour corriger certains défauts de l’ITE existante et lui restituer ses qualités d’origine.
Sans oublier les travaux plus lourds : carottage, reconstruction, refixation ou bien pelage du sandwich (sous-enduit tramé et sa finition), puis reconstitution sur l’isolant existant. Selon les pathologies identifiées, on dispose donc de toute une batterie d’interventions qui redonneront à la façade sa jeunesse.

Surisolation, la quatrième voie

L’épaisseur totale (système existant + nouveau système) ne doit pas dépasser 300 mm. Photo : Manuel Panagenet

L’épaisseur totale (système existant + nouveau système) ne doit pas dépasser 300 mm. Photo : Manuel Panagenet

À ce dispositif d’intervention s’ajoute une quatrième voie, intimement liée à la performance thermique des bâtiments, une donnée aujourd’hui incontournable. En guise de rénovation de l’ITE, on procède au renforcement de l’isolation du bâtiment via la mise en œuvre d’une surisolation, puis d’une finition sur le système existant. Une démarche qui relève du bon sens : autant profiter d’une rénovation pour renforcer l’isolation du bâtiment. C’est une option que d’aucuns pensent devoir proposer systématiquement. Cette nouvelle isolation, qui combine l’ancienne et la nouvelle ITE, donne la possibilité d’atteindre, sans problème, des performances compatibles BBC – si c’est le souhait bien sûr du maître d’ouvrage. Formalisé par les règles Etics, ce type de rénovation d’une ITE – la plus poussée – ne doit pas excéder une épaisseur totale de 300 mm. Pour donner un exemple qui prend valeur d’argument, les résistances thermiques obtenues avec une surisolation constituée d’un polystyrène graphite sont supérieures à 9 m2.K/W.

Pose calée-chevillée

Le chevillage des plaques est réalisé à travers l’ancien système. Les nouvelles chevilles viennent s’ancrer dans le support, resolidarisant l’ancienne ITE par la même occasion. Photo : Sto

Le chevillage des plaques est réalisé à travers l’ancien système. Les nouvelles chevilles viennent s’ancrer dans le support, resolidarisant l’ancienne ITE par la même occasion. Photo : Sto

Et les produits qui s’adressent plus particulièrement à la surisolation s’apparentent à ceux dédiés au neuf, associant un système d’isolation et une finition RPE, enduit monocouche ou autre. La principale différence réside dans l’obligation d’effectuer une reconnaissance détaillée de l’existant – il s’agit de déterminer avec exactitude la compatibilité du support et de l’ITE en place avec une surisolation. Si pour les chantiers inférieurs à 250 m2 l’entreprise peut mener elle-même cette reconnaissance, éventuellement épaulée par un fabricant, seul un organisme agréé indépendant est habilité, en revanche, à le faire pour tout chantier supérieur à 250 m2.

Sur le plan technique, la mise en œuvre d’une surisolation en rénovation n’est pas fondamentalement différente de celle d’un système neuf. Cela dit, quelques points sont à prendre en compte, notamment en termes d’accroche : pour obtenir une accroche en bonne et due forme, le nouveau complexe isolant doit être fixé mécaniquement au support maçonné. Traduction : les chevilles de fixation doivent traverser les deux isolants, le nouveau et l’ancien. Autre différence à observer : l’obligation – les textes de référence l’exigent – de réaliser un collage en plein des nouveaux panneaux isolants sur l’ancien système. Avec ce mode de pose dit « calé-fixé » ou « calé-chevillé », on s’assure du calage des panneaux isolants, voire du rattrapage des niveaux, la fixation mécanique permettant de s’affranchir des phénomènes liés à la dilatation et des contraintes liées au bâti ancien.

En outre, la conservation en place de l’ancien système réduit, de fait, les déchets de chantier, ainsi que les nuisances, sonores ou autres.
Stéphane Miget

 

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