Bruno Cavagné, Président de la Fédération Nationale des Travaux Publics, a présenté un exercice de prospective sur 5 ans, pour éclairer les entreprises du BTP soucieuses de visibilité, et pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle. Deux scénarios s’opposent.
Un scénario noir part de l’hypothèse d’une baisse des dépenses publiques de 100 MD€ sur le prochain quinquennat. Les conséquences sur l’économie française d’un nouveau repli de l’investissement public en infrastructures seraient dramatiques : poursuite de la détérioration de la qualité de nos infrastructures, incapacité à mener dans les délais les grands projets, du plan fibre au Grand Paris en passant par Seine Nord ou Lyon-Turin… La conséquence sur les entreprises de Travaux Publics serait également dramatique : une récession continue qui aboutirait à faire descendre de 13% le chiffre d’affaires de la profession à moins de 33 milliards d’euros et à supprimer 35 000 emplois.
L’alternative serait un scénario permettant de réinvestir la France. Il implique que l’Etat se dote des moyens pour réaliser les projets qu’il a annoncé, avec un budget de l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport) en hausse progressive pour atteindre 2,8 Md€ en 2021 et des grands opérateurs dont l’investissement monte en puissance et accélère en fin de période (Grand Paris, grands projets européens, investissements des concessionnaires autoroutiers). Il sous-entend également que l’investissement des Collectivités locales soit favorisé de façon à ce que l’on puisse connaître un cycle électoral comparable aux précédents. Ce scénario est d’une ambition toute relative puisqu’il ne permet qu’un rattrapage partiel du retard pris depuis 10 ans et le lancement de projets nécessaires à la compétitivité, la cohésion et la transition écologique. Il permet d’atteindre en fin de quinquennat le niveau d’investissement nécessaire pour les infrastructures tels que définis dans les rapports MEDEF «Les infrastructures de réseaux au service de la croissance » et FNTP « Croissance verte : investir dans les infrastructures pour réussir la transition écologique » : un niveau d’investissement supérieur de 8 à 10 MD€ à ce qu’il est actuellement. Ce scénario aboutirait à une croissance moyenne annuelle du secteur de 4% l’an sur la période. Il générerait 35 000 emplois supplémentaires dans les entreprises de Travaux Publics et 96 000 emplois dans l’ensemble de l’économie (source OFCE – novembre 2016).