Des arbres renversés, des années de travail réduites à néant en quelques heures pour la deuxième fois en dix ans, les forêts du Sud-Ouest ont subi la tempête. Le bilan de « Klaus » est un drame, non seulement écologique mais aussi économique, dont les retentissements se feront sentir sur l’’ensemble de la filière bois. Conserver, valoriser et reconstituer, tel est le sens des mesures déjà annoncées par l’’État.  Les premières estimations font état de 60 à 80 % des dégâts dans les forêts concernées de ces trois régions. En tout, cela représente 250 000 à 300 000 hectares de pins maritimes détruits en Aquitaine et en Midi-Pyrénées (5 à 7 années de récolte), 10 000 ha de peupleraies décimées dans les deux régions (3 à 4 années de récolte) et un million de mètres cubes de résineux dans le sud du Massif Central, le Tarn et l’’Hérault. Des forestiers non assurés. Il faut savoir que la forêt est un patrimoine dit assurable. Les dégâts causés par les tempêtes en forêt ne relèvent donc pas des catastrophes naturelles, et le risque est tel que le coût de l’assurance est trop important pour la plupart des propriétaires forestiers. Après 1999, beaucoup avaient dû réinvestir dans leurs forêts. Ce second drame pourrait leur faire baisser les bras. Lors de questions/réponses à l’assemblée générale, Michel Barnier, ministre de l’’Agriculture et de la Pêche, a annoncé avoir saisi la Commission européenne afin de mobiliser le fonds européen de solidarité. « Les personnes touchées ont droit à la solidarité nationale, ils ont droit aussi à la solidarité européenne. » Mesures en trois temps. L’État a, dès le 26 janvier, débloqué dans l’urgence 5 millions d’euros pour financer les associations et les entreprises de travaux forestiers venant en renfort des services publics. Reste une question : que faire de tout ce bois ? « Je suis en train de regarder vers quels pays nous pouvons exporter », a déclaré Michel Barnier. « Je pense, avec Jean-Louis Borloo, que nous pouvons travailler à des mesures de valorisation de ce bois, bien sûr pour l’’énergie, mais aussi pour la construction. » À l’occasion d’une réunion, le 5 février dernier, entre le Premier ministre et des élus locaux des départements les plus touchés par la tempête, François Fillon a confirmé la mise en place d’un plan d’action en trois temps :  1. Récupération et conservation des bois abattus. L’État doit recenser les sites disponibles (terrains militaires) pour stocker les millions de mètres cubes de bois.  2. Valorisation de ces bois. Dans les prochaines semaines, l’État sélectionnera, en lien avec la Commission européenne, des intermédiaires qui achèteront le bois tombé aux exploitants à un prix défini, pour le stocker et le revendre dans de bonnes conditions sur le marché. 3. Reconstitution du patrimoine forestier. L’’ensemble des aides publiques nécessaires à ce plan devrait représenter, comme pour la tempête de 1999, plusieurs centaines de millions d’euros sur plusieurs années.