Sébastien Lecornu a balayé les rumeurs concernant un potentiel moratoire sur le solaire et l’éolien terrestre dans le cadre de la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3).
C’est une perspective qui n’avait pas manqué de provoquer l’émoi au sein de la profession. Le média Contexte révélait jeudi dernier que le nouveau Premier ministre était sur le point de publier le décret de la PPE3 et qu’il prévoyait un éventuel moratoire sur le solaire et l’éolien terrestre. L’enjeu : éviter une censure du Rassemblement national.
Toujours selon Contexte, ce scénario se traduisait par une réévaluation des soutiens publics et, dans l’attente de celle-ci, par un moratoire. Pour mémoire, cette mesure avait été rejetée par l’Assemblée nationale cet été par 377 députés.
L’information a été vivement démentie vendredi par Sébastien Lecornu, dans une interview accordée au Parisien : « Cette information est complètement fausse et mensongère : il n’est pas question de revenir sur nos ambitions énergétiques, car la décarbonation est une priorité pour notre souveraineté. Il faut sortir de certaines dépendances. » Avant d’ajouter : « En revanche, comme pour tout euro d’argent public dépensé, aucune rente ne sera tolérée. »
« Déni énergétique »
Suite à ces déclarations, Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables, a appelé à rester vigilant : « Cette idée ne sort pas de nulle part. Ceux qui l’ont poussée ne vont pas abandonner leur volonté de contraindre le développement de l’offre d’électricité, avec comme conséquence inévitable un renchérissement des factures, un ralentissement de l’électrification et une mise en péril de la décarbonation », a-t-il déclaré sur LinkedIn.
Dans un précédent communiqué, le Syndicat des énergies renouvelables avait qualifié l’éventualité d’un tel moratoire de « déni démocratique » doublé d’un « déni énergétique ».
Jules Nyssen avait rappelé que : « Le moratoire imposé par François Fillon en 2010 sur le solaire avait détruit plus de 20 000 emplois. Celui-ci pourrait en détruire bien plus. »
80 000 emplois fragilisés
France Renouvelables, association qui représente les EnR en France, avait de son côté publié une lettre ouverte, dans laquelle elle mettait en garde contre ce qu’elle considère comme une menace pour 80 000 emplois directs et indirects.
« Un moratoire, même temporaire, fragiliserait la confiance des investisseurs, remettrait en cause la visibilité indispensable aux entreprises et mettrait en péril des projets structurants pour la réindustrialisation du pays. » Ce moratoire « prolongerait une dépendance coûteuse aux énergies fossiles, qui pèse chaque année 64 milliards d’euros sur notre balance commerciale », avait poursuivi l’association.



